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Violences contre les enfants : des chiffres en baisse au Luxembourg, mais…


«Pendant le confinement, les enfants n'ont pas fréquenté l'école, ni des structures d'accueil et de loisirs où des traces suspectes auraient pu être détectées et signalées», notent les ministres. (illustration Adobe Stock)

Le confinement n’aurait pas entraîné une hausse du nombre de mineurs victimes de violences. Mais ces chiffres sont, pour le moment, interprétés avec prudence par les autorités.

Le confinement en raison de la crise sanitaire a-t-il entraîné une augmentation des violences à l’égard des enfants ? C’est en substance, la question posée par la députée CSV Nancy Arendt à Sam Tanson et Claude Meisch. Dans leur réponse, la ministre de la Justice et le ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de l’Enfance ont dévoilé l’ensemble des chiffres liés aux violences à l’égard des mineurs entre le 13 mars et le 13 juillet (à noter toutefois qu’il ne s’agit pas de la période de confinement stricto sensu) en les comparant sur la même période des années précédentes.

Entre le 13 mars et le 13 juillet 2020, 75 procès-verbaux en matière de violences à l’égard des enfants mineurs sont entrés aux parquets (25 au parquet de Diekirch et 54 au parquet de Luxembourg). Ce chiffre est en baisse par rapport à la même période des années précédentes : 156 du 13 mars au 13 juillet 2019 (21 à Diekirch, 135 à Luxembourg); 125 du 13 mars au 13 juillet 2018 (20 à Diekirch, 105 à Luxembourg), 123 du 13 mars au 13 juillet 2017 (27 à Diekirch et 96 à Luxembourg) et 117 du 13 mars au 13 juillet 2016 (14 à Diekirch et 103 à Luxembourg).

En ce qui concerne le nombre de placements effectués en institution ou en famille d’accueil, on constate, là aussi, globalement une baisse par rapport aux années précédentes : 58 du 13 mars au 13 juillet 2020 (23 à Diekirch et 35 à Luxembourg) contre 120 du 13 mars au 13 juillet 2019 (23 à Diekirch et 97 à Luxembourg), 138 du 13 mars au 13 juillet 2018 (40 à Diekirch et 98 à Luxembourg).

«Ils n’ont personne à qui parler…»

«À cela s’ajoute que selon les informations fournies par le ‘Service Gestion des priorités des prises en charge’ auprès de I’Office national de l’enfance, non seulement des placements judiciaires ont été opérés pendant la période du 15 mars 2020 au 31 mai 2020, mais également des placements volontaires, précisent Sam Tanson et Claude Meisch. Ainsi, 4 enfants de 3-12 ans et 5 adolescents de 12-18 ans ont été placés sur une base volontaire en institution. Un enfant entre 0 et 5 ans a été placé volontairement dans une famille d’accueil.» Les deux ministres soulignent que «les services ambulatoires de l’aide à l’enfance et à la famille ont repris leurs activités d’aide et de soutien socioéducatives auprès des familles à partir de la première phase du déconfinement après les vacances de Pâques, dans la semaine du 20 avril 2020. Les motifs de placements volontaires et judiciaires ont été : problèmes familiaux, troubles du comportement, problèmes de santé des parents, retour en famille impossible, mesures d’aide non adéquates, suite du placement chez une famille de dépannage».

Sam Tanson et Claude Meisch concluent : «Compte tenu des statistiques recensées, il y a lieu de constater que pendant la période du confinement et jusqu’au 13 juillet 2020, le signalement des faits de violence à l’égard des enfants n’ont que peu évolué, voire ont même diminué.» Mais les deux ministres tempèrent leur conclusion en estimant que «cette évolution peut s’expliquer par le fait que pendant le confinement, les enfants n’ont pas fréquenté l’école, ni des structures d’accueil et de loisirs où des traces suspectes auraient pu être détectées et signalées. À ceci s’ajoute que dans certains cas, les victimes de maltraitance, et surtout celles qui subissent des abus sexuels, mettent souvent des mois, voire mêmes des années avant de se confier sur ce qu’elles ont subi.»

Un sentiment partagé par les membres de la section protection de la jeunesse de la police judiciaire que nous avions rencontrés fin avril en plein confinement et qui constataient une chute des signalements à ce moment-là : « Actuellement, le chiffre ne peut exploser. Car les enfants sont chez eux. Ce n’est donc pas évident pour eux de se confier. Ils n’ont personne à qui parler comme ils ne vont pas à l’école, ne voient pas d’amis… », analysait Claude Weis en avril. Il faut donc encore attendre pour tirer un bilan.

Guillaume Chassaing

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