La hurdleuse, sportive d’élite de l’armée luxembourgeoise, est pour l’heure qualifiée pour les championnats d’Europe. Mais ça tient à un fil.
Les championnats d’Europe d’Istanbul doivent se tenir dans deux semaines dans la capitale turque, si, bien sûr, il n’y a pas d’indication contraire d’ici là. Et à l’heure actuelle, ils seraient quatre Luxembourgeois à faire le voyage.
Sur les quatre, trois sont pratiquement assurés d’avoir leur billet. Patrizia Van der Weken était d’ailleurs la seule qualifiée avant même le début de la saison hivernale. La sprinteuse ettelbruckoise a donc pu effectuer sa préparation tranquillement, en choisissant ses compétitions sans se soucier d’aller grappiller des points à droite ou à gauche. Dimanche, aux championnats nationaux à la Coque, elle aura à cœur de soigner les détails. Tout en allant chercher la victoire et un bon chrono.
Charel Grethen, qui avait réalisé le minimum requis sur 1 500 m… un jour avant le début de la période de qualification, n’avait pas officiellement son billet pour Istanbul au moment de commencer sa saison en salle. Mais dès sa première course, samedi à Metz, il a explosé son record national du 3 000 m pour valider sa présence à Istanbul sur cette distance qui n’est pas sa préférée. Et mercredi, à Liévin, il est venu mourir à 7 centièmes de sa marque de référence : «C’est ma meilleure première sortie de l’année en indoor en carrière», confiait-il. Avant de tenter d’aller encore plus vite mercredi à Madrid, il s’alignera sur le 800 m aux championnats. Pour, pourquoi pas, aller chercher le vieux record national de David Fiegen (1’47“44).
Le troisième larron pratiquement certain de faire ses bagages pour la Turquie est bien sûr Bob Bertemes. Même s’il n’a pas réalisé le minimum demandé (21,20 m), le lanceur de poids de Mannheim a sorti une très belle saison en salle avec notamment à la clef un nouveau record national (21,06 m). Actuellement classé 15e dans le Road to Istanbul, il devrait sans problème faire partie des 18 spécialistes qui s’affronteront en Turquie. Et puis, il ne faut pas oublier qu’il lui reste les championnats nationaux, dimanche. Et que Bob Bertemes est rarement plus fort qu’à la maison.
31e sur 32… pour le moment
Trois, c’est sûr. Quatre, c’est pour le moment le chiffre magique. En effet, la hurdleuse Victoria Rausch est, pour l’heure, du bon côté de la barrière. Elles seront 32 en lice à Istanbul. La sportive d’élite de l’armée luxembourgeoise est… 31e. Comme le minimum demandé pour se qualifier directement semble hors de portée (8″03 alors que son record national est de 8″17), la demi-finaliste des derniers championnats d’Europe en plein air à Munich ne pourra valider sa place que via le world ranking.
La période de qualification arrive à son terme à l’issue des championnats nationaux. S’il lui reste encore une double occasion d’améliorer son temps, elle sait que c’est également le cas de la concurrence : «C’est vrai que, pour l’heure, je suis dedans. Mais ce n’est pas encore terminé», rappelle la demi-finaliste des derniers championnats d’Europe de Munich, cet été. «Il y a quelques filles qui étaient blessées cet été qui peuvent très bien faire la norme. Et dans ce cas…»
La place de Victoria Rausch ne tient effectivement qu’à un fil. Il suffirait que deux filles claquent les 8″03 demandés pour que la Luxembourgeoise se retrouve hors-jeu : «Aller à Istanbul, c’est l’objectif de ma saison. Si je ne me qualifie pas, je serai déçue», reconnaît-elle. Pour ne pas avoir de regrets, elle doit déjà faire le job dimanche à la Coque. Au-delà de la victoire, qui ne fait bien sûr aucun doute, sauf catastrophe, elle a besoin d’aller vite : «Comme les championnats rapportent plus de points qu’une course normale, il me faudrait être aux alentours de mon record national pour que le résultat soit pris en compte.»
En effet, le world ranking est établi sur la base des cinq meilleures performances durant la période de qualification, avec seulement deux perfs en salle qui peuvent être prises en compte. Pour l’heure, les deux courses qui lui ont rapporté le plus de points à l’intérieur sont sa 3e place au CMCM (8″17) et sa 5e à Miramas (8″21), où elle aurait pu aller encore plus vite : «Je me suis crispée en finale.» Elle a achevé sa préparation en Finlande, avec deux courses en 8″39 et 8″30 : «Bien sûr, ce n’est pas au niveau de mon record, mais ce n’est pas dégueu non plus», sourit-elle.
Elle se réjouit en tout cas d’avoir eu une bonne dizaine de jours avant les championnats : «Ça permet de refaire de bons entraînements.» Et de conclure : «Je me sens bien. C’est toujours cool de courir aux championnats. J’ai vraiment hâte.» À l’issue du week-end, elle devra encore patienter quelques jours, le temps que le world ranking soit officialisé, pour savoir si oui ou non elle sera bien du voyage à Istanbul.
Hoffmann peut aussi rêver d’Istanbul
Son coach, Arnaud Starck, se montre mitigé : «Il y a tout un groupe d’athlètes qui se tient tout près, et si à Miramas, elle avait pu faire un centième de mieux, elle passait devant deux ou trois filles et pouvait aborder ce week-end un peu plus tranquillement.» «C’est dommage, car maintenant ça ne dépend plus d’elle. Mais dimanche, pour prendre des points, elle va devoir être à la hauteur de son record national, voire en dessous», confirme le technicien.
Et puis, on suivra également de près la prestation de Vera Hoffmann. Son stage en Afrique du Sud aux côtés de Charel Grethen pendant plusieurs semaines lui a visiblement fait du bien. C’est simple, chaque fois qu’elle a pris un départ – hormis à Karlsruhe où elle a été engagée comme lièvre – elle a battu le record national. Ça a débuté par le 1 500 m au CMCM (4’12″52), ça s’est suivi à Boston sur le mile (4’32″05 avec un passage au 1 500 m en 4’12″96) et, dimanche dernier, elle a bouclé le 1 500 m à Dortmund en 4’11″03.
Tant et si bien que malgré une saison estivale loin d’être du même niveau, la Luxembourgeoise se retrouve aux portes des qualifications pour Istanbul. Elles seront 27 à y aller et Vera Hoffmann est classée… 28e. Dimanche, elle s’alignera sur le 1 500 m, mais ne croit pas une seconde qu’il soit possible d’aller chercher la qualif directe : «Courir 4’09″00 sans lièvre, non, je n’y crois pas», confie-t-elle. Mais avec les éventuels désistements d’athlètes qualifiées par exemple sur 1 500 m et 3 000 m (Laura Muir, Hanna Klein…), Vera Hoffmann pourrait bien également faire partie d’un contingent qui promet d’être conséquent en Turquie !
Dimanche à la Coque, championnats nationaux de 13 h 30 à 17 h 30