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Au Kenya, l’ultime adieu à Kiptum, étoile filante du marathon


Favori des Jeux olympiques de Paris, Kelvin Kiptum, marié et père de deux enfants, s'est tué à 24 ans dans la nuit du dimanche 11 février après une sortie de route dans la localité de Kaptagat, dans la vallée du Rift. (Photo AFP)

Des t-shirts à l’effigie de l’étoile filante de l’athlétisme mondial, des prières, des larmes: le Kenya a rendu vendredi un ultime hommage à Kelvin Kiptum, recordman du monde du marathon décédé dans un accident de voiture, à l’occasion de funérailles nationales.

Le chef de l’Etat William Ruto et le président de la Fédération internationale d’athlétisme Sebastian Coe ont fait le déplacement pour ces obsèques à Chepkorio, dans la vallée du Rift (ouest) où Kelvin Kiptum est né, a grandi et est mort.

Devant le cercueil ouvert, près duquel le chef de l’Etat s’est recueilli, un bouquet de fleurs avait été déposé. « Tu me manques et tu es l’amour de ma vie pour toujours jusqu’à ce que nous nous retrouvions. Je promets de rassembler mes forces pour le bien de nos enfants », a déclaré l’épouse de Kiptum, Asenath Rotich, assaillie par les larmes et l’émotion.

Des réalisations « indélébiles »

« Kelvin, tu vas nous manquer », a de son côté assuré Sebastian Coe, avant de conclure: « Notre chagrin et notre tristesse mettront du temps à se dissiper. Mais sois certain que tes réalisations sont précieuses, indélébiles et inscrites dans les annales de notre histoire et ne seront jamais oubliées ».

Etoile montante de l’athlétisme kényan et mondial, Kiptum avait fait une entrée tonitruante dans le monde du marathon en battant lors de sa troisième course officielle, en octobre à Chicago, le record du monde (2 h 00 min 35 sec) détenu par la légende de la discipline, son compatriote Eliud Kipchoge.

Plusieurs centaines de personnes ont assisté à la cérémonie, parmi lesquelles la championne kényane Faith Kipyegon, détentrice des records du monde du 1 500 m, et qui avait brièvement détenu l’été dernier le record du 5.000 m, ou bien encore le champion du monde du 800 m (2012, 2016) David Rudisha. Des athlètes, la plupart vêtus de maillots à l’effigie du marathonien, se sont agenouillés et ont brièvement prié, avant de lancer des pétales de rose sur le cercueil.

Favori des Jeux olympiques de Paris, Kelvin Kiptum, marié et père de deux enfants, s’est tué à 24 ans dans la nuit du dimanche 11 février après une sortie de route dans la localité de Kaptagat, dans la vallée du Rift, non loin de son lieu de résidence et d’entraînement. Son entraîneur, le Rwandais Gervais Hakizimana, 36 ans, également à bord, a aussi été tué sur le coup.

Entrée tonitruante

Après l’annonce du décès de cette comète éternelle de la course de fond, le gouvernement avait promis un « adieu héroïque ». L’image restera celle d’un athlète élancé (1,78 m, 59 kg), volant d’une foulée puissante sur le bitume de Chicago, accélérant même en deuxième partie de course, là où la plupart des marathoniens de tout niveau fléchissent.

Jeudi, des centaines de personnes ont rendu hommage à Kiptum dans les rues d’Eldoret, haut lieu de la course à pied. Leur passage devant le cercueil du marathonien a été accompagné de chants, ou d’un silence respectueux. A l’automne, l’athlète avait annoncé qu’il allait tenter de devenir, à l’occasion de la course de Rotterdam le 14 avril, le premier homme à courir un marathon officiel sous les deux heures.

Kiptum avait commencé à courir régulièrement en 2016. En 2019, il avait réussi deux semi-marathons très rapides en deux semaines (60 min 48 sec à Copenhague puis 59 min 53 sec à Belfort en France). Gervais Hakizimana lui avait proposé de le coacher pour le marathon, leur collaboration décollant pendant la pandémie de Covid-19 en 2020.

Plus de 250 kilomètres de course par semaine

Selon un médecin légiste, Kelvin Kiptum, dont les analyses toxicologiques sont toujours en cours, est mort à la suite de graves blessures à la tête.

Forçat de l’entraînement, Kiptum courait régulièrement plus de 250 kilomètres par semaine, et parfois plus de 300, des nombres rares même au très haut niveau, assurait son entraîneur, résident français et coureur de niveau national qui avait rencontré Kiptum pendant ses séjours d’entraînement au Kenya.

Hakizimana a été enterré mercredi au Rwanda.