Denver sur le toit de la NBA ! Tractés par le monumental Nikola Jokic, logiquement désigné MVP de la finale, les Nuggets ont décroché le premier titre de champions de leur histoire, en arrachant la victoire décisive (94-89) aux dépens du Heat, lundi.
« C’est bien. Le travail est fait et nous pouvons rentrer à la maison maintenant », a lâché le Serbe avec ce détachement qui lui est propre, même dans le plus grand moment de sa carrière. « Miami est une grande équipe, courageuse, extraordinaire, que je respecte beaucoup. C’était un effort incroyable de la part de notre équipe. C’était un match moche. Nous n’avons pas réussi à marquer beaucoup de tirs, mais à la fin, nous avons compris comment défendre », a-t-il ensuite analysé.
En effet, que cet âpre cinquième match fut compliqué à domicile, pour la franchise du Colorado, longtemps à la peine à longue distance (5/23) et aux lancers francs (13/23), enquiquinée par la défense acharnée de Miami et, probablement, les mains un peu tremblantes à l’heure de conclure la série (4-1).
D’autant que Jimmy Butler a enfilé sa cape de super-héros dans le dernier quart-temps, en inscrivant 13 de ses 21 points en trois minutes. Mais il a fini par craquer, avec une mauvaise passe et un tir manqué dans les ultimes secondes. Et tout Denver d’exulter enfin, mais pas Jokic, d’abord parti serrer la main des perdants et flegmatique jusqu’au bout, même pour recevoir dans un demi-sourire son trophée de MVP avec sa fille dans les bras, pendant que ses deux frères aînés étaient, eux, submergés aux larmes.
Pari gagnant de la continuité
Le Serbe a encore été géant, dans ce match le moins abouti collectivement de son équipe (28 pts, 16 rbds), la menant à un sacre mérité, pour sa première finale en 47 saisons de présence dans la ligue.
Ultra-dominant, doté d’un QI basket exceptionnel, altruiste au possible, il a étincelé tout du long de cette finale. Déjà élu double MVP de la saison régulière en 2021 et 2022, il ne peut désormais se voir contester le statut officieux de meilleur joueur de la planète, tout comme l’est dans le tennis son compatriote Novak Djokovic, lauréat dimanche d’un 23e Grand Chelem record à Roland-Garros.
Cet accomplissement des Nuggets vient couronner une saison quasi-parfaite, bouclée à la première place de la conférence Ouest, préalable à des play-offs où leur domination fut incontestable. Il vient aussi récompenser le pari de la continuité fait par ses dirigeants, en premier lieu desquels le propriétaire de la franchise Stan Kroenke, adepte de la patience dans un monde d’urgence, et déjà champion en NFL avec les Los Angeles Rams et en NHL avec le Colorado Avalanche.
Car voilà huit ans que l’entraîneur Michael Malone a commencé à paver la route vers le succès, avec dans cette équipe, où le collectif l’emporte sur l’individu, un leader qui incarne mieux que quiconque cette valeur: Nikola Jokic arrivé en même temps que lui dans le Colorado après avoir été drafté l’année précédente en 41e position, dans l’indifférence générale.
Encore raté pour Miami
Dans ce match décisif, pour lequel Malone avait enjoint ses joueurs à l’aborder le mors au dent comme si c’est eux qui étaient menés 3-1, c’est le Heat qui a d’abord montré les crocs. Hormis Michael Porter Jr (16 pts, 14 rbds), la gamberge a gagné Jamal Murray (14 pts, 8 passes) et Aaron Gordon (4 pts), pourtant si forts dans cette finale. Si bien que Denver a tremblé jusqu’au bout, mais a dû son salut en défense comme l’a souligné Jokic.
Car Bam Adebayo, intenable avec ses 18 points en première période n’a pu en rajouter que 2 ensuite (12 rbds). Preuve que même pas grand chose n’allait, les Nuggets étaient tout simplement trop forts pour le Heat, de façon imprévisible jusqu’en finale, après être passé ric-rac par le deuxième match de barrage qualificatif pour les play-offs.
Successivement, Miami a déjoué les pronostics, en écartant les Bucks de Giannis Antetokounmpo, les Knicks renaissants et les Celtics finalistes l’an passé. Mais la montagne sise au pied des Rocheuses, surnommé « Mile High City » pour ses 1609 m d’altitude, était trop haute à franchir pour les Floridiens, qui rêvaient d’écrire l’histoire en devenant la première équipe tête de série N.8 championne NBA.
Au lieu de quoi, sacrés en 2006, 2012 et 2013, ils ne peuvent que déplorer ce quatrième échec en sept opportunités sur la dernière marche après 2011, 2014 et 2020. Quoi de plus normal au fond qu’une ruée vers l’or trouvant ses pionniers dans le Colorado…