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[Football] La tentation de retenir les internationaux face au Covid


Le Bayern Munich, dont le joueur autrichien David Alaba doit se déplacer en Écosse, zone considérée "à risques" par l'Allemagne, est en droit de retenir son défenseur pour lui éviter une quarantaine de 14 jours à son retour. (archives AFP)

Et si le Covid-19 affaiblissait le football des nations ? La Fifa a assoupli ses règles de convocation des joueurs pour la prochaine trêve internationale, et certains clubs vont retenir leurs stars, malgré des matches de qualification pour la prochaine Coupe du monde, notamment.

Qui est concerné ?

Dès lundi, la majorité des sélections nationales du globe entament un rassemblement international d’une dizaine de jours. En Europe et en Amérique du Nord, l’heure est aux qualifications pour le Mondial-2022, tandis qu’en Afrique, les qualifications pour la Coupe d’Afrique des nations touchent à leur fin.

En Amérique du Sud en revanche, les qualifications du Mondial ont été reportées, facilitant la gestion des cas de nombreuses stars (Neymar, Messi…) qui resteront au sein de leur club.

Problème : toutes ces rencontres impliquent des centaines de kilomètres de voyages, des dizaines de pays visités et autant de risques supplémentaires de contracter le virus… Ou de devoir respecter au retour, selon les restrictions mises en place, une période d’isolement plus ou moins longue, mais absolument pas compatible avec le calendrier des compétitions de clubs.

Les clubs peuvent-ils retenir leurs joueurs ?

Consciente de cette situation, la Fifa a assoupli depuis plusieurs mois les règles de mise à disposition des joueurs internationaux. Depuis août dernier, elle permet en effet aux clubs de conserver leurs internationaux si « une quarantaine d’au moins cinq jours est obligatoire à compter de l’arrivée » sur le lieu « où est censé se disputer le match de l’équipe nationale » du joueur, ou sur le lieu du club de celui-ci à son retour.

Par exemple, le Bayern Munich, dont le joueur autrichien David Alaba doit se déplacer en Écosse, zone considérée « à risques » par l’Allemagne, est en droit de retenir son défenseur pour lui éviter une quarantaine de 14 jours à son retour. « On s’oriente vers le fait qu’il ne puisse pas y aller », a affirmé son entraîneur Hansi Flick mardi.

Quels clubs feront ce choix ?

Partout en Europe, les prises de position des clubs se multiplient en faveur du blocage des internationaux amenés à voyager hors du Vieux Continent. « On ne peut pas laisser les garçons partir et ne se préoccuper de la situation qu’à leur retour », a récemment pesté Jürgen Klopp, l’entraîneur de Liverpool. « Nous sommes à une époque où il n’est pas possible de contenter tout le monde et il faut reconnaître que les joueurs sont payés par les clubs, ce qui signifie que nous sommes prioritaires ».

En France, Brest a déjà confirmé qu’il ne libérerait pas son milieu de terrain algérien Haris Belkebla et son attaquant béninois Steve Mounié, comme Metz avec une dizaine de joueurs, ou Dijon et Nantes avec tous leurs joueurs évoluant hors espace européen.

Les clubs professionnels français ont acté mardi une « position commune » sur le sujet, impliquant une mise à disposition uniquement « si le cadre sanitaire exigé par les instances françaises est respecté par les fédérations étrangères », selon un communiqué des syndicats de clubs Première Ligue – UCPF. « Ce qui est en bonne voie, c’est (…) une dérogation qui consisterait à (…) dire que si la bulle (sanitaire) n’était pas contournée ou altérée, les joueurs pourraient ne pas avoir à faire cette septaine en rentrant de leur sélection », explicite Jean-Michel Aulas, le président de Lyon. En d’autres termes, les joueurs pourraient bénéficier de dérogations des autorités si leurs fédérations respectives s’engagent à organiser des retours en avions privés, sans contacts avec le monde extérieur…

Comment les sélections vivent-elles la situation ?

Pour les sélectionneurs, c’est un nouveau casse-tête qui survient après de nombreux rassemblements marqués par les polémiques entre clubs et sélections, sur fond de calendrier surchargé et matches reportés pour cause de crise sanitaire.

Le sélectionneur suédois Janne Andersson a notamment déploré l’absence de Marcus Danielson et Gustav Svensson, qui évoluent en Chine. « Bien sûr, c’est ennuyeux qu’ils soient stoppés », a-t-il regretté en conférence de presse.

La situation est plus inquiétante pour de nombreuses sélections africaines. Le sélectionneur de la Guinée, Didier Six, a ainsi dû négocier avec Liverpool pour avoir son milieu Naby Keita pour le premier match, contre le Mali le 24 mars. « Cela ne sert à rien de râler, il faut comprendre les clubs », indique-t-il.

LQ/AFP

 

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