Anaïs Bauer n’a pas toujours eu une vie facile. Mais la jeune femme a su en faire une force. Elle court pour le plaisir… et sacrément vite!
C’est l’histoire d’une jeune femme à qui la vie n’a pas forcément fait de cadeau. Une jeune femme talentueuse et pour qui le sport doit rester un plaisir. Une jeune femme bien décidée à courir tant que ce plaisir sera là. Cette jeune femme, c’est Anaïs Bauer.
À 26 ans, l’athlète du CSL a la même philosophie sur une piste d’athlétisme que dans la vie : profiter du moment présent. Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve. Car elle sait mieux que quiconque qu’il peut très vite disparaître.
Drames successifs
Anaïs Bauer a en effet été frappée par deux terribles drames, avec la disparition de son père il y a une dizaine d’années, puis celle, beaucoup plus récente de sa mère, des suites d’une longue maladie. Une situation qui l’a conduite à devenir la tutrice légale de sa plus jeune sœur, Marine : «Étant mineure, elle avait besoin d’une tutrice, sinon elle se serait retrouvée en foyer. Et ça, je ne le voulais pas», explique la spécialiste du 200 m, qui n’a pas hésité un seul instant. «Je l’ai adoptée et j’en suis très contente», résume-t-elle.
Et d’ajouter : «Je me sens davantage comme une colocataire que comme une mère pour elle», reconnaît-elle en évoquant celle qui est désormais majeure. La cohabitation à trois se passe bien. En effet, elle partage désormais sa vie avec son copain qu’elle a rencontrée… grâce à sa petite sœur!
Ces drames successifs, ça forge forcément un caractère. Ça permet de savoir où est l’essentiel. Ce qui compte vraiment. C’est vrai dans sa vie de tous les jours. Mais donc, également sur une piste d’athlétisme.
Anaïs Bauer, c’est déjà un talent. Qui a démarré sa carrière il y a dix ans pratiquement jour pour jour, en même temps qu’un certain Pol Bidaine : «On a démarré ensemble. Cela fait quatre ans que nous sommes les sprinteurs les plus âgés de l’équipe nationale. C’est vraiment cool de s’entraîner avec elle. L’année dernière, on a encore fait un stage à Tenerife et j’espère qu’on en fera d’autres», confie le sprinteur du CAB, qui sera également présent sur ce rendez-vous international. Mais Anaïs Bauer veut profiter de la vie. Pas question, pour elle, de s’infliger des séances d’entraînement à l’envi pour gagner quelques centièmes : «Pour moi, le sport ça reste un hobby. J’ai une vie à côté», aime-t-elle rappeler.
Changement de position dans les starts
En clair, alors que certaines s’entraînent énormément, la sprinteuse du CSL se contentait, jusqu’à l’an passé, de deux séances hebdomadaires. Depuis cette saison, elle a toutefois accepté d’augmenter un peu la dose : «Avec mes entraîneurs on a décidé de passer à trois, voire quatre fois par semaine.»
Et c’est justement lors d’une de ces séances qu’il a été décidé de faire un sacré changement. En effet, alors qu’elle s’est montrée à son avantage lors de ses premières sorties de la saison, à l’image d’un nouveau record personnel sur le 200 m la semaine dernière (24″75), elle a décidé de… changer son pied d’appui dans les starts : «On fait toujours des essais. Avant, je prenais toujours le départ avec le pied gauche en arrière mais Arnaud (Starck) s’est rendu compte que je pousserai plus fort avec le pied droit en arrière. On a essayé, cela ne me pose pas trop de problème car je suis plutôt bien équilibrée au niveau de mon corps. Et j’ai hâte de voir ce que ça va donner.»
Elle espère que cette nouvelle arme lui permettra d’atteindre rapidement son objectif : courir le 60 m en 7″50, elle dont le record personnel est fixé à 7″58. Vendredi, elle aura fort à faire puisqu’elle trouvera face à elle l’Allemande Laura Müller, l’une des meilleures spécialistes du 400 m mais dont le record personnel sur 60 m en fait pâlir plus d’une (7″38), soit exactement le même que le record du Luxembourg, détenu par Tiffany Tshilumba.
Müller sera bien sûr au départ du 400 m mais pas Anaïs Bauer : «Je sais que je me débrouille plutôt bien, mais je déteste cette distance. C’est vraiment horrible pour moi», confie la véritable spécialiste du 200 m. Qui a d’ailleurs comme principal objectif, cet été, d’aller chercher les 23″96 de Mirjam Hess en 2004, qui constituent encore le record national de la distance : «L’an passé, j’ai fait 24″11 avec vent de face.» Elle va tout faire pour y parvenir. Si ça marche, tant mieux. Sinon, il y a des choses plus graves dans la vie. Carpe diem!
Le programme : début à 13 h 15 avec les séries du 60 m haies féminin et fin à 17 h 10 avec le 200 m masculin.
Romain Haas
Ce sera sans van der Weken
On espérait la retrouver rapidement sur les pistes, mais malheureusement l’année a très mal démarré pour Patrizia van der Weken. En effet, la meilleure sprinteuse luxembourgeoise s’est assez sérieusement blessée à la cheville lors d’un entraînement. Et on n’est pas près de la revoir chausser les pointes : «J’en ai pour plusieurs mois», confie-t-elle.
Autre absent mais pour une autre raison : Pol Mellina. Le spécialiste du demi-fond privilégie l’entraînement afin de rester compétitif «de manière durable» pour la suite de la saison. Quant à son grand rival, celui qui est désormais le meilleur spécialiste de la discipline, Bob Bertemes, il était initialement prévu sur deux courses, à savoir un 3 000 m et un 1 500 m. Mais finalement, il semble bien que le 1 500 m passe à la trappe : «Il n’y a personne. La course va être a priori retirée du programme. Je ne comprends pas pourquoi, mais le meeting n’a aucun succès», regrette le champion des 3 000 m et 5 000 m indoor cette saison.
Autre Luxembourgeois à suivre : Charel Gaspar. Le spécialiste de la hauteur va effectuer ses grands débuts cette saison.