Les députés luxembourgeois Josée Lorsché, Gusty Graas et Claude Haagen font partie des observateurs électoraux déployés par l’OSCE aux États-Unis. Depuis Washington, ils livrent leurs impressions avant le début de l’élection présidentielle.
Ils sont arrivés vendredi à Washington pour une mission de six jours. Josée Lorsché (déi gréng), Gusty Graas (DP) et Claude Haagen (LSAP) ont été choisis pour représenter la Chambre des députés au sein de l’équipe d’observateurs de l’élection présidentielle américaine déployée par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Les trois élus luxembourgeois vont sillonner ce mardi des dizaines de bureaux de vote dans les alentours de la capitale des États-Unis. Contactés par nos soins, ils témoignent d’une ambiance tendue à la veille du scrutin historique.
«Ce qui m’a immédiatement interpellé, ce sont les magasins et banques qui se sont barricadés. On aperçoit partout des planches de bois censées protéger les vitres des bâtiments. La crainte de débordements est bien réelle», note Gusty Graas. La délégation de l’OSCE est logée dans un hôtel situé non loin de la Maison-Blanche. «On n’est pas du tout habitué à de telles scènes au Luxembourg ou même dans d’autres pays démocratiques. Les États-Unis sont pourtant une nation où le progrès technologique est alimenté par des chercheurs de renom. L’intelligence devrait donc prévaloir», s’étonne Josée Lorsché, qui a pourtant déjà officié comme observateur lors de scrutins au Kazakhstan et en Ukraine. Pour Claude Haagen, «l’ambiance est étouffante». Y aura-t-il des violences à Washington ce mardi soir ? «Beaucoup dépendra du comportement de Donald Trump pendant la soirée électorale», estime le député socialiste.
Il existe un assez important contraste entre les rues commerciales barricadées et les alentours de la Maison-Blanche. «De petits groupes de militants de Joe Biden sont assis à terre. Ils chantent, des pancartes sont visibles à perte de vue», raconte Josée Lorsché. Gusty Graas se dit de son côté «impressionné par les énormes banderoles du mouvement Black Lives Matter qui sont toujours visibles sur les façades de plusieurs bâtiments, dont des banques». Elles témoignent des manifestations antiracistes du mois de juin. «On ressent vraiment que la société américaine est déchirée en deux parties. Il est grand temps que la réconciliation soit entamée», avance Josée Lorsché.
«Voir si les gens pourront voter»
Ce sera donc dans ce contexte particulier que la mission d’observation des trois membres de la Chambre des députés va commencer ce matin dès 7 h 30. Josée Lorsché fera équipe avec Claude Haagen, Gusty Graas sera associé à un élu suisse. Chaque binôme de l’OSCE visitera une douzaine de bureaux de vote. «Notre mission consistera à constater d’éventuelles irrégularités. On dispose d’un catalogue de questions à poser aux présidents des bureaux de vote», résume Gusty Graas. «Notre regard devra être objectif. La priorité sera de voir si les gens auront accès aux bureaux pour voter», ajoute Claude Haagen. Josée Lorsché estime qu’il est «intéressant de pouvoir être proche de la population. Même si on ne va pas pouvoir leur parler, j’aime vivre l’excitation qui peut entourer une élection, surtout auprès de gens qui n’ont pas l’habitude de voter.»
La présidentielle américaine pourrait se solder par une participation record. Le recours massif au vote par correspondance et le système électoral risquent toutefois de profiter à Donald Trump. «Le système est archaïque. Chaque État a ses propres règles électorales. Cela permet à Trump de préparer le terrain. Il ne cesse de discréditer le scrutin», fustige Josée Lorsché. Claude Haagen voit, lui, le risque que le déroulement de l’élection puisse influencer les électeurs : «Si cela s’éternise, des tensions pourraient naître. Il en ira de même si Trump décide de s’autoproclamer vainqueur alors que certains États clés ne lanceront le dépouillement que mercredi.» «Si Trump perd clairement les élections, il est fort probable que ses militants sonneront la révolte», redoute Gusty Graas.
L’espoir partagé par les trois élus luxembourgeois est toutefois que la situation reste calme. Les observateurs sont censés rendre leurs rapports ce mardi soir. Après avoir centralisé et analysé les faits rapportés, l’OSCE organisera une conférence de presse mercredi.
David Marques