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[Ski] Des bleus pâles à Méribel


Alexis Pinturault a sauvé les meubles pour l’équipe de France. (Photo : afp)

En retrait avec les seules deux médailles d’Alexis Pinturault, l’équipe de France fait face à un potentiel trou générationnel.

Merci Pinturault

Malgré sa saison difficile, Alexis Pinturault a sauvé le bilan de l’équipe de France avec son titre dans le combiné et sa médaille de bronze dans le super-G. À 31 ans, «Pintu» a montré pourquoi il avait bâti en douze ans le palmarès le plus complet du ski français avec trois médailles olympiques, sept podiums individuels aux Mondiaux, 34 victoires en Coupe du monde et le gros globe de cristal 2021.

«Un titre et une médaille de bronze dans mon pays, ma station, je ne le revivrai pas. J’ai déjà fait des Mondiaux avec plusieurs médailles, mais pas avec les mêmes émotions. Skier à domicile m’a donné un petit quelque chose, j’avais envie de m’amuser devant le public français, ma famille, mes amis, mon village», a-t-il commenté.

Des blessures, du chocolat, pas de densité

La réussite de Pinturault masque difficilement le bilan du reste de l’équipe : la France, 6e du tableau des médailles à domicile, compte sur ces championnats autant de médaillés… que la Grèce. Un vrai recul après les cinq podiums de Cortina d’Ampezzo en 2021.

Les Bleus peuvent déplorer quelques scénarios de course malheureux : le champion olympique du slalom Clément Noël a manqué le podium pour trois centièmes de seconde; la jeune Marie Lamure a terminé au pied du podium du slalom parallèle; la géantiste Tessa Worley, en route pour un podium, est partie à la faute à quelques portes de l’arrivée.

Mais l’absence de densité dans l’équipe saute aux yeux et a été accentuée par les forfaits des blessés Victor Muffat-Jeandet, Matthieu Bailet, Thibaut Favrot et Cyprien Sarrazin.

«On visait trois médailles, ça fait deux, c’est conforme à notre niveau dans la hiérarchie mondiale. Il n’y a pas eu de miracle, on est à notre place», a jugé le DTN Pierre Mignerey, lucide par rapport à une équipe qui peine à monter sur les podiums du circuit Coupe du monde.

Attention à la suite

Dans cette équipe déjà peu dense, plusieurs cadres vont partir à la retraite à la fin de la saison, comme le vice-champion olympique de descente Johan Clarey et la slalomeuse Nastasia Noens. Tessa Worley, double championne du monde du géant qui porte l’équipe féminine depuis dix ans, n’a pas encore annoncé sa décision, mais semble sur le départ. Plusieurs autres cadres, comme Pinturault (32 ans en mars), Victor Muffat-Jeandet (34 ans en mars) et Adrien Théaux (38 ans), attaquent la dernière partie de leur carrière.

À Courchevel et Méribel, quelques jeunes se sont montrés, comme le champion du monde junior Alban Elezi Cannaferina (19 ans) et surtout Marie Lamure (21 ans). La skieuse de Courchevel a enflammé un public ronronnant en tutoyant le podium sur le parallèle (4e) avant de signer son meilleur résultat au niveau international dans le slalom (16e), elle qui a marqué ses premiers points en Coupe du monde cet hiver.

«Un certain nombre de skieurs vont s’arrêter, c’est pour ça qu’on avait sélectionné des gens prometteurs, qui représentent l’avenir immédiat en Coupe du monde dès la saison prochaine, ajoute Pierre Mignerey. On va travailler avec eux pour les amener aux premières places. On peut faire confiance à l’équipe pour travailler avec ces jeunes et les amener au plus haut niveau.»

Interrogé sur la réussite de la Norvège (9 médailles), qui ne fait pas partie des plus gros budgets comme la Suisse ou l’Autriche, le DTN reconnaît que ce pays inspire la fédération française. «Il faut qu’on regarde comment ça se passe chez eux, même si on ne peut pas copier les systèmes, ils ont une approche différente. Il faut qu’on organise notre système avec la culture et les moyens qu’on a. On a du travail pour avoir plus de cartes à jouer. Mais oui, un petit voyage d’étude en Norvège nous ferait du bien.»