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Euro : Fernando Santos, « père la victoire » du Portugal


Fernando Santos, un leader charismatique derrière (ou devant) lequel les joueurs se retrouvent comme dans une famille. (photo AFP)

Homme de foi, austère et pragmatique, le sélectionneur Fernando Santos restera dans l’histoire pour avoir offert au Portugal son premier grand titre international, bénéficiant depuis l’Euro-2016 d’une aura victorieuse qui lui permet d’imposer ses choix sans contestation.

En poste depuis octobre 2014, l’entraîneur de 66 ans a déjà été prolongé jusqu’à l’Euro-2024, la Fédération portugaise de football lui renouvelant ainsi sa confiance malgré un Mondial-2018 peu convaincant, terminé en huitièmes de finale par une défaite face à l’Uruguay.

Réaliste à outrance – « bien jouer n’est pas la même chose que faire du beau jeu », répète-t-il souvent – cet ingénieur de formation a longtemps mené sa carrière de joueur, puis d’entraîneur, en parallèle avec celle de directeur technique d’un palace à Estoril, dans la banlieue chic de Lisbonne.

Ce n’est qu’à 43 ans, pour devenir coach du FC Porto, qu’il quitte cet hôtel pour se consacrer au football à plein temps. Ses parents lui avaient pourtant transmis la passion pour ce sport dès le plus jeune âge, en l’emmenant à l’inauguration du stade du Benfica Lisbonne quand il n’avait pas encore deux mois. Dès sa première saison aux commandes de Porto, Santos remporte le Championnat national avec l’équipe qui s’était déjà imposée quatre années de suite, pour être affublé du titre d’ « ingénieur du quintuplé ».

Entre le Portugal et la Grèce

Santos passe ensuite par le Sporting puis par le Benfica, devenant le premier technicien portugais à avoir dirigé les trois plus grands clubs de son pays. Au Sporting, l’entraîneur croise un jeune Cristiano Ronaldo, alors âgé de 18 ans, pour jeter les bases d’un rapport de confiance et d’amitié qui les lie encore.

Sa carrière a été marquée également par plusieurs séjours en Grèce, où il a d’abord entraîné plusieurs clubs (AEK Athènes, Panathinaïkos et PAOK Salonique) avant d’être nommé en 2010 à la tête de l’équipe nationale, avec laquelle il a atteint les quarts de finale de l’Euro-2012 puis les huitièmes de finale du Mondial-2014.

C’est aux commandes de la Seleçao qu’il a atteint la consécration. Au sacre européen de 2016, il ajoute en 2019 la première édition de la Ligue des nations, organisée par le Portugal. Cinq ans après l’Euro-2016, Santos reste fidèle à ses convictions, appelant onze champions d’Europe et quatre milieux défensifs sur un effectif de 26 joueurs. Malgré son regard sévère et ses réponses brèves en conférence de presse, Fernando Santos est un leader charismatique, derrière lequel les joueurs se retrouvent comme dans une famille.

Changement de mentalité

Cet esprit de groupe a été la clé de la victoire portugaise à l’Euro-2016, bien plus que les talents individuels ou la qualité du jeu collectif proposé. Fervent catholique, le sélectionneur a injecté une ambition nouvelle pour le football portugais, jusque là habitué aux jolies performances et à de maigres résultats.

« Nous reviendrons ici dans deux ans pour la finale », avait-il annoncé, tel un oracle, à ses joueurs pour son tout premier match avec la Seleçao, justement au Stade de France, lors d’une défaite contre les Bleus en octobre 2014. Deux ans plus tard, le Portugal y remportait la finale de l’Euro-2016.

« Cela fait longtemps que nous n’allons pas aux grands tournois pour participer, mais pour les gagner », a-t-il prévenu début mai, en revendiquant ce changement de mentalité qui, indépendamment du résultat du Portugal à l’Euro, restera comme le principal legs de Fernando Santos.

« Le Portugal est une des meilleures équipes du monde. Nous avons toujours eu cette responsabilité et nous abordons tous les matches de la même façon depuis que le coach est arrivé : c’est toujours pour gagner, gagner, gagner » a résumé cette semaine le défenseur vétéran, José Fonte.

LQ/AFP