Auteur d’une reprise en main spectaculaire la saison passée dans les mêmes conditions, Pascal Carzaniga nous livre son analyse sur la situation du Swift, seulement 7e du championnat et qui vient de nommer Aniello Parisi comme entraîneur.
Un an après, le Swift en est exactement au même point : 11 points pris sur 21 possibles et un changement de coach. C’est même un poil pire : en 2020, le Swift était 6e. Il est aujourd’hui 7e, ce qui fait un intercalé de plus entre lui et le sommet. Comment inverser la tendance ? Comment relancer la machine ? Pourquoi le club en est-il encore là malgré ses ambitions ? Pascal Carzaniga, qui a frôlé le miracle la saison passée, nous explique la recette si le Swift veut y croire.
Avez-vous vu le Swift cette saison ?
Quelques matches en streaming, mais je les ai vus récemment contre Differdange (NDLR : 5e journée, 0-0) et Sofian Benzouien, leur directeur sportif, m’avait dit que ce n’était pas un trop mauvais match. Je n’en ai conclu que depuis mon départ, ils n’avaient pas vraiment progressé.
Ils auraient dû vous garder ?
Ah mais la saison passée, en signant, je savais d’avance que le 30 juin, ce serait fini. Sauf en cas de titre éventuellement, et encore. Mais en plus, je me suis pété le genou deux jours avant une conversation avec Flavio Becca sur mon avenir et là, je savais que je devrais passer sur le billard avec une longue convalescence qui ferait que je n’aurais pas pu assumer les entraînements pour préparer l’Europe. Ce n’était pas comme quand on ne m’avait pas gardé au F91, à une époque où, là, je voulais rester. Au printemps dernier, Flavio Becca n’était pas le seul, cette fois, à décider de ma reconduction.
Un an plus tard, l’histoire se répète. Quelle est votre analyse ?
Déjà, le matériel est là et je suis persuadé qu’ils peuvent le refaire. Mais l’erreur majeure qu’a commise Vincent Hognon, c’est de se séparer de Joubert (NDLR : reparti au F91, où il est actuellement blessé). Il s’est tiré une balle dans le pied parce que Joubert est un leader écouté et, toujours, le meilleur gardien du pays. La saison passée, quand je suis arrivé, il n’y avait pas que des problèmes sportifs, mais aussi financiers et Hognon a, lui, eu la chance de ne pas avoir à gérer tout ce que Jeff Strasser a dû gérer : l’extrasportif. Quand je suis arrivé, j’ai téléphoné à Joubert et il m’a dit « coach, je te préviens, on ne s’entraînera pas ce soir ». Moralement, les joueurs ne voulaient pas. Je lui ai répondu qu’il ne pouvait pas me faire ça et il m’a assuré du soutien du vestiaire. Sans Joubert, je n’y serais pas arrivé. Donc je dis que c’est leur erreur primordiale. Ce gars a du charisme, il n’a pas besoin de faire le malin, c’est un vrai capitaine, les gars le suivent.
Un coach italien ? Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne solution
Tom Schnell peut faire le boulot aussi, non ?
Schnell, c’est plus un guerrier. Quand tu es son coach, tu sais surtout que c’est un gars honnête et que tu peux partir à la guerre avec lui. Mais Joubert, lui, il n’a aucune concurrence dans les buts. Un Schnell, il a Menaï, Malget, Prempeh… dont il doit se prémunir pour sa place et quand il prend la parole, ça peut forcément être interprété. Schnell, c’est un capitaine, oui, mais tactique, sur le terrain. Le vrai capitaine, c’était Joubert. Aujourd’hui, il manque dans le vestiaire et le nouveau coach va devoir trouver un gars pour servir de relais. Si moi je revenais aujourd’hui, je sais qui je prendrais. Mais je ne vous le dirai pas.
Quel est le plus gros challenge, aujourd’hui, pour ce Swift ?
Ne pas se tromper de coach (NDLR : l’interview a été réalisée juste avant l’annonce du nom d’Aniello Parisi, associé à Bertrand Crasson). Car clairement, psychologiquement, quelque chose n’a pas marché en ce début de saison. Il faut que le nouveau connaisse bien la maison et la BGL Ligue. Vous me parlez d’un coach italien (NDLR : la rumeur indiquait effectivement que le Swift avait cette option en magasin), je ne suis pas persuadé que cela soit la bonne solution. On a bien vu ces derniers temps qu’avec des coaches comme Crasson (NDLR : il ne savait pas non plus, à ce moment, que le Belge revenait dans le jeu) ou Hognon, des gars qui ont été de grands joueurs, qui ont du vécu mais qui prennent un peu les joueurs de DN pour des jambons, que c’était difficile. Moi, ma chance, c’est que j’ai eu la chance de transpirer au F91 et que mes gouttes m’ont servi pour faire la bascule au Swift (sic). Mais en voyant, avec cette équipe, qu’Hognon n’était pas passé en Coupe d’Europe, je m’étais dit que ça n’allait pas durer bien longtemps.
Auriez-vous répondu favorablement si on vous avait demandé de revenir faire la même chose qu’en 2020 ?
Cela dépend de qui m’aurait demandé. Si ça avait été Sofian Benzouien, je n’aurais eu aucun souci. Il a été mon joueur, il était toujours à fond. L’année dernière, je n’étais pas le choix n°1 du club mais j’étais le sien et ça s’est bien passé. On a la même vision du foot, du jeu et ces derniers temps, il était déçu, au niveau offensif, de ce que l’équipe produisait. Parce que le Swift ne survole pas ses matches.
Entretien avec Julien Mollereau