Dudelange fait un début de saison tonitruant porté par plein de joueurs qui, la saison passée, se retrouvaient au mieux sur le banc. Cela n’étonne pas Bertrand Crasson, qui a passé de longs mois à s’en passer.
Kirch ? Barré par Lesquoy. Cools ? Il a mis du temps à devenir prioritaire. Skenderovic ? Il passait derrière Garos. Kips? Comment exister avec Joubert à côté de soi ? Pokar et Bettaieb ? Jamais en mesure de retrouver leur niveau après une blessure qui les a fait rétrograder dans la hiérarchie. Bojic ? Placardisé à Virton, un club du «patron» et dirigé par l’ancien coach du F91. Mais les choix qui font mal, au stade Jos-Nosbaum, c’était le boulot de Bertrand Crasson. Aujourd’hui, le technicien belge n’a plus besoin de ménager les susceptibilités : «Quand tu as 38 joueurs à l’entraînement, faut pas venir se plaindre.»
Depuis le début de saison, ce sont les relégués de la deuxième génération fantastique du F91 qui prennent enfin leur revanche. Les coiffeurs comme on dit dans le milieu et auxquels Mehdi Kirch, le plus médiatique de ces oubliés de 2019, semble faire la nique avec sa toute nouvelle queue de cheval : ils en ont fini, tous, de manier le ciseau et se sont jetés sur cette nouvelle saison comme des morts de faim. «Je ne parlerais pas de revanche, avance Crasson, malin. Et si on considérait le fait qu’aujourd’hui, justement, il y a tout simplement moins de concurrence ? Moi, je n’aurais demandé que ça : 25 joueurs mais avec une préparation bien faite.»
« Quand on est piqué dans son orgueil… »
Le business de la revanche ne serait donc qu’une vision de l’esprit ? Ce F91 repris par Fangueiro, à qui le départ de Flavio Becca au Swift a laissé beaucoup de (belles) miettes mais l’a privé de Garos, Stolz, Joubert, Schnell…, nous montre pourtant de l’intelligence tactique, des capacités techniques mais surtout les «dents». Fangueiro lui-même construit sa rhétorique sur l’idée que ses garçons ont tous des choses à prouver. «Oh! mais attendez, les gars qui sont restés et qui jouent aujourd’hui, on connaît leur valeur, hein! Rien à voir avec le sentiment de revanche. Même si effectivement, quand on est piqué dans son orgueil… Moi, à l’époque, il fallait surtout que je m’attelle à dégager une équipe type. Mais cela me fait plaisir d’en voir certains, aujourd’hui, trouver du temps de jeu. Ils le méritent. Qu’ils se rendent compte aussi que six mois sur le banc, c’est peu dans une carrière. Par contre, ça peut aussi te renforcer le caractère !»
Effectivement, ils en démontrent. Et mercredi pourrait être LE grand objectif de leur début de saison, contre l’ancienne légion dudelangeoise. C’est sans doute là qu’ils estimeront avoir le plus de choses à prouver, là aussi peut-être qu’ils risquent de se retrouver confrontés à la réalité qui était la leur il y a de ça quelques mois. C’est sûrement sur cette corde sensible que le staff du F91 appuiera avant le coup d’envoi. Avec la certitude qu’un succès – qui serait le quatrième de rang contre un quatrième cador – validerait le choix du club de faire confiance aux remplaçants. De n° 2 à n° 1 ?
Julien Mollereau
Swift-Dudelange : mercredi 20 heures, stade A.Theis