Victime d’une terrible défaillance à 10 kilomètres de l’arrivée, Tadej Pogacar a laissé filer le maillot jaune, Jonas Vingegaard, deuxième de l’étape derrière l’Autrichien Felix Gall, vainqueur de la 17e étape du Tour de France.
«J’ai lâché, je suis mort…» Il est 16 h 50 et Tadej Pogacar affiche le masque «rien ne va plus». Maillot blanc ouvert de bas en haut, visage livide, Tadej Pogacar vient de donner lui-même l’info dans la radio interne de son équipe. Dix kilomètres plus loin, il aura bien survécu au terrible col de la Loze, mais façon «trailer», tout juste capable d’aller arracher son maillot «finisher», des paquets de minutes de retard dans la poche arrière au terme d’une terrible étape de montagne.
Évidemment, tout d’un coup, le petit suspense qui restait dans ce Tour de France s’est évaporé sur les hauteurs majestueuses de Courchevel. Il restait précisément 7,8 kilomètres d’escalade du terrible col de la Loze. Fini d’imaginer un hypothétique renversement de situation. Tadej Pogacar payait la note, remorqué dans la roue arrière de son leader Marc Soler, son bon samaritain.
Supplément d’âme chez «Pogi»
Il avait vu s’envoler au loin le maillot jaune et tous ceux qui restaient engagés dans la lutte aux places d’honneur. À un moment, il croira même qu’il disparaîtrait du podium. Finalement, au terme d’un chemin de croix qui faisait évidemment de la peine à voir, malgré les encouragements de ses innombrables fans, c’est presque au piolet qu’il est parvenu à se hisser là-haut, sur l’altiport. Mais on notera que dans ce combat singulier et inattendu, «Pogi» affichait un supplément d’âme. Même cuit et recuit, il est allé au bout de ses idées.
Évidemment, alors que Felix Gall, rescapé de l’échappée initiale, sauvait sa peau pour le plus grand bonheur de son équipe AG2R-Citroën, Jonas Vingegaard, qui termina avec Pello Bilbao, n’en rajouta pas. Certes, il avait été freiné par un embouteillage dû à l’immobilisation passagère d’une moto en pleine montée, mais il ne s’était pas énervé plus que de raison. Un simple incident de course.
Les dernières illusions
Pour résumer la journée, les écarts, amorcés la veille du côté de Combloux, se sont affolés au terme de cette dernière étape alpestre aussi dévastatrice que prévu. Mais pas avec ce scénario, car on était volontiers enclin à imaginer une riposte du Slovène à la hauteur de la déconvenue de la veille, après le chrono. On faisait une montagne du col de la Loze, ce fut presque bien plus que ça. On retiendra que c’est là que Tadej Pogacar, touché par une chute mais sans grande conséquence, en début d’étape, a perdu ses dernières illusions.
«Je ne sais pas ce qui s’est passé. J’arrive en bas de la dernière ascension (NDLR : le col de la Loze) complètement vidé. J’ai beaucoup mangé, mais ce n’est pas arrivé dans les jambes.» Un journaliste lui demanda s’il allait tenter un dernier coup pour l’honneur, samedi dans l’étape du Markstein, la dernière étape de montagne de ce Tour de France qui fut longtemps marqué par le duel Pogacar-Vingegaard, le duel des deux inséparables… «Si je peux attaquer samedi? Oui, si je me remets d’aujourd’hui, oui, on va essayer…», tenta le Slovène.
Quant à Jonas Vingegaard, il n’en rajouta pas plus que de raison au moment des impressions d’après-course. «Je suis très soulagé. Avoir plus de sept minutes d’avance, c’est formidable, même si on n’est pas encore à Paris. Et Pogacar n’abandonne jamais, il va tenter encore quelque chose, il faut que je sois prêt pour réagir…» Bon, on n’est pas obligé de le croire sur parole. Le Danois peut désormais dormir sur ses deux oreilles.
Pour le reste, aussi paradoxal que cela puisse paraître, David Gaudu, cinquième de l’étape après s’être bien immiscé dans l’échappée du jour, perd une place au classement général, passant de la neuvième à la dixième place. Il faut dire qu’avant cette 17e étape, Felix Gall se trouvait juste derrière le Français de Groupama-FDJ, dont la réaction, hier pour la dernière étape alpestre, a fait plaisir à voir. Quand bien même cela ne s’est pas avéré payant.
1. Vingegaard (DEN/TJV) 67 h 57’51 »
2. Pogacar (SLO/UAD) à 7’35 »
3. A. Yates (GBR/UAD) 10’45 »
4. Rodríguez (ESP/IGD) 12’01 »
5. S. Yates (GBR/JAY) 12’19 »
6. Bilbao (ESP/TBV) 12’50 »
7. Hindley (AUS/BOH) 13’50 »
8. Gall (AUT/ACT) 16’11“
9. Kuss (USA/TJV) 16’49“
10. Gaudu (FRA/GFC) 17’57“
🇱🇺 Bob Jungels est 26e à 1 h 46′ 15 du 1er
🇱🇺 Kevin Geniets est 37e à 2 h 21′ 19
🇱🇺 Alex Kirsch est 115e à 4 h 26′ 01