Le F91 reprend les entraînements ce matin, avec l’obligation de séparer ceux qui joueront des autres. C’est cette équipe B que devrait réintégrer Noé Ewert, de retour de quatre mois d’Erasmus.
Noé Ewert, 22 ans, bientôt 23, victime collatérale – et qui l’avoue avec une sincérité désarmante – d’un choix de staff effectué par les dirigeants du F91 dans la toute dernière ligne droite de l’avant-saison, est enfin de retour. Inutilisé depuis le 4 août et un bout de match de 18 minutes contre Mühlenbach, cet ancien international espoirs et pilier de l’UN Käerjeng risque bien de revenir de quatre mois à l’université de Montpellier pour reprendre la désagréable routine du joueur qui s’entraîne toute la semaine mais ne joue pas le week-end. Comme de nombreux joueurs de l’effectif dudelangeois.
Il le sait, l’a anticipé, mais veut croire que même s’il ne parvient pas à convaincre Bertrand Crasson de l’intégrer à sa rotation, ce régime de pain sec et d’eau lui sera plus profitable que de compter parmi les joueurs incontournables d’une belle équipe de Promotion d’honneur. Et ça, il l’assume. Mais comment vit-on quand on sait d’avance qu’on n’a presque aucune chance et qu’on va passer trois mois de plus à transpirer quasiment en pure perte ?
À quoi ont ressemblé, pour vous, ces quatre mois sans football dans le sud de la France ?
Noé Ewert : C’était la première fois que ça m’arrivait. La première fois que je ne m’entraînais pas tous les jours. Mais j’ai quand même évolué deux fois avec l’équipe de l’université, où le coach m’a placé au milieu de terrain, comme parfois avec Käerjeng ou la sélection espoirs. À côté, je faisais des footings, du gainage et quand je suis rentré, avant les fêtes, j’ai refait quelques sports avec mon frère (NDLR : Tim Ewert, milieu de terrain à l’UNK) pour essayer de revenir en forme. Du squash par exemple…
Bertrand Crasson a déjà annoncé qu’il allait devoir fonctionner avec deux groupes. Quand on n’était déjà pas dans le premier groupe en partant, on se dit quoi quand on revient ?
Que je dois assumer. Quand je suis parti, oui, j’étais un peu dans le deuxième groupe. Ma chance, c’est que je suis luxembourgeois. C’est pour ça, je le sais, que j’ai été cinq fois dans la liste pour les matches de championnat. Je sais que là ça va être très dur. Il va déjà falloir que j’arrive à revenir à l’ordinaire…
Psychologiquement, ce n’est pas dévastateur? Quelle expérience gardez-vous des semaines passées avec les « coiffeurs », avant de partir pour Montpellier ?
Ah ça, c’est sûr, c’était bien différent à Käerjeng. Il n’y a jamais eu deux groupes là-bas. C’est difficile à décrire comme sentiment, surtout que je ne m’attendais pas à ça. J’avais le moral dans les chaussettes. En fait, ON avait le moral dans les chaussettes. On regardait les copains partir pour les matches de Coupe d’Europe. Moi, quand j’ai signé à Dudelange, Henri Bossi m’avait décrit un autre concept.
Je pensais que ce serait (Bossi)
le coach et puis…
Vous, vous aviez signé à l’initiative d’Henri Bossi.
Je pensais que ce serait lui le coach et il le pensait aussi jusqu’à une semaine de la reprise. Et puis voilà qu’on annonce l’arrivée d’Emilio Ferrera. Alors moi, j’étais un joueur d’Henri Bossi et il a fallu que Ferrera m’accepte.
Il paraît qu’il était dur avec beaucoup de joueurs ?
Oui, c’était un autre monde avec lui. Il était plus sec, mais c’était un très bon coach qui m’a quand même beaucoup appris, notamment tactiquement, avec son 4-2-2-2. J’ai été à bonne école.
Comment annonçait-il ses listes ?
À la sortie du vestiaire, il y avait deux listes. Une colonne « match », une colonne « entraînement ».
Avez-vous de gros regrets? Était-ce le bon choix ?
Des regrets ? Non, non. Je ne dis pas du tout ça. Les études étaient prioritaires et le football venait après, mais je voulais passer un autre niveau, je n’avais plus trop envie de repartir pour la même chose avec Käerjeng (NDLR : après six années de présence en équipe 1) et là, le niveau est nettement supérieur.
Vous faites partie de cette catégorie de joueurs qui postulent qu’il vaut mieux s’entraîner un an avec le F91 que d’être titulaire un an avec un autre club ?
Ah oui, il vaut mieux s’entraîner ici que de jouer ailleurs! On ne perd jamais de temps quand on évolue dans un bon groupe. Bien que tous les gens me disent le contraire quand je retourne à Käerjeng.
On vous le dit beaucoup ?
Bien sûr. Je les entends bien et souvent, les petits vieux qui disent que j’aurais dû rester à Käerjeng. « Qu’est-ce qu’il est allé faire là-bas ? », ils demandent.
Vous répondez quoi ?
Je rigole et je dis que c’est mon choix.
Vous n’avez pas encore travaillé avec Bertrand Crasson.
C’est mon espoir ! On recommence de zéro. Il ne m’a pas encore vu, je ne l’ai pas encore vu. S’il veut de moi dans son dispositif, je donnerai tout. Les coéquipiers m’ont dit que c’était quelqu’un de très humain, de très honnête. On pourra bien parler. Je vais revenir.
Et si vous ne revenez pas ?
On verra. Pour le moment, je suis heureux de reprendre.
Entretien avec Julien Mollereau