Differdange et Paolo Amodio se sont séparés d’un commun accord, lundi matin. Voilà la première victime de cette course à l’Europe hyper-importante financièrement pour tous les clubs.
Differdange et Paolo Amodio ont rompu leur contrat lundi matin, au lendemain d’un match qui a mal tourné contre Mondorf (1-2). En 2021, le FCD03 n’avait réussi à prendre que 7 points sur 24 possibles avec une victoire en huit rencontres au compteur. Cela sentait la nécessité d’un électrochoc et le comité autant que le technicien sont tombés d’accord sur le diagnostic. Fabrizio Bei a entériné la séparation avec désolation.
Vous n’avez pas souvent changé d’entraîneur en 20 ans à la tête du FC Differdange 03.
C’est la troisième fois seulement. Mais Paolo, c’est encore plus particulier. On se connaît depuis petit, on habitait à deux pâtés de maison l’un de l’autre. C’est une autre relation, forcément. Dimanche soir, on en a discuté et on a bien vu qu’il fallait que le président fasse quelque chose. J’y ai pensé durant la nuit. Après, on connaît l’histoire, c’est toujours la même. Après concertation avec l’équipe, dimanche soir, on en est venu à la conclusion qu’il fallait faire bouger les choses parce que rien n’est perdu. Il reste douze matches alors on espère avoir fait le bon choix. Paolo, c’est quand même celui qui nous avait ramené l’euphorie (NDLR : en mars 2019). Il m’a d’ailleurs dit que c’est aussi ce qu’il souhaitait voir revenir avec son départ et qu’on se retrouve européens cet été. Lui aussi était arrivé à cette conclusion qu’il fallait arrêter. L’équipe lui a renvoyé ce sentiment. Il fallait y remettre de la “gnac”. Et c’est toujours le coach qui paye. Parce que je ne m’imaginais pas me demander, en fin de saison, avoir raté quelque chose et me demander si j’aurais pu l’éviter.
Rien qu’hier, un sponsor de longue date m’a appelé pour me dire “désolé ‚Fabri’, mais je dois mettre la clef sous la porte, alors…”
La conversation avec vos joueurs, dimanche soir, vous a-t-elle donné des indications sur la raison de ce marasme de début d’année 2021 ?
Non, je n’en sais pas plus. On est mal rentrés dans tout. Dans nos premières séances, dans nos amicaux, dans le championnat… Quand je vois qu’on en était restés sur un match référence absolu contre la Jeunesse (NDLR : balayée 1-4, le 21 octobre, même s’il y avait encore eu un match, en novembre, avant l’arrêt des compétitions). On les avait littéralement massacrés. Alors oui, depuis, on a pas mal de blessés mais cela ne fait pas tout. Et maintenant, les joueurs n’ont plus d’excuses.
La qualification pour une Coupe d’Europe la saison prochaine, est-elle cruciale financièrement parlant ?
Ben… oui. Et je l’ai dit aux joueurs. Là, cela fait deux ans que c’est galère. Rien qu’hier, un sponsor de longue date m’a appelé pour me dire “désolé ‚Fabri’, mais je dois mettre la clef sous la porte, alors…”. L’Europe, il faut aller la chercher, c’est important pour le club. Financièrement bien sûr, mais aussi pour le prestige. On est le FC Differdange 03, merde! Cet hiver, on avait tout en mains alors si on n’y arrive pas, il faudra voir ce que l’on décide de faire avec le nouveau coach. Sans doute faire de plus petits pas. Parce que pour l’argent, on travaille, on étudie toutes les pistes au niveau marketing, mais c’est dur. Sportivement, au moins, j’ai donné un signal fort.
Vous n’avez pas l’impression de faire un pas en arrière en abdiquant une partie du projet que vous portiez sur les deux prochaines saisons et qui s’incarnait dans la capacité de Paolo Amodio à intégrer de jeunes joueurs ?
Effectivement, on était partis pour deux ou trois saisons initialement et j’étais, de principe, sûr de le garder au moins une saison supplémentaire. Mais déjà il y a deux semaines, Paolo m’avait fait part du fait qu’il avait de plus en plus de mal à concilier son poste avec son boulot. J’aurais bien continué à faire progresser cette équipe avec lui, mais bon…
Qui sera son successeur ?
J’ai besoin d’un coach formateur, on garde cette ligne.
Quand Differdange se retrouve dans cette situation, on se retrouve souvent avec le nom de Dan Theis en tête, au sujet duquel Flavio Becca disait encore lundi qu’il n’était “à sa connaissance plus sous contrat” avec lui.
Je ne cite pas de noms. Oui, ça peut être lui mais ça peut aussi être un autre. On ne veut pas se précipiter. On a eu l’un ou l’autre coach au téléphone, mais il y aura un coach de la maison à Etzella ce week-end. Une nomination interne. Il n’est pas exclu que nous ayons vite un accord avec une personne que j’ai eue en ligne ce matin, mais il n’est pas exclu non plus que le nouveau coach n’arrive que pour préparer la saison prochaine.
Entretien avec Julien Mollereau