Gagner un premier trophée majeur et venger les hommes, qui ont échoué l’an dernier, les Anglaises, portées par tout un peuple, seront en mission contre l’Allemagne.
Au vu des chiffres, l’Angleterre ne part pas favorite face à une Allemagne qui tente de retrouver sa suprématie sur le football féminin. Huit fois sacrées au niveau continental, en 12 éditions, les Allemandes ont régné sans partage sur six éditions de 1995 à 2013. Elles ont notamment étrillé l’Angleterre en finale de l’édition finlandaise, en 2009 (6-2).
Le palmarès des Anglaises fait pâle comparaison, puisque hormis la déroute d’Helsinki, elles n’ont qu’une autre finale d’Euro à leur actif, perdue face à la Suède, lors de la toute première édition en 1984. Mais en accédant à la finale, elles ont déjà mis fin à une série noire de trois défaites consécutives en demie, et elles arrivent avec un élan sportif et populaire sans précédent.
Mis à part le quart de finale contre l’Espagne, l’équipe dont le style lui convient le moins, l’Angleterre a survolé tous ses matches, même contre la Norvège (8-0), ou la demi-finale contre la Suède (4-0), pourtant n° 2 au classement FIFA.
Sous l’impulsion de leur sélectionneuse néerlandaise Sarina Wiegman, les Anglaises ont développé un jeu séduisant, diablement efficace – 20 buts marqués en 5 matches, un seul encaissé – et même parfois spectaculaire, à l’image de la frappe victorieuse en pleine lucarne de Georgia Stanway contre l’Espagne ou la talonnade d’Alessia Russo entre les jambes de la gardienne suédoise.
Malgré une polémique avant la compétition sur le choix de certains stades, jugés indignes ou en tout cas trop petits pour la compétition, le succès populaire a été au rendez-vous, y compris pour les matches sans l’Angleterre.
L’UEFA a indiqué que près de 490 000 spectateurs ont assisté aux 30 matches déjà disputés, soit plus de 16 000 par rencontre en moyenne et surtout plus du double du total de l’édition 2017, qui avait établi le précédent record à 240 055. Et ce chiffre devrait être porté bien plus haut avec la finale, Wembley pouvant accueillir 87 200 places.
Un intérêt médiatique croissant
Avec la présence du pays hôte en finale, le record d’affluence pour un match de l’Euro, féminin ou masculin, pourrait bien être battu, puisqu’il est actuellement de 7 115, lors de la finale de l’Euro-1964 en Espagne, remportée par cette dernière face à l’URSS (2-1).
L’intérêt médiatique a été aussi croissant, la demi-finale entre l’Angleterre et la Suède attirant 9,3 millions de spectateurs, sans compter ceux qui regardaient le match sur ordinateur, écrans géants ou dans des lieux de restauration.
Remarquablement peu utilisé dans les stades depuis le début de la compétition, l’hymne officieux et doux-amer des «Three Lions», Football’s Coming Home (le football revient à la maison), qui a rythmé les désillusions masculines depuis 25 ans, pourrait donc bien être rendu caduque par les «Lionesses» dimanche soir.
Le souvenir cinglant de la défaite aux tirs au but contre l’Italie, il y a un peu plus d’un an, reste évidemment dans toutes les têtes. Mais tout le pays veut croire que 56 ans d’attente, depuis le sacre planétaire de l’équipe masculine en 1966, vont prendre fin. C’était déjà à Wembley. Déjà contre l’Allemagne.