APRÈS LA COUPE DE LUXEMBOURG Le Basket Esch a déjoué les pronostics en s’imposant face au favori Etzella (66-68). Une victoire qui ne doit rien au hasard.
Une entame parfaite
Une finale de la Coupe n’est jamais un match comme un autre : «Le contexte est particulier. On joue devant des milliers de personnes, ça n’a rien à voir avec un match de championnat», expliquait Franck Mériguet, l’entraîneur du Basket Esch, avant la rencontre. Dans un environnement forcément un peu perturbant, il ne fallait surtout pas rater son entame de match.
Et samedi, on a tout de suite vu que les Eschois étaient en mission. Concentrés, appliqués, solidaires, ils ont d’entrée pris les commandes de la rencontre. Et ne les ont plus jamais lâchées par la suite. Pris de vitesse, les Ettelbruckois se sont épuisés à courir après le score… sans jamais parvenir à refaire totalement leur retard.
Une défense retrouvée
Ces dernières années, la défense a toujours été la marque de fabrique du Basket Esch. Mais il est vrai que depuis deux saisons, c’est un peu moins le cas. Il faut dire que des monstres dans le domaine, comme Joe et Pit Biever ou encore Alex Rodenbourg, tous présents samedi soir à l’Arena, ont tous raccroché le maillot.
Et sans eux, ce n’est plus la même histoire. Mais samedi, on a retrouvé du grand Esch dans ce domaine : «Ce soir, on a retrouvé nos vertus défensives», confirmait le technicien lallangeois. «La défense, c’est notre ADN. Ce soir, c’était nous!», lancera, quelques instants après le match, le capitaine Thomas Grün.
«Pour l’emporter, il nous faut un match en 75 pts. Pas en 95», expliquait encore l’entraîneur avant le match. 9 pts concédés après le premier quart, seulement 25 à la pause et, au final, une équipe d’Etzella limitée à…66 pts. On peut dire que la mission est accomplie!
Un plan respecté à la lettre
Face à la meilleure attaque du pays, l’idée était forcément de la limiter au maximum. À commencer par Quatarrius Wilson. Le colosse US, troisième meilleur scoreur de la ligue (25,3 pts par match) et cinquième meilleur rebondeur (11,1 prises), était le danger numéro un.
Avec une raquette qui semblait être son point faible, le Basket Esch a fait le choix des prises à deux. L’idée étant de compliquer au maximum la vie de l’intérieur américain. Et dès les premières minutes du match, on a vu les Eschois interdire l’accès facilement à leur raquette en mettant systématiquement deux joueurs sur Wilson.
Soit il tentait un tir compliqué, soit il devait donner la balle. Et c’est alors qu’on voyait, par exemple, un Quinten Nelson opportuniste lui piquer le ballon. Résultat, 17 pts à 7/15 et 13 rebonds. Un moindre mal.
L’autre grand danger identifié par le Basket Esch se trouvait forcément sur la base arrière. Avec Etzella, quand Sticky va, tout va. Désormais triple MVP du championnat, l’international luxembourgeois Sticky Gutenkauf était l’autre problème à résoudre pour Esch. Scoreur, organisateur, doté d’une excellente vision du jeu, il était une menace permanente. Et il fallait donc lui réserver un traitement spécial.
Et c’est donc la plupart du temps Thomas Grün, battu dans l’élection de MVP par Sticky, qui s’est chargé de ne pas le lâcher d’une semelle. Mis sous pression, chose qu’il déteste, le Nordiste a très mal démarré sa rencontre. Il a multiplié les mauvais choix, à l’image de tirs où il semblait davantage se débarrasser de la balle qu’autre chose.
Un premier panier a fini par arriver très tardivement. Esch avait déjà fait un écart. Bien sûr, par la suite, il a retrouvé ses qualités, a multiplié les actions d’éclat. Mais dans l’ensemble, avec 17 pts à 5/12, 7 rebonds, 3 passes et 6 pertes de balle, l’objectif est atteint.
Des blessés qui vont bien
Le Basket Esch n’a pas son pareil pour mobiliser ses troupes quand c’est le moment de le faire. Avant la rencontre, pas moins de trois joueurs revenaient de blessure ou étaient incertains. Même si ça remontait déjà à quelques semaines, Clancy Rugg avait eu le nez cassé en match.
Jordan Hicks avait été absent de longs mois à la suite d’une opération d’une hernie cervicale. Quant à Jeffry Monteiro Neves, gêné par des problèmes au ventre, il ne s’était tout simplement pas entraîné depuis un mois. Mais samedi, les trois étaient sur le pont. Et ont tout donné. Dans les chiffres, ça donne un gros double double pour Rugg (13 pts, 13 rebonds), une prestation solide pour Hicks (14 pts dont 2/3 à trois points et 8 rebonds) et un Monteiro Neves qui a apporté beaucoup avec 9 pts et 7 rebonds avant de sortir pour cinq fautes après s’être sacrifié pour empêcher deux points faciles de Wilson, qui aurait alors donné l’avantage pour la première fois du match à Etzella (il y avait 65-66 pour Esch à ce moment-là). Bref, un guerrier. Au service de son équipe.
L’expérience, ça fait la différence
Après une première mi-temps où ils ont dominé les débats, les Eschois ont vu Etzella revenir en boulet de canon après la pause. En l’espace de deux actions à trois points, les joueurs de Gavin Love se faisaient à nouveau menaçants. Et après avoir compté jusqu’à 19 pts d’avance et encore 14 à la mi-temps, les Nordistes sont revenus à seulement 6 longueurs à la 28e minute.
Sentant le danger, les Eschois ont fait parler l’expérience avec trois paniers de suite signés Rugg, Grün et Hicks, pour permettre à Esch d’aborder le dernier quart avec un petit matelas de 12 points (40-52).
Et quand c’est devenu très très chaud, en toute fin de match, Thomas Grün n’a pas hésité à prendre ses responsabilités en allant sur la ligne. Et même s’il n’a pas vraiment brillé dans l’exercice (3/6), son 1/2 deux fois dans la dernière minute a permis à Esch de rester devant. Et a obligé Etzella à aller chercher la victoire.
Un brin de réussite
Dans une telle fin de match, ça aurait pu basculer d’un côté comme de l’autre. Et quand, à 65-67, on voit Jimmie Taylor se présenter sur la ligne des lancers, on s’attend à voir Etzella égaliser. Mais il rate le deuxième lancer. Son seul raté sur quatre tentatives. Esch conserve un point d’avance. Faute sur Grün. Un lancer réussi sur deux.
La dernière balle est pour Jimmie Taylor, bien pris en défense par Jordan Hicks. Tir raté. Victoire d’Esch. En plus d’avoir mis tous les ingrédients nécessaires, les Eschois ont bénéficié d’un petit coup de pouce du destin avec cet échec sur la ligne de Taylor. Et si la défense permet de gagner des titres, il faut parfois un peu de chance. Et c’est ce qui s’est passé.
Et maintenant?
La saison du Basket Esch est d’ores et déjà réussie. Mais l’appétit vient en mangeant : «On est contents. Mais pas satisfaits», expliquait Clancy Rugg quelques minutes après la fin du match. L’international luxembourgeois sait apprécier le parcours en Coupe. Mais il a, comme ses coéquipiers d’ailleurs, déjà le regard tourné vers la suite.
Et la suite, c’est un premier tour de play-offs compliqué face à l’Arantia : «Il faut faire attention, car la saison peut se terminer très rapidement», se méfiait encore Rugg. En tout cas, une chose est sûre : le Basket Esch est désormais le seul à pouvoir réaliser le doublé.
Et une autre chose est sûre : il est désormais l’équipe à battre. Et quelque chose nous dit qu’en cas de retrouvailles, dès les demi-finales de championnat, les Ettelbruckois auront un sentiment de revanche…