Expulsé à Rosport, dimanche, pour un geste d’énervement sur Gabriel Gaspar, le défenseur du RFCU va s’excuser auprès de ses coéquipiers : sans ce rouge, le Racing serait peut-être leader aujourd’hui.
«J’apprécie votre démarche.» Abdelhakim Omrani a la voix soulagée : le défenseur central du RFCU, expulsé la veille à Rosport pour un vilain geste d’énervement, avait l’impression d’être le seul à avoir regardé le livestream diffusé par la caméra de RTL et à s’inquiéter de la raison qui lui a fait péter un câble, ce dimanche.
Un peu après la 20e minute, on voit sur la vidéo l’ancien joueur de Lens, Nîmes, Le Mans, Niort et Sedan attraper le visage de Gaby Gaspar, nez à nez avec lui, et le pousser. Le capitaine du Victoria fait alors ce que nombre de footballeurs font alors dans ce cas-là : rester au sol. Le rouge était de toute façon indiscutable bien avant qu’il n’en rajoute. Ce que l’arbitre de touche de M. Torres n’a pas vu, c’est ce coup asséné par Gaspar juste avant, dans la nuque de son adversaire. Car le jeu est alors ailleurs et que l’altercation n’a encore attiré les regards de personne.
«Je prends un coup derrière la tête»
C’est cette capture d’écran qu’Omrani a envoyée à son directeur sportif, Iliès Haddadji, venu s’enquérir du pourquoi de cette réaction qui a potentiellement fait basculer un match perdu 3-1. «J’essaye d’aller au ballon pour gêner un joueur adverse et Gaspar, je ne le vois même pas. Je crois que je le bouscule, mais involontairement. Pour moi, ce contact n’a même pas existé. Et là, je commence à entendre des insultes dans mon dos. Je reste concentré sur le match et je prends un coup derrière la tête. Bien entendu, personne ne le voit, ce coup! Et il continue de m’insulter en plus, derrière. Je voulais que mes dirigeants voient ça, parce que même si je suis tombé dans son piège, je reste un homme. J’avais la rage. Surtout que leurs joueurs ont en plus applaudi quand je suis sorti. Je trouve ça nul.»
C’est timide, mais c’est un mea-culpa. Il y en a eu un autre, hier soir, à l’entraînement, devant ses coéquipiers. «Je ne veux pas qu’ils me disent que je me fous d’eux. Je dois m’excuser. On pourrait peut-être être premiers au classement sans cette expulsion. J’espère vraiment que je ne vais pas avoir plus de deux matches de suspension, parce que je sais que dans ce club, on me fait confiance et on compte sur moi. J’ai peur que toute la faute me retombe dessus, à moi seul, alors que leur capitaine a agi comme un provocateur. Mais c’est une bonne leçon, je dois apprendre à gérer mes émotions.»
La vidéo, toujours pas utilisée?
Omrani n’est pas ce qu’on appelle un mauvais gars. C’est même, sur le terrain, un défenseur plutôt gentil : 11 cartons jaunes en 37 matches de BGL Ligue et sur deux saisons et demie, dont deux s’étaient transformés la saison passée en jaune-rouge. Les dix saisons précédentes, celles d’avant la DN, dans le monde professionnel? Une expulsion en 135 rencontres. Dont aucune pour un rouge direct. Il s’agissait donc, au Camping, d’une première pour le Franco-Algérien. À 30 ans, il n’est jamais trop tard, mais il s’en serait bien passé : «J’éprouve de la culpabilité. Beaucoup de culpabilité, même.» Il y a mieux, comme sentiment, pour lancer une semaine.
Il y a peut-être un moment où le tribunal fédéral de la fédération ne pourra plus faire abstraction du fait que sur 95 % des terrains de BGL Ligue, il y a les caméras installées par RTL. Et qu’il lui faudra étudier l’intégralité d’une action afin de prendre la mesure totale des responsabilités. Mais cela, c’est un autre sujet : dimanche, contre le Fola, Jeff Saibene devra faire sans son patron défensif.
Julien Mollereau