BGL LIGUE Lucas Fox, qui peine à faire des différences avec le F91, où il est peu sollicité, voit le «vieux» Jonathan Joubert, qui a toujours excellé dans cet exercice, lui repasser devant.
Lucas Fox ne mérite pas ce qui lui arrive. L’international de 22 ans, immense bosseur, qui n’a eu de cesse de se mettre en danger pour ne pas rester cantonné au rôle de n° 1 qui lui semblait promis pour longtemps du côté de la Jeunesse Esch à seulement 20 ans, vit ce que beaucoup d’autres gardiens ont connu avant lui : la difficulté de devenir un portier contraint d’être décisif en ne touchant presque jamais le ballon. Soit sans doute ce qu’il y a de plus compliqué dans ce milieu très particulier.
Dimanche, au Deich, contre toute attente, c’est donc Jonathan Joubert, 43 ans, soit le double de l’âge de Fox, qui a renfilé les gants. Ce souci d’avoir à être performant alors qu’on n’avait pratiquement jamais besoin de lui dans ce Dudelange qui a tout remporté entre 2005 et 2020, période durant laquelle il a essoré tous les jeunes gardiens qui ont essayé de lui faire concurrence, l’ancien international le connaît mieux que personne.
Au point de le théoriser tout au long de son immense carrière, sans équivalent au Grand-Duché : «Être décisif quand on n’a presque jamais rien à faire, moi, j’ai grandi avec pendant ma formation au FC Metz. J’ai baigné là-dedans. Il y a une grande différence entre prendre deux buts alors qu’on se fait bombarder tout le match et que les gens vont surtout retenir de vous vos nombreuses parades, et en prendre un seul alors qu’on n’avait que deux arrêts à faire. S’habituer à ça, ça prend du temps et certains y arrivent plus vite que d’autres.»
C’est cet apprentissage douloureux que mène Fox, dans la solitude de son poste si particulier. Après ce but gag encaissé contre Pétange (0-1), qui l’a vu repousser un centre dans les jambes de Decker, qui a remis involontairement dans la course de Tekiela face au but vide, l’international a replongé à la dernière place du classement des gardiens de BGL Ligue. Lui qui squattait le podium quand il se démultipliait dans les buts de la Jeunesse, attirant notamment le regard de Luc Holtz.
Ce mauvais moment va faire grandir « Foxie »
La semaine passée, alors que Joubert sortait d’une belle semaine d’entraînement et que Fox galérait un peu plus que d’habitude, Carlos Fangueiro, qui «adore « Foxie »», a donc tranché : le technicien se lancerait dans une tournante sans durée de temps, pour «protéger» son n° 1, «un peu dérangé par certaines de ses erreurs. Il avait besoin de souffler.» Même Joubert a été surpris. Le joueur le plus capé de l’histoire de la DN, qui a fêté son 530e match au Deich, s’attendait à une hiérarchie gravée dans le marbre. Et il entendait déjà avec sa nonchalance si caractéristique les premières rumeurs sur son proche avenir lui revenir aux oreilles. Il y était fatalement question de retraite, et il acceptait. Et voilà qu’Etzella arrive et ses premières minutes depuis… le 24 avril 2022 (Strassen – F91, 3-2), sachant que les avant-dernières remontaient au 14 août 2021 (Progrès – F91, 2-2).
L’histoire particulière de ce match survolé par le F91 retiendra que la claque infligée aux Ettelbruckois doit, aussi, aux deux parades en face-à-face de «Jona», «et encore, j’aurais pu en gagner un troisième, mais ma jambe ne fait que freiner le ballon, qui rentre finalement». Bref, la performance, saluée par Fangueiro («Jona a montré sa maturité et son expérience»), pourrait avoir une suite. Et ce n’est pas pour déplaire au divin chauve : «J’avais appris à accepter la situation, mais il suffit que tu remettes les gants et tu recommences immédiatement à en vouloir plus. Je serais déçu de ne pas enchaîner, surtout qu’après le match, les gens étaient contents de me revoir sur un terrain et me l’ont dit. J’espère que ça va continuer, même s’il y a bien un jour où la situation retrouvera une forme de logique.»
Car oui, l’avenir s’appelle Lucas Fox et Fangueiro le dit avec l’évidence qui s’impose : «Ce mauvais moment va faire grandir « Foxie ». Il sait qu’il a commis récemment des erreurs qu’il ne doit pas commettre. Un joueur de champ, pour ça, doit être soumis à la concurrence. C’est la même chose pour Lucas. Mais il rejouera d’ici à la fin de la saison.»
Même si Joubert redevient le monstre de régularité qu’on connaissait jadis (même sans être beaucoup sollicité) et que le titre est en jeu?