L’increvable milieu de terrain du Fola semble avoir un coup de mou en cette fin d’année. Et forcément, cela joue sur les performances de son club qui dépendaient l’air de rien beaucoup de son activité la saison passée.
On en a surpris, ces dernières semaines, des supporters du Fola Esch qui secouent la tête avec un air triste, depuis les tribunes du Galgenberg. «Depuis qu’il a eu le covid, on a l’impression que ce n’est plus le même», murmurait l’un, il y a trois semaines. Bien avant que Sébastien Grandjean ne se résolve à faire ce que l’on ne le pensait pas capable de faire un jour : sortir Diogo Pimentel à la mi-temps de la rencontre face à Hostert, le week-end dernier. «Il a le droit et je sentais qu’il allait le faire, concède le néo-international. Je n’étais pas bon. Mais je ne peux pas dire que j’ai fait un seul grand match cette saison. Pas comme la saison dernière en tout cas.»
Pimentel a peut-être perdu certaines qualités qui faisaient son charme dévastateur lors de l’exercice 2020/2021, mais il a conservé celles qui le rendent le plus attachant : la lucidité et l’honnêteté intellectuelle. Il n’est pas bon, il le dit. Et la seule chose qui lui arrache aujourd’hui un sourire, c’est de remettre les choses en perspective : «En même temps, je ne m’attendais pas à être aussi bon la saison passée, pour ma première année au Fola ! Jamais de la vie !»
C’est pourtant ces dix mois extraordinaires qui, aujourd’hui, font passer ses performances pour quelconques. Cela se mesure : en mai dernier, il avait complété, à la troisième place un podium strictement eschois des meilleurs joueurs de la saison avec une moyenne de 6,08. Devant lui, il n’y avait que Hadji, meilleur buteur sur une saison depuis 1957 et Dejvid Sinani, auteur de 16 buts et 13 passes. Désormais, avec une moyenne de 5,1, il pointe à la 98e place de ce même classement et neuf de ses coéquipiers affichent un meilleur ratio.
Mais par contre, ce n’est pas à cause du covid
«Mais par contre, ce n’est pas à cause du covid», annonce-t-il. L’ancien Ettelbruckois sait pourquoi ça ne va pas : il a commencé à travailler. En sortant de l’école, à l’été 2020, il avait décidé de se laisser une année pour ne penser qu’au football, pondre une saison démente et essayer de passer pro. On se demande encore comment il a pu ne pas y arriver tant il a été éblouissant. «La vérité, c’est que je n’ai eu aucune offre. Je m’étais peut-être mis trop de choses dans la tête. Et à 24 ans…» Eh bien à 24 ans, on accepte un poste de comptable parce que le football ne suffit pas à faire vivre son homme. Désormais, Diogo Pimentel sort de chez lui à 7 h et y rentre à 22 h 30. Surtout, il n’arrive plus une heure et demie avant chaque séance pour aller à la salle de fitness : «C’est ça, la différence. Je n’ai plus le temps de prendre soin de moi. Il faut attendre, maintenant, que je trouve mon organisation. Et d’ici là, garder la tête haute.»
L’admettre, c’est déjà faire preuve de grandeur, mais le champion en titre, lui, ne peut pas forcément se permettre d’attendre. Il a des objectifs européens à remplir et sa paire de récupérateurs, l’un des moteurs de la dernière saison, toussote alors que tout le reste est en reconstruction. Pimentel en a conscience, il s’en excuserait presque. «Bruno (NDLR : Freire) aussi, ne fait pour l’instant pas la même saison que l’an dernier. On a cette malchance alors que le club, avec tous ces départs (NDLR : Sinani, Hadji, Sacras, Drif…), attendait beaucoup plus de nous. Or on n’y est pas…». Or le RFCU, adversaire à venir pour un choc entre Européens potentiels, lui, y est et bien.
Julien Mollereau