Depuis longtemps surnommé le « FC Hollywood » pour ses querelles de stars, le Bayern est actuellement le théâtre d’un conflit violent entre le directeur sportif Salihamidzic et l’entraîneur Flick, qui pèse lourdement sur l’ambiance avant le retour mardi contre le PSG en Ligue des champions.
Alors que toutes les énergies devraient être mobilisées pour préparer le déplacement, où Munich devra effacer une défaite 3-2 à domicile, c’est la brouille entre Hansi Flick et Hasan Salihamidzic, focalisée sur la politique de transferts du club bavarois, qui occupe les esprits.
L’affaire est grave, au point que Flick menace implicitement de quitter le club en fin de saison. Et que le grand patron Karl-Heinz Rummenigge s’est senti obligé de taper du poing sur la table vendredi: « Il faut arrêter avec cette histoire, a-t-il tonné, nous devons tous nous serrer les coudes, nous devons travailler ensemble de manière harmonieuse, loyale et professionnelle. C’est ce que je demande clairement à la direction sportive ».
D’un côté, l’entraîneur aux six trophées en 2020/2021, soutenu par les joueurs et par Rummenigge. « Nous serions bien fous si nous laissions partir notre entraîneur prématurément », avait lancé ce dernier mi-mars.
De l’autre, Salihamidzic, membre puissant du directoire et figure historique du club. Et surtout proche de l’ancien président Uli Hoeness, toujours très influent en coulisses.
« Tu vas la fermer ! »
L’origine du conflit? La politique des transferts. Flick reproche à Salihamidzic un mauvais mercato à l’intersaison, et l’accuse maintenant d’avoir poussé au départ en juin prochain Jérôme Boateng, un pilier du onze type cette année.
En mars, l’entraîneur a reconnu s’être emporté contre « Brazzo » dans le bus de l’équipe lors d’un déplacement et lui avoir lancé un vigoureux: « Mais tu vas la fermer ! ».
Depuis, malgré les efforts pour prôner la concorde « dans l’intérêt du club », les petites phrases s’accumulent: Flick a apparemment du mal à contenir sa frustration d’être tenu à l’écart de la politique de recrutement.
« Tout le monde le sait, l’effectif est moins bon que la saison dernière », a-t-il lâché il y a quelques jours, avant d’en remettre une couche à propos de Boateng: « Tout le monde connaît mon sentiment par rapport à Jérôme, et quelles sont ses qualités ».
Fort de son triplé historique Coupe-championnat-Ligue des champions en 2020, l’entraîneur espérait sans doute un peu plus de considération. Et il refuse désormais de confirmer s’il sera toujours sur le banc la saison prochaine, bien que son contrat court jusqu’en 2024.
Interrogé à d’innombrables reprises sur ce point, il s’est livré vendredi en conférence de presse à un long monologue empreint d’émotion, dont la conclusion a été: « Je ne répondrai plus à cette question ».
Le vestiaire avec Flick
Il a tenu parole dès le lendemain : relancé deux fois en direct sur Sky sur ses projets pour l’an prochain, il a répondu deux fois sèchement: « Question suivante… »
Pour les proches du club, le point de non-retour est dépassé: « L’un des deux doit partir », estime Stefan Effenberg, ancien capitaine du Bayern. « Le club est en train de pousser Flick dehors », regrette-t-il.
« Si j’étais à la place du Bayern, je me battrais pour le garder », assène pour sa part Lothar Matthäus, lui aussi ancien du club, Ballon d’or devenu consultant vedette des médias allemands.
Le vestiaire, traditionnellement très influent au Bayern, semble être derrière son coach: « Je pense que Hansi Flick est le bon entraîneur pour nous, on a vu les résultats la saison dernière et on se réjouirait que ça continue », a lâché samedi l’actuel capitaine Manuel Neuer.
Mais Flick se sent d’autant plus en position de choisir son destin qu’il serait, de l’avis général, le candidat numéro un pour prendre la suite de Joachim Löw comme sélectionneur de l’équipe d’Allemagne après l’Euro cet été. S’il rompait son engagement avec le Bayern.
AFP