Même si Mathieu Van der Poel est à la recherche d’un nouveau monument, on voit mal le Slovène lui faire des politesses, dimanche sur Liège-Bastogne-Liège.
Six ans déjà que Bob Jungels s’est imposé en solitaire au terme d’un raid dont il a eu longtemps la marque de fabrique. Ce monument restera évidemment tout en haut de son palmarès lorsqu’il sera temps pour lui de tirer sa révérence, ce qui n’est pas encore d’actualité, il n’a d’ailleurs que 31 ans, ce qui n’est pas excessif. Le pensionnaire de l’équipe Bora-Hansgrohe a montré des signes très encourageants voici une semaine sur les routes de l’Amstel Gold Race. Saisi par le froid, comme la plupart des grands noms qui ont rapidement mis le clignotant sur la droite de la route lorsque la Flèche wallonne a pris des allures apocalyptiques, il a renoncé mercredi. Mais il sera plus à son aise sur les routes de la Doyenne.
Mais on peut penser que le coureur luxembourgeois (au total, quatre anciens vainqueurs de ce monument sont au départ, Bob Jungels, donc, mais aussi Wout Poels, Jakob Fuglsang et, bien sûr, Tadej Pogacar) sera davantage appliqué à soutenir le Russe Aleksandr Vlasov, l’un des nombreux outsiders de la course.
Un rapport poids-puissance différent
Mais à l’évidence, aussi nombreux soient-ils, aucun ne peut soutenir la comparaison avec Tadej Pogacar. Le récent vainqueur des Strade Bianche puis du Tour de Catalogne sort d’un stage d’altitude avant de se présenter au départ de son premier Tour d’Italie avec la ferme intention de s’imposer. Le jeune ancien double vainqueur du Tour de France aurait pu livrer une bataille l’an passé sur Liège-Bastogne-Liège, où il s’était d’ailleurs imposé en 2021, avec Remco Evenepoel. Mais le duel avait tourné court. Car le Slovène avait dû quitter la course avant même la première côte ardennaise, victime d’une chute lui occasionnant une double fracture à un poignet.
Bref, cette fois, son plus sérieux rival s’appelle Mathieu Van der Poel. Vainqueur magnifique du Tour des Flandres et, une semaine plus tard, de Paris-Roubaix, le champion du monde néerlandais, pas au mieux la semaine dernière sur les routes de l’Amstel Gold Race, est à la recherche d’un troisième monument dans une même saison, ce qu’un certain Eddy Merckx était parvenu à réaliser en 1975, ça remonte…
Plus qu’un record, c’est un autre monument de plus que cherche à remporter ce glouton jamais rassasié. Seulement voilà, les côtes de Liège-Bastogne-Liège sont longues et dures. Il ne s’agit plus ici de monts pavés. Le rapport poids-puissance n’est plus tout à fait le même. Mathieu Van der Poel risque forcément de souffrir sur le final face aux accélérations que ne manquera pas d’ordonner à ses troupes Tadej Pogacar, qui s’est filmé sifflotant voici quelques jours pas très loin de chez lui, du côté de Monaco, tandis que Van der Poel a passé la semaine en Espagne.
Pogacar, un ton au-dessus
Voilà pourquoi Tadej Pogacar apparaît comme le grand favori alors que chez les bookmakers, la cote de Mathieu Van der Poel doit logiquement redescendre d’un cran. Il serait assurément étonnant que Tadej Pogacar ne succède pas au palmarès au Belge Remco Evenepoel, encore convalescent après sa terrible chute survenue sur le Tour du Pays basque et dont les conséquences nous privent également de la présence de Primoz Roglic, lauréat ici en 2020 et avec qui Bob Jungels rêvait de faire équipe ici même.
On verra au fil des kilomètres si Van der Poel est réellement en mesure de contrarier les plans de «Pogi». On verra également quels rôles prendront les outsiders, et on pense notamment à Stephen Williams, l’étonnant lauréat de la Flèche wallonne, lequel, avec ce qu’il nous a été permis de voir à Huy, ne peut assurément pas être médiocre dimanche de La Redoute à la Roche aux Faucons…
Sinon, l’Anglais Tom Pidcock (Ineos), autoritaire vainqueur de l’Amstel mais visiblement lessivé sur la Flèche, le Français Benoît Cosnefroy (Decathlon-AG2R), l’archétype du grimpeur-puncheur, le Colombien Santiago Buitrago (Bahrain), toujours placé en embuscade, ou encore l’Irlandais Ben Healy ou son double équatorien Richard Carapaz (EF Education) ainsi que le Danois Mattias Skjelmose (Lidl-Trek) seront les plus prompts à viser les places d’honneur.
À noter encore que Michel Ries (Arkéa-B&B Hotels) sera au soutien de Kévin Vauquelin, son jeune leader français, deuxième de la Flèche et lui aussi à ranger parmi les hommes à suivre.