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[Auto] Grégoire Munster : «Je vais m’accrocher à ces 10 %!»


Grégoire Munster a hâte de savoir de quoi son avenir sera fait. 

APRÈS LA SAISON EN WRC/WRC2 Auteur d’un très bel exercice 2023, Grégoire Munster va tout faire pour, un jour, rouler en WRC. Mais il sait que ce sera très compliqué!

Êtes-vous content que la saison soit terminée?

Grégoire Munster : Oui. C’était quand même une année chargée. On a eu la chance de faire beaucoup de courses. De prendre beaucoup d’expérience. C’est bien d’avoir quelques semaines pour soi.

Vous allez en profiter?

En fait, j’arrête une semaine et demie, pas plus. Je vais essayer d’en profiter pour jouer un peu au padel. Tu joues à deux, donc tu dois communiquer, un peu comme un pilote et son copilote. Ça demande beaucoup de réflexes et de vista avec les rebonds sur la vitre. Il faut prendre des décisions, ce sont des caractéristiques qui conviennent bien au rallye. Je vais faire deux ou trois parties avant de partir au Kenya.

La semaine prochaine, je vais participer en tant que copilote de Jourdan Serderidis au Safari historique sur une Porsche 911 Safari. C’est un rallye qui dure deux semaines, on y va avec l’équipe familiale BMA, qui a quatre voitures au départ. Ce n’est pas quelque chose qui était forcément prévu, ça ne m’apporte rien en termes de pilotage. Mais on s’est dit que ça serait sympa d’y participer ensemble. C’est une belle aventure sportive et humaine.

Revenons à votre saison. Quel regard portez-vous sur cette année 2023?

Je dirais que c’est conforme à ce que j’attendais. Le début était un peu compliqué, ça n’a pas démarré comme on le souhaitait. Il faut dire qu’on avait changé de monture puisqu’on a rejoint Ford. Ça demande un temps d’adaptation. Après, au fur et à mesure, ça allait de mieux en mieux. On a fait de bons chronos en Sardaigne, on avait la possibilité de gagner au Kenya avant un problème technique. On fait 5es en Grèce en gagnant la catégorie challenger, réservée aux moins expérimentés.

Et après, on a eu la chance de passer sur la Ford Puma en WRC1. Un nouvel apprentissage qui s’est plutôt bien passé. On était dans le coup dès le début. On n’était pas ridicules face aux meilleurs pilotes du monde en rallye. On a même pu montrer quelques temps très intéressants. Ensuite, retour en WRC2 au Japon, où on s’est longtemps battus avec Andreas Mikkelsen, qui est à nouveau champion du monde de la catégorie. Malheureusement, ça ne s’est pas bien terminé, mais on a montré qu’on avait une bonne pointe de vitesse. Et on a fini en Belgique avec une deuxième place. J’aurais bien aimé le gagner. Mais terminer la saison par un beau résultat, c’est positif.

De quel résultat êtes-vous le plus fier? 

Je dirais quand même le Central Europe (NDLR : 7e au scratch en WRC). Parce qu’on était vraiment dans le coup pour une première dans des conditions compliquées. On a réussi à faire une fois quatrième d’une manche. Et si on était allés au bout, j’aurais dit le Japon. En fait, notre fin de saison a vraiment été très positive.

Et les piges en WRC vous ont donné envie d’y regoûter?

Bien sûr. C’est toujours mon rêve de pouvoir rouler à ce niveau-là. Quand on goûte à de telles voitures, on a envie de ne faire que ça. Mais le chemin est encore très long. Il y a très peu de places. Du coup, on est partagé entre le rêve et le fait de garder les pieds sur terre.

L’idéal, ce serait un programme comme cette année, avec des manches supplémentaires en WRC

Savez-vous déjà où vous serez la saison prochaine?

Non. On discute très fort avec les trois écuries reine du WRC (Ford, Toyota et Hyundai). Mais il n’y a encore rien de signé. Je sais que je serai derrière un volant, mais je ne sais pas encore où. On espère être fixés d’ici la mi-décembre.

Quel serait l’objectif en 2024?

L’idéal, ce serait un programme un peu comme celui de cette année. Axé sur du WRC2 pour continuer à prendre de l’expérience en championnat du monde. On s’est rendu compte que sur les rallyes très connus, comme le Portugal ou la Sardaigne, on avait un peu de mal car on manque d’expérience par rapport aux autres. En revanche, sur des rallyes plus récents, comme le Chili, le Japon ou l’Europe centrale, on était vraiment dans le coup avec les autres.

Et avec toujours la possibilité de faire des piges en WRC. On en a fait deux cette année (Chili et Europe centrale), si on pouvait en faire quatre au total, en ajoutant des rallyes sur lesquels on se sent à l’aise, comme le Japon par exemple, ce serait parfait. Le but, c’est de pouvoir négocier un beau programme et de faire mieux que cette année.

Et, à terme, de courir en WRC?

L’objectif, c’est de se faire remarquer, de montrer sa pointe de vitesse pour rivaliser avec des pilotes expérimentés. Et, au moment où ils décident de tourner la page, de faire en sorte d’être en première ligne pour les remplacer. Mais c’est très compliqué. Il y a peut-être 22 pilotes au monde en F1. En rallye, il y a trois écuries et trois pilotes par écurie, je vous laisse faire le calcul.

Mais vous y croyez?

Je sais que j’ai 80 %, voire même 90 %, de risque d’échouer. Mais si j’ai 10 % de chance d’y parvenir, je veux tenter le coup à fond! Je vais essayer de m’accrocher à ces 10 % et si dans trois ou quatre ans, ça ne fonctionne pas, il sera temps de penser à autre chose.

D’autant plus que vous ne gagnez pas d’argent?

Non. Je n’ai pas de revenus. Je vis chez mes parents, qui me soutiennent énormément. Tout comme Jourdan, qui est prêt à me soutenir encore l’année prochaine. Mais comme je l’ai dit, c’est une opportunité unique. Il faut mordre sa chique et espérer que ça marche. Le but n’est pas de devenir riche. Si je pouvais déjà en vivre, ce serait génial.

Le problème, c’est que notre sport n’est pas monétisé. Le nouveau champion de Belgique a engagé peut-être 150 000 ou 200 000 euros pour prendre part au championnat, maintenant il est champion, mais il ne gagne pas d’argent. On gagne plus en remportant une victoire à l’extérieur en Provinciale belge qu’en sport auto.

Gagner de l’argent, c’est aussi un objectif pour la saison prochaine?

On verra quelles seront les propositions. Le premier critère, c’est d’avoir un programme avec la possibilité de faire quelques courses en WRC. Après, ça peut être aussi un programme complet entièrement financé en WRC2. Cette année, on a dû apporter des fonds pour pouvoir rouler.

Mais c’est vrai qu’au niveau de l’expérience et de l’avenir, se priver de pouvoir rouler en WRC n’est peut-être pas la meilleure trajectoire. Il faut avoir une voiture rapide, une bonne équipe autour, des mécanos performants et si on peut avoir un salaire, pourquoi pas!

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