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Villa Louvigny : quand la musique est bonne…


Gainsbourg, Jean-Jacques Goldman, Kim Wilde… Les plus grandes stars internationales y ont défilé. (photo Julien Garroy)

La Villa Louvigny et son auditorium sont officiellement, depuis jeudi, des monuments nationaux. Une reconnaissance pour ce berceau de la radio-télédiffusion luxembourgeoise. Son histoire n’est pas terminée.

Les fantômes d’une époque révolue planent dans cette salle bien plus petite et plus sombre que dans mes souvenirs de gamine. L’horloge digitale aux chiffres rouges sous la vitre rectangulaire de l’ancienne régie, juste au-dessus de la scène, marche toujours, mais elle n’est plus à l’heure. Les rails au plafond sont nus. Les spots qu’ils portaient ont été démontés il y a longtemps. Dans le couloir, face à l’entrée, les caisses contenant les instruments des musiciens de l’orchestre symphonique de RTL ont disparu. L’auditorium plaqué de chêne doré, à l’acoustique exceptionnelle selon les ingénieurs du son et les musiciens de l’époque, est muet depuis 2005.

L’orchestre de RTL, rebaptisé OPL, dont l’histoire est intimement liée à celle du grand auditorium, a pris cette année-là ses quartiers à la Philharmonie, après avoir continué d’y répéter malgré le déménagement de RTL. Les portes de la salle se sont fermées à la musique et les quelque 300 profonds strapontins en velours kaki ont pris la poussière en position verticale. Des tables et des chaises ont été installées sur la scène, cachées par des paravents disgracieux. Seuls les nombreux coups dans son parquet témoignent de l’activité qui y a régné.

De nombreux concerts de musique classique y ont été donnés, de nombreux enregistrements y ont été réalisés, des émissions de télévision et deux éditions du concours Eurovision de la chanson y ont même été captées. La télévision faisait ses premiers pas et les studios de la Villa Louvigny étaient des laboratoires d’expérimentation pour des réalisateurs comme René Steichen.

«Un vrai bijou»

Des murs aujourd’hui bien tristes d’avoir été abandonnés.

Abandonnés mais pas oubliés. Le ministère de la Culture vient de classer la Villa Louvigny et l’auditorium monuments nationaux. Un juste retour des choses pour ces lieux où l’histoire de la radio-télédiffusion luxembourgeoise s’est écrite. La «Villa» a été le point de départ de nombreux projets télévisuels européens. Ses techniciens, quand ils n’enregistraient pas des émissions telles que Citron Grenadine, Hei Elei Kuck Elei ou 10 qu’on aime, ont accompagné la création de chaînes comme M6, RTL-TVI, RTL 7 aux Pays-Bas, entre autres. Des animateurs de radio allemands, tels que Frank Elstner, émettaient depuis la tour.

Le ministère de la Culture ne souhaite pas s’arrêter là et veut donner une nouvelle jeunesse au grand auditorium. «Nous sommes en présence d’un vrai bijou, que ce soit en termes d’architecture ou d’acoustique. La renommée de cet auditorium dépassait de loin les frontières du pays et un chapitre important de l’histoire du pays a été écrit en ces lieux» , a indiqué Guy Arendt, le secrétaire d’État à la Culture, lors d’une visite des lieux. Un état des lieux et une étude de faisabilité vont être réalisés par l’administration des bâtiments publics pour redonner son lustre d’antan à la salle de concert et l’adapter aux normes actuelles en matière d’accessibilité et de sécurité.

La musique va un jour résonner à nouveau sur les panneaux de chêne de ce vaisseau fantôme, des artistes vont fouler les lames du vieux plancher, l’horloge redonnera l’heure exacte et du public se pressera à nouveau aux portes de la Villa Louvigny pour voir des artistes. Comme Jean-Jacques Goldman qui, venu enregistrer une émission de Citron Grenadine en 1983, avait provoqué une émeute de fans derrière les grilles du domaine.

Sophie Kieffer

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