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[Athlétisme] Fraser-Pryce peut-elle le faire?


Shelly-Ann Fraser-Pryce semble avoir les moyens d’aller chercher le mythique record de Florence Griffith-Joyner. (Photo : afp)

LIGUE DE DIAMANT La régularité à un niveau inédit de la championne du monde jamaïcaine Shelly-Ann Fraser-Pryce, peut lui ouvrir les portes du record du monde, ce soir à Lausanne.

10« 67, 10« 67, 10« 67,  10« 66, 10« 67, 10« 62…. Ces chiffres ne sont pas les réglages d’une horloge suisse mais les chronos sur 100 m de Shelly-Ann Fraser-Pryce en 2022 (hors séries ou demi-finales) qui réalise, à 35 ans, une saison unique dans l’histoire du sprint féminin.

Rappel pratique, seules cinq athlètes ont couru la ligne droite en moins de 10« 70 : les Américaines Florence Griffith-Joyner (recordwoman du monde en 10« 49 en 1988), Marion Jones et Carmelita Jeter, la Jamaïcaine Elaine Thompson-Herah et donc Fraser-Pryce, celle qui compte le plus de courses à ces vitesses folles (8).

Ne manque que le record du monde

Sacrée championne du monde pour la 5e fois le mois dernier à Eugene, déjà double championne olympique (2008 et 2012) de la distance, il ne manque que le record du monde de Griffith-Joyner à Fraser-Pryce pour entrer définitivement dans la légende. Et sa régularité pourrait l’y aider : «Cette constance récompense mon travail et montre que ma technique est au point, a commenté la Jamaïcaine en conférence de presse hier. Maintenant, j’aimerais réussir cette course quasi parfaite. Lorsque je regarde mes courses avec mon entraîneur, je vois toujours deux ou trois choses à régler. Si j’y parviens, j’irai plus vite. Je pense pouvoir faire mieux que 10“60.»

Selon l’entraîneur français Dimitri Demonière, «Fraser-Pryce a établi son niveau plateau sous les 10« 70, aux alentours de 10« 65, avec ses six chronos en 2022.»

« J’aime être dans cette situation, sous pression »

«Pour moi, entre le plateau d’un sprinteur et son pic de performance il peut y avoir entre 10 et 15 centièmes de seconde d’écart. Vu le niveau de Fraser-Pryce, son pic devrait se rapprocher de 10« 50 et donc du record du monde, qui ne semble plus impossible comme avant.»

À Lausanne, les conditions semblent réunies pour une course très rapide, alors que la Jamaïcaine retrouvera ses deux compatriotes Shericka Jackson et Elaine Thompson-Herah, qui l’ont accompagnée sur le podium mondial en juillet et doivent la pousser à courir encore plus vite : «La concurrence m’aide bien sûr. J’aime être dans cette situation, sous pression, et savoir ce que je suis capable de donner dans ces conditions. C’est à ce moment-là que l’on peut révéler tout son potentiel», a salivé la vice-championne olympique de Tokyo en 2021.

Noah Lyles y croit

Après avoir établi la meilleure performance de la saison à Monaco le 10 août (10« 62), Fraser-Pryce a pris le temps de rentrer en Jamaïque, pour fêter les anniversaires de son fils (5 ans) et de son mari (40 ans), avant de retrouver le stade de la Pontaise qui lui a déjà souri. L’an dernier, elle y avait réussi son record personnel (10« 60, 3e chrono de l’histoire), en battant la championne olympique Elaine Thomspon-Herah : «Je pense qu’elle peut battre le record du monde cette saison», a abondé le champion du monde américain du 200 m Noah Lyles.

«Réussir 10« 60 et quelques à chaque course, ça fait peur! Ça veut dire qu’elle est peut-être sur le point de réussir un pic soudain. Ça m’était arrivé en 2019 sur 200 m. L’an dernier, Elaine Thompson-Herah jouait avec les chronos en 10« 70, et d’un coup avait couru 10« 54 (à Eugene fin août), ça ne venait pas de nulle part.»

« Je ne serai pas étonné si on voit le logo record du monde« 

«J’attends pour Shelly-Ann Fraser Pryce ce moment parfait où le corps est prêt, le vent est parfait, la foule est au rendez-vous. Je ne serai pas étonné si on voit le logo « record du monde«  à côté de son chrono», a-t-il ajouté.

À 20 h 59 ce soir, le temps est annoncé légèrement couvert, avec une température de 21 °C environ, dans un stade annoncé à guichets fermés. Prêt à s’enflammer.