L’étude rendue publique ce vendredi par le gouvernement luxembourgeois, qui avance des chiffres rassurants sur la circulation du virus à l’école, semble contredire celle publiée en juin par les chercheurs du centre de recherche économique et social du Liser luxembourgeois.
En juin, les chercheurs du Liser avaient identifié les mesures de confinement ayant le mieux permis de freiner la propagation du virus au niveau mondial : la fermeture des écoles et l’annulation des grands évènements publics avaient eu le plus d’effet. Les restrictions de transports et le contrôle des déplacements internationaux n’avaient en revanche pas eu d’effets notoires.
Ce vendredi, fort d’une étude appuyée par la Direction nationale de la Santé et l’Université du Luxembourg, le gouvernement annonce une tendance plutôt l’inverse : le milieu scolaire n’est pas plus à risque que d’autres milieux avec des « densités similaires de personnes. »
Des approches différentes
Comment expliquer une telle différence d’analyse ? On peut esquisser l’approche suivante : l’étude du Liser portait sur une analyse au niveau mondial, incluant un croisement de huit mesures différentes (restriction dans les transports etc.) pour essayer de cerner l’impact réel de chacune d’entre elles. L’étude du gouvernement est plus empirique (concentrée sur des constats dans le milieu scolaire). Elle est par ailleurs nationale. Notons surtout que le Liser prenait en compte le critère « fermeture des écoles », donc de confinement pur, alors que l’étude du gouvernement se concentre sur la circulation du virus dans le milieu scolaire ouvert, mais qui a respecté des mesures sanitaires précises.
Le gouvernement reconnaît toutefois dans la présentation de son étude : « au niveau international, il y a peu de données sur le risque de transmission dans le milieu scolaire et il n’existe pas de consensus sur le rôle potentiel des écoles dans la transmission de la COVID-19. » Avant de réaffirmer : « Néanmoins, l’école ne semble pas constituer un milieu de propagation majeur. » Mais alors pourquoi la fermeture des écoles aurait mieux marché pour freiner le virus lors du confinement, que la fermeture des lieux de travail ou l’interdiction des transports internationaux (cf l’étude du Liser) ?
Hubert Gamelon
Extrait de l’étude menée par les chercheurs du Liser, où le rôle prépondérant de la fermeture des écoles pour écraser la courbe est souligné :
L’étude en entier est à retrouver ici.