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[BGL Ligue] Huit ans après, la Frontière de nouveau au cœur d’un drame eschois ?


Duel aérien entre Veldin Muharemovic (CS Fola Esch ) et Andrea Deidda (Jeunesse Esch). (Photo archives Editpress)

En mai 2013, le Fola vient humilier la Jeunesse 1-5 à la Frontière et empocher son premier titre de champion en 83 ans. Deux joueurs se souviennent.

Andrea Deidda a comme un détestable air de déjà-vu. Sauf que le milieu de terrain offensif de la Jeunesse avait 19 ans la dernière fois que l’ennemi juré du Fola s’était présenté à la Frontière pour venir chercher un titre de champion et qu’alors, les supporters de la Vieille Dame n’avaient pas passé la semaine à lui envoyer, comme aujourd’hui, des messages sur son compte Facebook. «Ils écrivent tous qu’on doit tout faire pour empêcher le Fola d’être champion.» Mais le 22 mai 2013, ce jour où le club doyen est venu l’emporter 1-5 à la Grenz et remporter son premier titre depuis 83 ans, Deidda se rappelle que les gens, au stade, «étaient plus déçus que fâchés parce que cette année-là, on venait de remporter la Coupe», cinq jours plus tôt.

La tête que faisaient les fans de la Jeunesse, il y a huit ans, il le sait bien, ce Bianconero pur sucre. Car ce satané mercredi soir, il avait décidé de rester sur le banc de touche pour observer la fête du sacre du voisin. «Je pensais au fait que le lendemain, j’allais avoir école et que j’allais me faire chambrer. C’était horrible de penser qu’on allait m’en parler partout.»

«S’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaît»

La preuve, on lui en parle encore huit ans après! «Vous allez rire!, s’esclaffe Ahmed Rani, qui était lui attaquant au Fola ce jour-là : je me suis fait exactement la même réflexion mercredi soir, en voyant le résultat du match contre Wiltz.» L’ailier était là, en train de faire la fête avec ses coéquipiers, scruté de loin par un Deidda furax, avec Gérard Lopez qui avait fait le déplacement «depuis la Malaisie – il nous avait fait la surprise, même si on se doutait qu’il serait là». Tout autant que Deidda, qui avait très mal vécu cette soirée gâchée, Rani, qui l’a trouvée parfaite entre les deux buts très précoces et le carton rouge d’Adrien Portier, l’a adorée : «On nous répétait souvent, au club, s’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaît, ça fait 83 ans qu’on n’a plus été champions. C’est ce que nous disaient tout le temps les dirigeants. En plus, la Jeunesse venait d’être championne en 2010 et on entendait partout à Esch qu’il n’y avait qu’une équipe, la Jeunesse. Alors là, tu les éclates chez eux et en plus tu prends le titre? C’était comme un doublé!»

À l’époque, la prime de titre pour les joueurs du Fola, qui ont assuré une succession à la génération 1930, est de 3 500 euros par tête de pipe. Les titulaires habituels décident alors «à l’unanimité» d’en reverser 500  aux petits jeunes qui s’entraînent avec l’équipe première. «Nous, il n’y avait pas de prime spéciale pour empêcher le Fola d’être champion, malheureusement», admet Deidda. De toute façon, il ne l’aurait pas eue.

Une Fiat, une Audi, une parole

Rani, lui, avoue avoir mis toute sa prime dans une Audi (avec gros complément personnel tout de même) pour remplacer la voiture de maman, à qui il avait fait prendre du kilométrage. L’Audi, il l’a refilée à son frère, qui l’a revendue. Huit ans après, grillée, la prime de titre 2008. Mais la ligne au palmarès est restée, tout comme l’amour pour le Fola : «Au RFCU, on m’avait jeté comme une vieille chaussette  en me disant n’oublie pas de rendre la voiture, celle qu’on m’avait prêtée. Au Fola, on m’a appelé le lendemain en me disant qu’on me donnait une prime pour m’acheter une bagnole et je me suis acheté une vieille Fiat. C’est un club où l’on tient toujours sa parole.»

C’est un club qui a dit adieu à Gérard Lopez depuis longtemps mais qui vit toujours aussi bien sous la présidence de Mauro Mariani. Un président qui a lâché ceci, après le succès contre Wiltz mercredi et quatre jours avant la Jeunesse : «Je n’ai jamais eu autant de plaisir à voir jouer une équipe du Fola.» Qu’en pense-t-il, l’homme qui a contribué à la reconquête, en 2008 ? Rire : «Bon, si vous lui aviez demandé ça après Etzella et Mondorf (NDLR : deux défaites 3-2)… Mais bon, cette équipe, c’est sa vie et je dois lui reconnaître que quand il parle, c’est toujours juste.»

«On ne va pas les chambrer, hein…»

Mariani a été juste, mais large. Il a promis le déblocage d’une prime spéciale de 50 000 euros. Elle n’est pas encore dans la poche à en croire Andrea Deidda, qui n’a pas envie de revivre ça. Et annonce la couleur : «C’est du 50-50. Nous, on n’a rien à perdre, mais on va donner notre vie. On va tout faire pour qu’ils ne gagnent pas chez nous et surtout qu’ils ne soient pas champions chez nous. Après, le Swift peut aussi ne pas gagner mais on veut juste que ce ne soit pas notre faute. Après, si on les en empêche en gagnant notre match, on fera la fête. On ne va pas les chambrer, hein… Mais le pire, ce serait qu’on les batte et qu’ils soient quand même champions chez nous.» Non, le pire, ce serait, de nouveau, un petit 1-5 bien pesé, même si Deidda estime que «le Fola de 2013 était plus costaud». Mauro Mariani se serait trompé ?

Julien Mollereau 

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