[PRÉQUALIFICATIONS DU MONDIAL-2023] La sélection nationale a réussi à battre la Slovaquie. Ken Diederich, l’entraîneur national, revient sur la prestation de son équipe en Slovaquie.
Peut-on dire que cette victoire contre la Slovaquie valide tout le travail effectué par l’équipe ?
Absolument. Si on regarde nos quatre matches de préqualifications jusqu’à présent, à chaque fois on les a joués à fond. Sur les trois premiers, on n’était jamais très loin de la victoire. Et samedi, on a fini par en décrocher une bien méritée. Si tu regardes les quatre matches, chacun à fond. Presque là les trois premiers matches. Samedi on a terminé le match de bonne façon, on a vraiment pris cette victoire très méritée.
Ce succès intervient après un premier match très encourageant contre l’Islande. Qu’est-ce que vous avez eu le temps de travailler entre les deux rencontres pour obtenir un tel résultat ?
On a fait beaucoup de travail vidéo. Et on s’est concentrés sur les choses décisives. Les détails qui font la différence. On a limité nos pertes de balle à onze, on a réussi à remporter la bataille du rebond alors qu’on avait affaire à une équipe beaucoup plus grande et plus physique que nous. On a très bien travaillé pendant trois, quatre semaines et samedi, on a remporté un très grand match contre une grande équipe.
Une équipe entièrement composée de joueurs pros ?
Oui. Dans la bulle de Bratislava, tout le monde est pro. À part nous. On en a trois, quatre si tu ajoutes Ivan (Delgado). En face, on se retrouve à chaque fois face à treize joueurs pros. D’ailleurs, le président de la fédération slovaque m’a dit que pour eux, perdre contre nous était la fin du monde. Parce qu’ils comptaient bien sur leur victoire contre le Luxembourg pour se rapprocher de la qualification.
Et ça n’a pas été le cas. Avez-vous le sentiment d’avoir été sous-estimés ?
Un peu oui. Tout le monde fait ça contre nous, normalement, car nous sommes en grande partie une équipe de joueurs amateurs. Et dans ce match, on a senti la nervosité les gagner quand ils ont vu que la rencontre allait leur échapper. Ils ont commencé à rater des tirs faciles, nous on a rentré des shots très importants et on est parvenus à faire le dernier run. Contre l’Islande, finalement, on avait peut-être trop bien commencé, mais face à la Slovaquie, on a réussi à bien terminer.
Vous prenez 11 points d’avance à deux minutes de la fin, à ce moment vous vous dites que c’est gagné ?
Non. On a eu un peu de malchance, car à chaque fois qu’on faisait un écart, ils mettaient plusieurs tirs d’affilée. C’était déjà le cas contre le Kosovo. Mais c’est normal. Il s’agit de joueurs pros qui sont capables d’élever leur niveau quand ça devient critique. En fin de rencontre, ils mettent tout dedans. Là, quand j’ai pris le deuxième temps-mort à +4 pour nous et qu’ils ont fait faute sur Clancy (Rugg), je savais que c’était gagné. C’était une bonne chose d’avoir gardé deux temps-morts, ça nous a permis d’effectuer la remise en jeu dans leur terrain.
Au-delà de la victoire, que retenez-vous de la prestation de votre équipe ?
Je retiens le courage. Dans le groupe, tout le monde se donne à fond. Sur chaque possession, on a eu faim pour gagner ce match. Et je dirais que l’atmosphère du banc a joué son rôle. On était l’équipe la plus homogène.
Quel bilan global tirez vous de cette deuxième phase de la campagne de préqualification ?
Je dirais qu’on a eu trois semaines super positives. On a bien bossé, le banc a été décisif avec notamment les entrées de Ben (Kovac) et Ivan sur la fin. Ce sont des joueurs super jeunes qui n’ont pas encore gagné de match à ce niveau. On s’est bien préparés avant d’arriver en Slovaquie, on a pu faire de bons entraînements une fois dans la bulle. On a beaucoup plus travaillé la vidéo qu’avant. L’équipe a montré de la volonté.
Comment s’est passée la vie à l’intérieur de la bulle ?
Je dirais que jusque jeudi, ça allait. Après, c’est devenu un peu dur. Un peu monotone. On fait juste basket, bus, vidéo et tu manges. Peut-être un peu de Netflix. On va dire que cette situation c’est bien pour une semaine. Mais pas plus. Avant de partir, on s’est fait un petit plaisir en allant prendre un café. On a pu un peu voir la Slovaquie.
Cette victoire face à la Slovaquie change-t-elle quelque chose au niveau des ambitions de la sélection ?
Bien sûr, avec ce succès, on regrette encore plus le match contre le Kosovo à la maison. Mais dans l’ensemble, ça ne change rien. On veut toujours gagner nos matches. On doit se déplacer au Kosovo. Et si on peut jouer l’Islande à la maison, ça change la donne. On veut gagner des matches, jouer du bon basket. Et continuer de s’améliorer.
Vous avez pris la bonne habitude de remporter au moins un match à chacune de vos campagnes. Quelle valeur accordez-vous à ce succès contre la Slovaquie ?
Forcément, la victoire contre l’Angleterre (NDLR : aux qualifications de l’Eurobasket 2017 en septembre 2016) reste la plus grande sensation. Mais battre la Slovaquie, dans sa salle, c’est quand même quelque chose de super. C’est pourquoi je mettrais ce succès en deuxième position. Après, on a également battu le Kosovo et Chypre, ces quatre victoires nous font du bien.
Et la prochaine en février ?
On aimerait jouer à la Coque devant plein de monde. Encore une fois, je pense que c’est une bonne réclame pour le basket. Il n’y a pas d’excuse pour les gens de ne pas venir à la Coque.
Si ce n’est pas possible, il y aura à nouveau une bulle ?
Oui. Et très probablement au Kosovo. Ce serait trop cher de faire ça au Luxembourg ou en Islande. Donc s’il y a une bulle, ce sera pratiquement à coup sûr là-bas.
L’équipe nationale continue de progresser au fil des ans malgré les départs à la retraite de certains joueurs. Qu’est-ce qui lui manque pour franchir encore un cap ?
C’est simple : plus de pros. Si tu regardes le foot, c’est la même chose. Mais eux ont désormais une quinzaine de pros. Si on pouvait en avoir huit, dix ou douze, on pourrait aller à l’euro. On a des mecs comme Mihailo (Andjelkovic), Lou (Demuth, qui est à l’université à Chicago), Oli (Vujakovic) qui devrait tenter de passer pro l’an prochain. On a des jeunes qui ont les capacités de le faire. Maintenant, il faut qu’ils soient soutenus par la fédé, les parents. Il faut des mecs qui se concentrent d’abord sur le basket sept jours par semaine. Le Kosovo, l’Islande, toutes les nations le font. Bien sûr ce n’est pas évident, il faut trouver un contrat, les salaires ne sont pas les mêmes que dans le foot. Mais c’est la seule solution !
Entretien avec Romain Haas