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Rejouer ou pas, le foot italien se déchire


A Rome, on espère la reprise au plus tôt. Mais tous les clubs ne sont pas de cet avis. (illustration AFP)

Le 20 mai ? En septembre ? En octobre ? Jamais ? En pleine crise sanitaire, les clubs du football italien se déchirent depuis des semaines quant à l’opportunité de reprendre la compétition.

On ignore toujours si les matches se disputeront, mais les positions sont désormais bien établies. L’Italie est certes confinée, mais les dirigeants des clubs de Serie A trouvent toujours le moyen de se faire entendre. Tous se sont exprimés dans les médias, qui ont aussi relayé quelques fuites sorties des innombrables réunions en visio-conférence organisées par la Ligue ou la fédération.

Longtemps, c’est le camp du « non » qui a parlé le plus fort. « Ce virus c’est la peste », lançait ainsi le 22 mars le président de Brescia, Massimo Cellino, pour qui la saison était d’ores et déjà « finie ». « Recommencer à jouer serait une pure folie », ajoutait-il quelques jours plus tard, se disant prêt à perdre tous les matches par forfait en cas de reprise du championnat.

Urbano Cairo, l’influent président du Torino, était sur la même ligne : « Selon moi, le championnat est fini. Le titre ne sera pas attribué. » Parmi les partisans de l’arrêt définitif de la saison, on trouve de nombreux clubs installés dans les régions les plus durement touchées par le virus, comme Brescia, les deux clubs de Milan ou le Torino. Mais il y a aussi de nombreux mal-classés, comme le Genoa (17e), la Sampdoria (16e) ou le Torino (15e), pour lesquels le risque de relégation existe en cas de reprise.

« Tu es devenu virologue… »

A l’inverse, le chef de file du groupe des pro-reprise a toujours été Claudio Lotito, président de la Lazio Rome, deuxième à un point seulement de la Juventus quand le championnat s’est arrêté et en droit de rêver à un scudetto que son club n’a levé que deux fois en 120 ans d’histoire.

Le 24 mars, le quotidien sportif Tuttosport rapportait ainsi un échange, pas démenti par les intéressés, entre Lotito et le président de la Juventus Andrea Agnelli. « Vous avez vu les chiffres ? Oh, ça baisse ! Mais moi je parle avec des médecins qui s’y connaissent, qui sont en première ligne, pas avec ceux de l’équipe », lançait Lotito. « Ah oui, bien sûr. Et puis tu es devenu virologue… », répondait Agnelli, alors classé parmi les sceptiques. Mais la réflexion d’Agnelli a évolué et la Juventus a rejoint les partisans de la reprise, désormais majoritaires avec ce renfort de poids.

La confirmation de la position du président turinois est venue d’un courrier conjoint de l’UEFA, de l’Association des Ligues européennes et de l’ECA, le syndicat européen des clubs dont il est le président. « Nous croyons que toute décision d’abandonner les compétitions domestiques est à ce stade prématurée et non justifiée », écrivaient jeudi les auteurs de ce texte. La fédération italienne elle aussi a maintenu le cap depuis le début de la crise et milite pour une reprise du championnat.

C’est le virus qui décidera

Mais la question de la date reste la grande inconnue. Gabriele Gravina, président de la fédération, a évoqué plusieurs options. Mais celle qui revient le plus souvent est celle du 20 mai, où pourraient se disputer quatre matches en retard de la 25e journée. La plupart des observateurs tablant sur au moins trois semaines de préparation, les entraînements devraient donc reprendre à la fin du mois d’avril. Dans cette optique, les clubs auraient commencé à rappeler les joueurs étrangers ayant quitté l’Italie, qui devront respecter une quarantaine de 14 jours à leur retour. Le Corriere dello Sport écrit ainsi mardi que l’Inter, dont sept joueurs sont actuellement loin de la Péninsule, leur a demandé d’être de retour à Milan lundi prochain.

Mais s’il est donc l’heure de commencer à réfléchir à l’après, chaque communiqué, chaque prise de parole, s’accompagne d’une phrase de prudence devenue presque rituelle : reprendre, peut-être, mais « quand les conditions sanitaires et les autorités le permettront ». Au bout du compte, c’est bien le virus qui décidera.

LQ/AFP