Sanel Ibrahimovic, attaquant phare des dix dernières années, commence sa tournée d’adieu au Nosbaum, ce mercredi soir, là où il a tout gagné en quatre ans.
Que la bien-pensance lui épargne un jugement hâtif : le Covid «a été un petit coup de chance» en ce début de saison. Le virus a mis par terre cinq joueurs du F91, le match de la première journée a été reporté et ça tombait bien pour Sanel Ibrahimovic, puisqu’il venait de rentrer de vacances et qu’il avait la certitude qu’il ne pourrait pas jouer un tout dernier match au stade Jos-Nosbaum, une pelouse sur laquelle il a disputé 92 matches de championnat et inscrit 35 buts. Autant dire un petit chez lui sur lequel il était magnifique de lancer une tournée d’adieu.
Sanel Ibrahimovic a 33 ans et c’est sa dernière saison. Il a décidé. Il aura bientôt un deuxième enfant et s’il y a «bien une chose qui ne (le) dérangera pas, c’est de rentrer à la maison après le travail au lieu d’aller à l’entraînement». Avec la retraite du Bosno-Luxembourgeois, une page de l’histoire récente du football national va se tourner : il pèse 247 matches et 141 buts. Dans quinze rencontres, il intégrera le top 100 des joueurs les plus capés de l’histoire de la DN. Dans cinq buts, il sera dans le top 10 des plus grands buteurs du championnat national. «Ah ben, alors moi qui ne me suis jamais fixé d’objectifs, je vais me fixer celui-là cette saison ! Et après, je peux arrêter direct !»
Il n’en fera rien. Il aime trop ça et veut en profiter une dernière fois. Il savait en revenant à Wiltz, dans le cadre d’un contrat de trois saisons, qu’il s’arrêterait derrière. Partir à 6h du matin de Bous pour le boulot, y revenir après 22h et l’entraînement, trois à quatre fois par semaine, voilà ce qui a momentanément vaincu sa passion : «J’ai besoin de deux ou trois ans avant de replonger. Pourquoi pas comme coach ?»
Si vous voulez aller voir jouer «Ibra», profitez-en, il est de passage près de chez vous jusqu’à fin mai. On peut en tout cas le présumer. Jamais gravement blessé, jamais opéré, hygiène impeccable, «toujours dans les trois ou quatre meilleurs aux tests physiques» partout où il est passé… cette machine de précision ne devrait pas rater beaucoup de sorties du FC Wiltz ces prochains mois. «Et je reverrai tout le monde une dernière fois sur le terrain avec le sourire. Vous pouvez demander à n’importe qui, je n’ai que des amis. Même des gars avec qui j’étais en concurrence comme Dave Turpel. L’amitié, en foot, c’est ça qui fait gagner des titres !» Et à Dudelange, avec quatre titres et trois Coupes, l’attaquant trois fois sacré meilleur artilleur du pays en a gagné une paire ! Un gars comme ça, ça ne se rate pas, allez voir ça !
Julien Mollereau