Comme attendu, la proposition d’accord concernant la tâche des enseignants de lycée a été rejetée massivement par les premiers concernés. Plus que jamais, le ministre de l’Éducation nationale est dos au mur.
Le résultat est sans appel. Sur les 3194 professeurs ayant participé au vote, 2948 ont voté contre la proposition du ministre Claude Meisch à revoir leur tâche. Le non massif de 93,7% de la part de son corps enseignant constitue une sacrée claque pour le ministre, auquel le camp syndical a une nouvelle fois reproché vendredi son arrogance et sa logique comptable. Seul 4,2 % des votants (139 voix) ont soutenu la proposition d’accord arrachée le 4 mai, à l’issue d’une procédure de conciliation houleuse.
A noter que les enseignants se sont mobilisés en nombre pour ce scrutin : sur 36 établissements scolaires concernés (représentant un potentiel de 4 100 professeurs), 35 ont y ont pris part. Sur les 4 100 professeurs représentés, 3 149 ont voté soit un taux de 73,6 %.
Désormais, les choses sont claires. Le camp syndical a lancé vendredi un appel au Premier ministre et à l’ensemble du gouvernement de retirer la modification de la tâche des professeurs et de renouer avec un dialogue constructif afin d’améliorer la qualité dans l’enseignement secondaire. En cas de refus, une grève semble inévitable. Cette dernière pourrait avoir lieu dès le mois de septembre mais seulement après la rentrée des classes.
Le dernier mince espoir réside désormais dans la procédure de médiation, qui sera lancée sous peu. La présidente du Conseil d’État, ou un de ses représentants, est appelée à faire une proposition aux deux parties après avoir écouté les doléances et revendications du ministre et des syndicats d’enseignants. Mais au vu du vote et de l’ambiance délétère qui entoure ce dossier, il est peu probable qu’un accord de dernière minute soit trouvé.
Les syndicats Apess, Féduse et SEW/OGBL sont en tout cas prêt à tout, y compris sur le plan juridique. Ils se sont en effet assuré les services de Me Jean-Marie Bauler, l’avocat qui a déjà fait plier l’État dans les affaires du colonel Ries et de l’ancienne directrice de l’Adem, Mariette Scholtus. Actuellement il défend aussi Daniel Miltgen, président déchu du Fonds du Logement.
David Marques
Interrogé par Le Quotidien, le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, a affirmé avoir pris acte du vote des professeurs. « Il ne s’agit pas d’un vote pour ou contre ma personne. Le vote n’est pas une surprise après la recommandation de vote des syndicats », souligne le ministre, qui dit rester ouvert à mener un dialogue constructif avec le camp syndical.
« L’objectif commun est de travailler dans l’intérêt des élèves. Le problème n’a pas été de mener un dialogue mais de faire respecter les accords conclus », lance Claude Meisch, qui dans l’immédiat ne se dit pas prêt à retirer la réforme de la tâche comme réclamé par les syndicats. Il faudrait plutôt se remettre à table pour trouver les moyens de ses ambitions afin d’éviter une grève. Reste à savoir quelle sera la volonté des deux camps à avancer.
D.M.