L’arrière latéral gauche de la Jeunesse, qui n’a plus joué depuis 527 jours, n’est toujours pas à la reprise avec son équipe.
Ligaments croisés à la puissance 2 ! Le 11 août 2019, Emmanuel Lapierre sort à la mi-temps d’un match de championnat contre le RFCU sans savoir qu’il ne remettra plus les pieds sur un terrain. Pas depuis en tout cas. Car 527 jours et deux opérations plus tard, le Français de 27 ans continue de ramer comme un damné. Il s’était fixé la reprise du 10 janvier pour retrouver le terrain avec ses coéquipiers, mais il est encore un peu en retard. Sauf sur un point : il en connaît autant sur les ménisques que n’importe quel chirurgien spécialisé dans le genou.
« J’ai été opéré une première fois en septembre 2019 et une deuxième fin août 2020, récapitule-t-il. Le ménisque, c’est bien plus compliqué qu’un croisé ou qu’un os. Il faut savoir qu’il y a trois zones dans le ménisque. Une qui cicatrise, une autre pas vraiment et une autre pas du tout. Moi, j’avais des fissures sur les deux premières zones donc j’ai pris l’option d’essayer de suturer parce que le ménisque, c’est ce qui protège les cartilages du tibia et du fémur. Si c’est pour finir avec de l’arthrose précoce… Il y avait un risque, on l’a pris. Malheureusement… » Lapierre a repris, brièvement, début 2020, avec l’équipe réserve, juste avant le coronavirus et le confinement. Et les choses se sont dégradées, deux nouvelles fissures sont apparues. Cette fois, il a fallu « retirer de la matière ».
« Je n’attends pas de pitié »
Il existe un raccourci assez facile qui consisterait à penser que les grands blessés de 2020 ont matière à se réjouir de ce qu’ils n’ont finalement pas raté grand-chose. Il existe aussi une version bien plus réaliste de leur quotidien: difficile de travailler physiquement dans une salle de sport et avec toutes les restrictions sanitaires. « La rééducation, normalement, ça devrait être tous les jours en salle ou avec un kiné. Alors pour moi, c’est surtout système D à la maison. Maintenant, les salles ont rouvert mais les capacités d’accueil sont réduites et moi, mon objectif, c’est de remuscler méchamment les jambes! ». Il a notamment fréquenté assidûment, dès qu’il l’a pu, le cabinet messin de cryothérapie d’Hugo Cabouret, l’adjoint de Nicolas Huysman à l’époque où tout est parti de travers pour lui.
Après 18 mois d’inactivité footballistique quasi totale, Manu Lapierre et ses 104 matches de DN n’étaient donc ni à la Hiehl, où la commune a déneigé pour optimiser la reprise, ni à Contern où Giorgos Petrakis a conduit ses gars pour travailler au Loft, les pieds au sec. Il ne prendra pas le risque de reprendre trop vite, « ce serait bête ». Ce conducteur de chantier n’abandonne pas, pourtant. Mais avec l’âge, « on devient réaliste, ce qui ne veut pas dire défaitiste. Si je reviens, tant mieux, si je ne reviens pas, tant pis. Car oui, après 18 mois sans jouer, c’est une option. Mais je ne l’envisage pas encore ». D’ailleurs, il en a discuté avec ses nouveaux dirigeants. Le patron grec, qui veut professionnaliser le club, pourrait-il se poser des questions devant ce joueur qui dispose encore d’un contrat à honorer mais n’a plus joué depuis si longtemps ? « Je n’attends pas de pitié. Des gens au club savent ma valeur sur et hors du terrain et je crois avoir la confiance du club. »
Lapierre ne « compte pas flancher ». Alors qu’une fin de saison totalement folle s’annonce, son retour pourrait donner un peu d’oxygène aux articulations de ses coéquipiers. On n’est plus à un jour près.
Julien Mollereau