Bonucci expulsé, Donnarumma hué, San Siro insuffisant… L’Italie, après trois ans sans défaite, a été brutalement ramenée sur terre mercredi à Milan par une audacieuse Espagne (1-2), qui jouera la finale de la Ligue des nations contre la France ou la Belgique.
En prenant sa revanche après la cruelle élimination aux tirs au but à Wembley en demi-finale de l’Euro, il y a trois mois, la Roja met fin à 37 matches sans défaite des champions d’Europe, le record pour une sélection nationale. « Ça devait arriver, tôt ou tard, à choisir c’est mieux ce soir qu’en finale de l’Euro », a estimé Roberto Mancini.
Un doublé de Ferran Torres (17e, 45e+2) et l’exclusion du capitaine Leonardo Bonucci (42e) ont assommé l’Italie avant la pause. Le but tardif de Lorenzo Pellegrini (83e) n’aura suffi qu’à rallumer le volcan San Siro sur les dernières minutes.
Privé de nombreux titulaires de l’Euro, le sélectionneur espagnol Luis Enrique est allé chercher la finale avec son audace : il a lancé d’entrée le milieu du FC Barcelone Gavi, devenu le plus jeune joueur à porter le maillot de l’Espagne à 17 ans. L’ailier de Villarreal Yéremi Pino, 18 ans, a aussi eu droit à sa première. Bien encadré par les expérimentés Sergio Busquets et Koke, Gavi a affiché un sacré sang-froid face à Marco Verratti, son « idole » selon Luis Enrique.
« Je savais qu’il pourrait apporter beaucoup de caractère et de personnalité, malgré son jeune âge (…). Il est le futur de notre équipe nationale, mais aussi son présent », a souligné le sélectionneur. C’est finalement le capitaine azzurro Leonardo Bonucci qui a perdu ses nerfs : son carton jaune pour contestation (30e) a pesé lourd quand est arrivé le second pour un coup de coude aérien.
Donnarumma sifflé et fébrile
L’Espagne a pris le large dans la foulée, plombant l’ambiance à San Siro, ce stade où la Nazionale a vécu l’un des pires moments de son histoire, privée du Mondial-2018 en barrages de qualification contre la Suède (0-0) en novembre 2017. Jouer à domicile, devant 37 000 spectateurs (maximum possible, avec une capacité toujours limitée à 50% en Italie), n’aura donc pas suffi.
L’ex-Milanais Gianluigi Donnarumma aurait d’ailleurs préféré être bien loin de San Siro, pour échapper aux sifflets qui lui sont tombés dessus de la part de tifosi rossoneri n’ayant pas pardonné son départ pour le Paris SG. Le héros des « nuits magiques » de l’Euro a essayé de ne pas réagir, mais il a affiché une fébrilité inhabituelle, en relâchant un ballon a priori facile sur son poteau (19e). « Gigio » n’a en revanche rien à se reprocher sur les buts espagnols : Ferran Torres a signé deux reprises parfaites, au ras du poteau, sur des centres millimétrés de Mikel Oyarzabal.
« C’est navrant, c’est l’Italie qui jouait, ce n’était pas un match de clubs. Je pense qu’on pouvait mettre ça de côté pour un soir », a regretté Mancini en conférence de presse au sujet de ces sifflets. Sans son avant-centre, Ciro Immobile, blessé, l’Italie a quand même tenté mais n’a pas su concrétiser ses belles occasions à onze contre onze. Federico Bernardeschi, titularisé dans un poste de « faux neuf », a vu son tir dévié sur le poteau par Unai Simon (34e), et Lorenzo Insigne a manqué la cible en position idéale (35e).
À dix contre onze, la Nazionale a attaqué à deux, insuffisant malgré les entrées en jeu de Moise Kean et Pellegrini, auteur du but de l’espoir. L’Italie et Jorginho ne gagneront pas d’autre trophée en 2021. Mais Donnarumma ne sera pas mécontent d’aller jouer dimanche à Turin, où aura lieu la « petite finale » contre le battu de France-Belgique ce jeudi soir.
AFP/LQ