La nouvelle est tombée mardi : Nelson Delgado a annoncé qu’il mettait un terme à son illustre carrière. Et cette fois-ci, il le jure, le capitaine d’Etzella ne reviendra pas.
L’an passé, Nelson Delgado avait terminé la saison avec beaucoup d’émotion. Et les yeux embués de larmes. Car il venait d’annoncer, il l’avait promis « à 99 % », que c’était sa dernière saison. Et le capitaine emblématique d’Etzella d’expliquer qu’après 20 ans en équipe première, il était temps pour lui de passer à autre chose. De s’occuper de sa famille. De s’éloigner du basket. De profiter enfin de la vie, en n’étant pas pris par le basket tous les week-ends et à l’entraînement quatre ou cinq fois par semaine.
Pourtant, au fur et à mesure qu’on se rapprochait du début du présent exercice, l’envie était de plus en plus forte de rempiler. Et finalement, celui que tout le monde appelle «Nels» avait choisi de renfiler une fois de plus le maillot ettelbruckois. « Par contre, je ne sais pas pour combien de temps c’est. Je n’annoncerai plus rien à l’avance », confiait-il en début de ce qui serait – finalement – sa dernière saison.
Une ultime saison qui s’est globalement bien passée, qui a vu Etzella réussir des prouesses, notamment en play-offs où, après avoir perdu les quatre premiers matches, il faut le dire, sans Nelson Delgado, blessé, réussir une série impressionnante avec cinq victoires de suite. Et une qualification pour le Final Four. Malheureusement, l’obstacle Musel Pikes sera trop élevé pour «Nels» et sa troupe, qui voient donc leur saison s’arrêter à l’avant-dernière marche.
Quelques jours à peine après la fin de la saison, le club annonce officiellement sur sa page internet que Nelson Delgado met un terme à sa carrière. Pour de bon : « Oui, cette fois, c’est la bonne! Je ne vais pas faire deux fois la même chose. Et puis quelle serait ma crédibilité si je revenais sur ma décision », précise l’homme aux 21 saisons en équipe première. Et aux 11 titres (8 coupes, 3 championnats).
Et d’expliquer pourquoi, cette fois, il ne changera pas d’avis : « C’est la décision la plus sage. Bien sûr, l’envie de jouer sera toujours là. Mais à la différence de l’année dernière, cette fois, après le dernier match et bien sûr de la déception, j’ai ressenti une forme de soulagement. J’ai la chance de terminer en bon état physique. Et ma blessure en début de play-offs a aussi été un bon avertissement. J’ai craint, à un moment, de ne plus pouvoir retrouver mon niveau. Je me suis forcé à revenir trop tôt et je me suis fait mal à nouveau. Tout cela, ça t’oblige à avoir du respect. Je n’aurais pas aimé arrêter à cause d’une blessure. Et là, j’ai réussi à effectuer les cinq ou six derniers matches en étant à 100 %. »
Au moment de tourner une page plus qu’importante de sa vie, Nelson Delgado se rappelle d’une image forte en particulier : « Mon dernier titre en 2011. C’était le premier depuis le décès de ma mère. C’est la première fois que j’ai pleuré pour un titre. C’est vraiment ce qui m’a marqué le plus. »
Avec Nelson Delgado, c’est une page du basket luxembourgeois qui se tourne. Et la carrière d’un immense joueur qui s’arrête. Un joueur talentueux en diable. Mais dont l’aura dépasse le cadre de sa seule équipe : « Au-delà de mes performances sur le terrain, je suis fier de ce que j’ai accompli à côté. J’ai toujours été disponible pour des manifestations, comme Télévie, par exemple. C’est ce que j’essaie d’expliquer aux jeunes, c’est que le basket, ce n’est pas uniquement du sport, c’est aussi de l’humain. Et humainement, je suis content de ce que j’ai apporté à mon sport .»
Et d’ajouter : « J’ai réussi à passer 21 saisons sans prendre une seule faute technique. À un moment, je m’étais également fixé cet objectif dans ma carrière. J’ai toujours su rester dans la limite du respect. Et je pense que j’ai une bonne image auprès de tout le monde. J’ai pu le constater à plusieurs reprises, même auprès des joueurs du Sparta, avec qui on avait une énorme rivalité : ils venaient vers moi et me disaient qu’ils m’aimaient bien. »
Indiscutablement, tout le monde aime Nelson Delgado. Le joueur, bien sûr. Mais surtout l’homme. Un basketteur qui ne s’interdit pas de jouer en 2 e équipe : « Comme Guy Schmit avec les Musel Pikes. » Un homme qui a envie de rester proche des joueurs et du basket. Mais qui ne sait pas encore de quoi demain sera fait : « Avant, je voulais faire du foot après ma carrière, mais je ne pense pas que je le ferai maintenant. »
Le retrouvera-t-on sur un banc? « Je ne serai sûrement pas head coach l’année prochaine .» Et pourquoi pas assistant, du côté du Deich? « Je ne sais pas si le club ou les joueurs seraient d’accord. Évidemment, je pourrais apporter mon expérience. Mais pour l’heure, on ne sait pas qui sera le coach. Ni s’il viendra ou non avec un assistant. Pour le moment, je ne peux pas vraiment dire ce que je vais faire. »
Romain Haas