Artur Abreu en a fini avec huit ans à Pétange. Son arrivée à Differdange envoie un message clair : l’un des meilleurs joueurs du pays veut jouer pour l’Europe. Au moins.
Il était revenu une saison, en 2014/2015, très brièvement mais hormis son escapade à Guimarães, Artur Abreu était estampillé Titus Pétange depuis une décennie déjà. Ce changement est donc la vraie et monumentale annonce de ce mercato pourtant déjà extrêmement copieux. L’ailier gauche a fait le buzz.
Après huit saisons à Pétange, sur deux cycles différents, vous voilà de retour dans la maison mère. Pourquoi revenir ici plutôt qu’ailleurs alors que cela fait des années que vous êtes demandé de toutes parts ?
Artur Abreu : Oui, ces dernières années, j’ai reçu énormément d’offres. En été, en hiver, tout le temps.On sait tous quels clubs les ont formulées, revenant chaque année. Là, j’ai décidé de dire oui parce que j’arrive à un âge où je veux enfin jouer l’Europe et j’ai choisi Differdange parce que je connais la maison, que je connais sa constance, que je connais des joueurs, que je connais le président.
Mais seriez-vous sorti de votre contrat pétangeois pour n’importe quel autre gros club ? Pour un Progrès ou un Swift, par exemple ?
Très franchement ? Non. J’aurais attendu l’été, dans ce cas. Je serais parti en été, oui, mais pas en hiver. Comprenez que je suis longtemps resté à Pétange parce qu’eux comptaient sur moi pour ce projet européen, et que moi j’y restais parce que j’étais convaincu qu’on y arriverait durablement et que je voulais vraiment réussir à le faire. Mais on a manqué de constance, avec des changements trop importants dans l’effectif, chaque année.
Le pire, c’est que quand on a réussi à se qualifier (NDLR : en 2020, contre les Lincoln Red Imps, une énorme déception), j’ai raté le moment parce que j’étais blessé. Et là, à bientôt 30 ans, je ne veux plus attendre. Ce n’était un secret pour personne et d’ailleurs, je l’avais dit dans une interview chez vous. Differdange le savait. Ils ont demandé à mon agent parce qu’ils me connaissent bien, ainsi que mes envies. Ils ont fait le premier pas.
Vous ne pouvez pas, dans les conditions actuelles, ne venir que pour l’Europe, si ? Il faut aussi parler de titres. Dont celui de champion…
Malgré notre avance et la première partie de saison, nous n’avons aucune garantie. Il faudra être tout aussi solide au printemps pour aller chercher l’Europe. Mais comme c’est pour ça que je suis venu, j’espère qu’on ne se relâchera pas, et sans se mettre la pression.
Avez-vous l’impression d’avoir perdu du temps à Pétange ? Vu votre statut, vous pourriez ou devriez avoir un palmarès bien plus étoffé…
Beaucoup de gens me l’ont dit. Disons que je n’ai pas perdu de temps, mais que j’aurais dû le faire plus tôt. J’étais vraiment convaincu que j’arriverais à devenir européen avec le Titus et vu comme le club m’avait soutenu pendant ma blessure, je voulais la leur offrir.
Tiens, au fait, cela vous a-t-il surpris qu’ils finissent par vous ouvrir la porte alors que toute la stratégie sportive était basée sur votre personne depuis des années et pour des années ?
Oui et non. Disons que de mon côté, j’ai aussi mis un peu la pression pour partir. J’ai vendu l’argument que je voulais sortir de ma zone de confort. Ils m’ont vite annoncé que vu mon âge et tout ce que j’avais donné au club (NDLR : 142 matches de DN et 63 buts), ils ne me bloqueraient pas.
C’est peut-être mieux pour le Titus que je m’en aille
Était-il bon, finalement, de bâtir ce projet d’un Pétange européen sur votre nom ?
C’est un peu vrai que pour le club comme pour moi, ce n’était peut-être finalement pas totalement une bonne chose. Peut-être même que c’est mieux pour le Titus que je m’en aille. Avec ce groupe, je pense qu’ils peuvent embêter sérieusement de futurs européens. Et ce qui me dit que c’était aussi le bon moment pour moi de partir, c’est que je ne pensais même plus pouvoir apporter le petit plus pour passer un cap.
Sans moi, Pétange sera peut-être moins dépendant et construira peut-être un groupe encore plus fort. De mon côté, je vais essayer de prendre des responsabilités à Differdange, tenter d’y faire les mêmes différences. Mais le niveau que je vois me fait me dire que je ne suis même pas sûr d’être titulaire.
Serez-vous un peu revanchard, vous qui n’aviez pas la possibilité de vous imposer dans le FCD03 de l’époque, malgré le coup de boost que vous avait donné Marc Thomé, qui adorait le joueur que vous étiez ?
Pour un offensif, ne pas faire des statistiques peut vite devenir perturbant et à l’époque, j’ai bien fait de partir. Pétange m’a fait grandir comme joueur et comme homme. Alors, je ne suis pas du tout revanchard envers le FCD03 mais disons que je reviens avec l’envie de prouver que désormais, j’ai ma place.
Comment Yannick Kakoko a-t-il pris votre départ ?
Il est énervé et triste. Il savait que je pouvais partir, mais ça le fait ch… parce que le projet était bâti un peu sur lui et sur moi. Le but, c’était qu’on aille chercher l’Europe ensemble.
Quel numéro porterez-vous au FCD03 ? On vous a vu évoluer avec le 17, lors des premiers amicaux…
C’est juste pour les matches amicaux ! En championnat, je porterai le 7. C’est l’un de mes deux numéros fétiches avec le 10, mais le 10 (NDLR : qu’il portait à Pétange) était déjà pris (NDLR : par Guillaume Trani) et je ne suis pas du genre à faire des problèmes pour ce genre de choses. Moi, même le 2 ou le 3 m’auraient suffi…
La sélection, à bientôt 30 ans, on y pense encore au moins un peu ?
Bah… moi, je me dis que jouer l’Europe, cela pourrait peut-être m’aider. Je vais faire mon boulot mais si ça ne vient quand même pas, eh bien je me dirai que c’est une expérience que j’aurais aimé vivre et que je ne vivrai jamais.