« Le moment de briller », clame le slogan de ce Mondial féminin. Le mot d’ordre s’applique à l’attaquante des Bleues Eugénie Le Sommer et à la défenseure Wendie Renard, qui doivent franchir un palier face aux États-Unis vendredi en quart de finale, après un début de tournoi très mitigé.
Pour Le Sommer c’est simple, en 8e de finale contre le Brésil (2-1 après prolongation), on ne l’a pratiquement pas vue, hormis sur une tête trop décroisée, à côté du cadre. Insuffisant pour une joueuse-vedette qui dispute à 30 ans sa troisième Coupe du monde et compte 163 sélections en équipe de France.
La sélectionneuse Corinne Diacre l’a d’ailleurs reconnu jeudi, en invoquant la longue et éprouvante saison des joueuses de l’Olympique lyonnais : « Eugénie n’est pas à 100% de ce qu’elle est capable de faire. Maintenant, on connait parfaitement ses qualités. Elle a fait beaucoup de choses pour bien récupérer, c’est un élément moteur du groupe. Même à 80%, elle reste essentielle ».
Le Sommer n’a plus marqué depuis l’ouverture du score contre la Corée du Sud (4-0) et le penalty inscrit contre la Norvège (2-1). Elle cale à 76 buts alors qu’elle rêve d’égaler ou de dépasser le record de Marinette Pichon, meilleure buteuse de l’histoire des Bleues avec 81 réalisations. A ce rythme, le record semble difficilement accessible durant la Coupe du monde. Paye-t-elle son positionnement à gauche ? Peut-être, mais elle est habituée à cette place en Bleue et doit se montrer plus complémentaire avec sa coéquipière de l’OL, Amel Majri.
« C’est difficile, parce que j’ai tout gagné en club et à l’inverse en équipe de France rien du tout… », reconnaissait la buteuse en avril. Son palmarès est éloquent avec Lyon : neuf championnats de France et six Ligues des champions. Mais depuis le début de la Coupe du monde, c’est Kadidiatou Diani qui lui a volé la vedette en attaque, grâce à de belles performances côté droit.
Même constat pour Wendie Renard qui a démarré sa carrière très tôt et a tout remporté avec Lyon mais rien avec la sélection, et qui connaît un début de tournoi difficile, plus encore que Le Sommer. Elle avait pourtant démarré fort avec son doublé contre la Corée du Sud.
Mais depuis, la longiligne défenseure, 28 ans et 113 sélections, a commis deux bourdes, heureusement sans conséquence : l’invraisemblable but contre son camp face à la Norvège et un ballon repoussé de manière hasardeuse vers la Brésilienne Thaisa, auteure de l’égalisation en 8e de finale.
Éclipsées par les étoiles montantes
Ses relations sont en outre réputées fraîches avec Corinne Diacre, depuis mars 2018, quand la sélectionneuse lui a retiré le brassard de capitaine pour le confier à Amandine Henry. La joueuse a eu du mal à l’accepter. « Je ne parle plus de ça », a-t-elle rétorqué sur le sujet, juste avant la Coupe du monde.
« La question du capitanat a été balayée il y a fort longtemps », a rappelé Diacre jeudi. Depuis, « on a beaucoup échangé, on n’a pas toujours été d’accord sur tout, mais ça fait partie de la vie d’un groupe aussi ». « Wendie, c’est quelqu’un de très compétiteur, je peux vous dire qu’elle ne va pas s’arrêter là. C’est quelqu’un d’important pour le groupe. Elle a des capacités athlétiques qui nous servent beaucoup, elle commande notre défense, avec l’expérience qu’elle a. Elle nous apporte énormément », a ajouté la technicienne.
Diacre avait déjà salué le « courage » de sa joueuse après son penalty inscrit en deux temps contre le Nigeria (1-0) : un premier raté mais donné à retirer après l’intervention de l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR), puis un second au fond des filets.
Du courage, il en faudra contre les Américaines, ainsi qu’une Renard à son meilleur niveau. Car pendant que Le Sommer se faisait éclipser par Diani, la défenseure martiniquaise a laissé Griedge Mbock, très convaincante, prendre la lumière. Contre le Brésil, en pleine prolongation, Mbock a sauvé l’équipe de France en repoussant sur sa ligne un ballon qui filait vers le but. A Renard d’en faire autant.
LQ/AFP