Un changement d’ère en deux temps à Paris : le PSG a officialisé samedi la nomination de Mauricio Pochettino au poste d’entraîneur, cinq jours après la confirmation du limogeage de Thomas Tuchel. L’Argentin est censé amener un nouveau souffle au projet QSI pour atteindre enfin la consécration européenne.
Après deux ans et demi de montagnes russes avec Tuchel, qui a alterné le très haut (finale de Ligue des champions 2020) et le très bas (élimination piteuse en huitièmes en 2019), le club champion de France a confié sa destinée à un technicien bâtisseur, connu pour son exigence et son passé de joueur de la capitale… plus que pour son palmarès d’entraîneur, désespérément vierge.
« Je reviens aujourd’hui au club avec beaucoup d’ambitions et d’humilité, tout en étant également très impatient de travailler avec des joueurs qui figurent parmi les plus talentueux du monde. Cette équipe a un potentiel fantastique », a souligné Pochettino qui s’est engagé jusqu’en juin 2022, avec une option pour une année de plus.
« Le retour de Mauricio Pochettino s’inscrit parfaitement avec nos ambitions et marquera un autre chapitre pour le club qui, je suis sûr, ne manquera pas de ravir nos supporters. Avec cette nomination de Mauricio Pochettino, le Paris Saint-Germain s’engage à poursuivre son fort développement dans les années futures », s’est félicité le président du club de la capitale, Nasser Al-Khelaïfi.
Le départ de Tuchel, qui avait pris par surprise les suiveurs du club comme l’intéressé, est intervenu à six mois du terme de son contrat, mais sa fin de mandat a été émaillée d’incompréhensions avec sa direction concernant le mercato ou l’aspect « politique » de son rôle.
Pochettino (48 ans) arrive à Paris auréolé de son expérience à Tottenham (2014-2019), un club qu’il a rebâti sur la durée jusqu’à atteindre la finale de la Ligue des champions en 2019, perdue contre Liverpool à Madrid (2-0).
Courir davantage
C’est cette dernière marche que le PSG, lui-même battu en finale de la prestigieuse C1 en août dernier par le Bayern (1-0), espère franchir avec Pochettino, présenté dans la presse comme le choix direct du président Nasser Al-Khelaïfi plutôt que celui du puissant directeur sportif Leonardo. Il est le sixième entraîneur à occuper le banc depuis le rachat du club en 2011 par le fonds qatarien QSI.
« On va travailler pour gagner la Ligue des champions parce que c’est notre objectif », prévenait Al-Khelaïfi le 23 août après la finale perdue. « On y croit plus qu’avant ». La pression est désormais sur les épaules de Pochettino, qui aura très peu de temps pour appréhender son nouveau rôle avant la reprise de l’entraînement le 3 janvier, puis un déplacement à Saint-Étienne le 6 janvier.
Sont en ligne de mire un premier titre à aller chercher le 13 janvier dans le Trophée des champions contre Marseille, puis le très attendu huitième de finale de Ligue des champions contre le FC Barcelone de Lionel Messi (16 février-10 mars).
Le tout avec un mercato d’hiver ouvert le 2 janvier qui pourrait permettre à « Poche » d’obtenir quelques renforts.
A Paris, l’Argentin sait déjà qu’il devra gérer les égos de superstars planétaires comme Neymar ou Kylian Mbappé et les inciter à courir davantage pour coller à ses idées de beau jeu et de pressing intense. « On pourrait penser que certains entraîneurs trouvent cela difficile, qu’il faut être courageux pour prendre en main un tel effectif ? Moi, je pense tout le contraire », déclarait-il en 2018 en évoquant les effectifs où les stars abondent.
Pour ce disciple de Marcelo Bielsa, passé par l’Espanyol Barcelone (2009-2012) et Southampton (2013-2014), redynamiser le style du PSG sera un beau défi : sous Tuchel, entre les nombreuses absences sur blessure et les repositionnements hasardeux de certains joueurs, le fond de jeu s’était délité ces derniers mois, reposant majoritairement sur les fulgurances de « Ney » et Mbappé. C’est ce qui a valu au PSG de ne sortir qu’in extremis de sa poule en C1. Et c’est ce qui vaut à Paris de n’être que troisième à la trêve derrière le duo Lyon-Lille en Ligue 1.
C’est à la lumière de ces attentes que « Poche » sera jugé. Avec une obligation de rendement immédiat.
LQ/AFP