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[Cyclisme] Une histoire de cycle…


Wout van Aert et Christophe Laporte n’ont laissé que des miettes à leurs rivaux, dimanche, à Wevelgem. (photo AFP)

L’équipe Jumbo-Visma est devenue aussi efficace que la grande Quick Step aujourd’hui en proie au doute.

Le sans-faute parfait. La réussite actuelle de l’équipe Jumbo-Visma a de quoi démoraliser ses rivales, invitées pour le moment à se contenter des miettes dans le registre des classiques flandriennes (succès de Wout van Aert au Nieuwsblad et au Grand Prix E3, de Tiesj Benoot à Kuurne et donc Christophe Laporte à Wevelgem). Pareille domination n’est toutefois pas inédite et, forcément, rappelle une époque pas si lointaine où la grande Quick Step raflait tout, même les classiques moins huppées comme À Travers la Flandre, qui sera d’ailleurs courue mercredi.

Tout a une fin, une histoire de cycle, les choses changent et si Jumbo-Visma semble aujourd’hui tenir entre ses mains le reste du peloton, c’est d’abord parce qu’elle dispose des meilleurs coureurs du moment pour former une équipe à plusieurs têtes, pour le moment, imprenable sur le terrain. À y regarder de plus près, il s’agit en fait de la copie conforme de l’équipe belge Quick Step, aujourd’hui en grande souffrance. Son manager Patrick Lefevere l’a bien compris et son trait d’humour, vendredi dernier à l’issue du Grand Prix E3 où venait de s’imposer Wout van Aert devant Mathieu Van der Poel et Tadej Pogacar, reflétait cette dure réalité. «Le meilleur moment de la journée a été mon déjeuner», déclamait-il, cinglant, dans l’aire d’arrivée.

La déroute fut plus grande encore dimanche, sur Gand-Wevelgem, à deux pas du siège de l’équipe belge. De loin, les fesses dans un fauteuil, il est facile de constater ce qui ne marche pas. Ou ce qui ne marche plus. Les adversaires qui ont dû à l’époque se coltiner la domination de la bande à Lefevere ont fait et refait mille fois, ces classiques qui se soldaient pour eux avec un immense sentiment d’impuissance. C’est un copier-coller dont le résumé rappelle que le cyclisme est avant tout un sport collectif. Marquage, anticipation, débordement, pressing, percées, cohésion.

Lorsque dimanche dans le mont Kemmel, Van Aert accéléra à la sortie du dernier virage menant au plus dur de la pente, il n’y eut que son coéquipier Christophe Laporte pour pouvoir le suivre. Ensuite, le grand Nathan Van Hooydonck s’évertuait à tuer dans l’œuf toute tentative de chasse alors qu’Olav Kooij restait prêt à toute éventualité. Résultat, les poursuivants, parmi lesquels on vit œuvrer le Luxembourgeois Alex Kirsch, s’époumonèrent. En pure perte, car les écarts au mieux se stabilisèrent.

Lorsqu’une équipe domine avec autant d’insolence, c’est désespérant pour ses rivales, une sorte de cercle vicieux auquel il est difficile d’échapper.

Van der Poel et Pogacar sont bienvenus…

Mais à l’exemple de Mathieu Van der Poel dans Milan-San Remo, ce n’est pas une fatalité non plus. D’ailleurs, comme à Harelbeke vendredi, Tadej Pogacar et le coureur néerlandais seront là dimanche pour le Tour des Flandres. Et pas simplement pour monter sur le podium.

À l’évidence, ils ont les moyens de faire dérailler les abeilles de Jumbo-Visma. Et pas seulement eux si des garçons comme Stefan Küng, Mads Pedersen, Filippo Ganna et tant d’autres encore, s’accordent pour monter des alliances de circonstance. Bien plus facile à écrire qu’à faire si on s’en tient aux faits historiques. Car cela reste toujours purement théorique. Comme dimanche, le plus souvent, les équipes prises en tenaille par la plus forte du moment sur le terrain, ont cette fâcheuse tendance à jouer petit bras et à se contenter des miettes que sont les places d’honneur. C’est humain. Dans ces classiques dévoreuses d’énergie, la seule erreur se paye cash. Et on perd si vite le leadership.

Pour le moment, plusieurs formations paraissent ainsi avoir des arguments. Dont les équipes des coureurs luxembourgeois engagés dans ces classiques flandriennes. La formation Groupama-FDJ possède, avec Stefan Küng, Valentin Madouas et bien sûr Kevin Geniets, des moyens de peser sur la course. De tenter. Idem pour la Trek-Segafredo d’Alex Kirsch avec le duo Mads Pedersen et Jasper Stuyven.

Reste à concrétiser tout ça sur les trois derniers rendez-vous flamands, Waregem, mercredi, le Tour des Flandres dimanche et Paris-Roubaix huit jours plus tard.

On ne sait pas si Patrick Lefevere retrouvera le sourire d’ici là, mais on en doute un peu. Julian Alpahilippe et Kasper Asgreen auront dès dimanche une grosse pression sur le dos. «On fera le bilan des classiques au soir de Liège-Bastogne-Liège», a coutume de rappeler le manager de Quick Step. L’an passé, Remco Evenepoel qui avait magistralement raflé la Doyenne, avait ainsi sauvé le printemps de l’équipe belge. «Le petit Cannibale»  sera bien au départ pour défendre son bien le 23 avril. Mais d’ici là….