Il est passé rapidement sur tout avant de sauter dans un avion pour une énième mission diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, est venu devant les députés pour leur faire un rapide tour d’horizon de la situation.
Jean Asselborn a fait ce mardi la déclaration de politique étrangère et s’est montré satisfait que le Luxembourg ait réussi, malgré la pandémie, à mener une politique étrangère et européenne «au service des citoyens et résidents luxembourgeois, imprégnée par l’idéal européen d’intégration et de coopération». Concrètement, il s’agit d’abord de sortir de la crise sanitaire et Jean Asselborn plaide pour la vaccination des populations «comme unique moyen de lutter efficacement contre le virus».
Cette pandémie a également révélé un côté obscur qui a menacé les acquis européens avec la libre circulation des personnes qui s’est retrouvée en danger. Face à ces réflexes nationaux, les régions transfrontalières, regroupant 30 % de la population européenne, ont particulièrement souffert des contrôles aux frontières, une réalité à mieux prendre en compte à l’avenir.
Autre réalité et conséquence de cette pandémie : la hausse des matières premières. Concernant la politique commerciale, Jean Asselborn a rappelé les répercussions importantes sur les chaînes de logistique et d’approvisionnement au niveau mondial ayant entraîné une hausse des prix. Les débats menés en vue d’une plus grande autonomie européenne sont bienvenus.
Tout ce qui peut être davantage respectueux de l’environnement et des droits humains en matière de politique commerciale sera soutenu par le Luxembourg.
Politique climatique
Le ministre Asselborn a évoqué le «Green Deal», l’accord européen qui prévoit la réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Jean Asselborn a salué la proposition de la Commission européenne de mettre sur pied un Fonds social pour le climat à hauteur de 72 milliards d’euros. Dans le contexte de la COP26 il rappelle que le Luxembourg s’est engagé à réduire de 30 % ses émissions de méthane d’ici à 2030.
État de droit
Le chef de la diplomatie luxembourgeoise a évoqué la détérioration de l’État de droit dans de nombreux pays dans le monde, et plus particulièrement au sein de l’Union européenne. Il a souligné l’importance de la mise en œuvre du régime de conditionnalité dans le cadre du budget européen, qui permet de geler le versement des aides européennes en cas de non-respect de l’État de droit.
L’année 2021 est aussi marquée par la première élection du Luxembourg au Conseil des droits de l’homme des Nations unies le 14 octobre dernier. Les quatre priorités du Luxembourg pour le mandat 2022-2024 vont à l’appui de l’État de droit, de l’action climatique fondée sur les droits humains, de la défense de l’égalité des genres ainsi que de la protection des droits des enfants.
Migration
En ce qui concerne l’accueil des réfugiés, le ministre Jean Asselborn a souligné l’importance d’instaurer un mécanisme de solidarité obligatoire. Il a dénoncé les conditions dans lesquelles de nombreux réfugiés, dont des femmes et enfants, sont retenus en attendant le traitement de leur demande d’asile.
Afghanistan
Le ministre a rappelé que le Luxembourg a apporté son aide à des personnes vulnérables devant quitter l’Afghanistan pour leur sécurité et qu’il a délivré des visas humanitaires et traité des demandes de regroupement familial. Mais il est toujours difficile, selon lui, d’accéder à des informations objectives et vérifiées permettant de statuer sur les demandes d’asile des réfugiés afghans. Les demandes ne permettant pas de statuer en faveur de la personne concernée sont pour l’instant mises en suspens. «Le Luxembourg a donc fait le choix de suivre une approche qui est à la fois humaine et respectueuse de ses obligations internationales et européennes», dit le ministre. L’Union européenne doit renforcer sa position comme pôle de référence en termes de solidarité, de défense des droits humains et de l’État de droit, a souligné Jean Asselborn.
Il a également annoncé l’ouverture prochaine d’une ambassade en Irlande.
Élargissement
Jean Asselborn a rappelé que le Luxembourg soutient la perspective d’élargissement des Balkans occidentaux. Le respect de l’État de droit, l’indépendance de la justice et la lutte contre la corruption sont des critères fondamentaux pour l’adhésion, a rappelé Jean Asselborn. Il a néanmoins regretté l’absence de progrès dans plusieurs domaines, notamment en ce qui concerne les valeurs démocratiques dans certains pays.
Turquie
Jean Asselborn a regretté le fait que la Turquie s’éloignait politiquement de l’Union européenne. Le ministre s’est dit très inquiet de l’évolution de l’État de droit et du respect des droits humains dans le pays tout en rappelant l’importance de préserver les voies de communication avec Ankara.
Russie
Les relations avec la Russie restent marquées par des tensions non négligeables. Mais Jean Asselborn réaffirme que des voies de coopération entre l’Union européenne et la Russie existent et devraient être exploitées, que ce soit dans la protection de l’environnement, dans la lutte contre le terrorisme, dans le processus de paix au Moyen-Orient ou encore dans le secteur énergétique.
Afrique
«Le continent africain à la population jeune et dynamique détient de nombreux potentiels politiques et économiques que l’Union européenne et le Luxembourg doivent saisir, ceci dans un contexte où d’autres acteurs mondiaux y manifestent un intérêt croissant», a dit le ministre en rappelant que les relations bilatérales entre le Luxembourg et ses partenaires africains englobaient les valeurs démocratiques et le respect des droits humains.
Chine
Qualifiée de partenaire important pour le Luxembourg, la Chine fâche toujours le pays avec ses camps d’internement du Xinjiang et les sanctions chinoises à l’encontre d’acteurs européens. Jean Asselborn a réaffirmé la volonté du Luxembourg de s’engager pour les droits humains dans le Xinjiang.
Cohésion
L’avenir de l’Europe appartient aux jeunes, dit en substance Jean Asselborn. Il a évoqué la Conférence sur l’avenir de l’Europe qui rassemble des citoyens européens, et notamment des jeunes dont les aspirations, les espoirs ainsi que les craintes devront être pris en considération dans ce processus de réflexion.
Geneviève Montaigu
Holmes