Le label «Naturschutz Fleesch» a été lancé par le ministère du Développement durable. Dernièrement, des cas de bovins maltraités issus de l’élevage extensif avaient jeté le discrédit sur le label.
C’est une viande marbrée qui témoigne d’une graisse intramusculaire propre aux bovins qui circulent toute l’année dans les pâturages. Les races Galloway, Highland et Angus en sont les représentants. Au Luxembourg,ils ont un label que ne se fatigue pas à défendre le ministre de l’Agriculture… Explications.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, ne s’est pas précipité au chevet du label «Naturschutz Fleesch» (viande issue de l’élevage extensif) dans sa réponse à une question parlementaire des députés Lex Delles et Gusty Graas (DP) à la suite du scandale des bovins retrouvés morts à Mensdorf en novembre dernier.
Pour rappel, neuf cas mortels victimes de «négligences graves de la part d’éleveurs labellisés», indiquait le ministre de l’Agriculture, avaient été découverts à Mensdorf alors qu’une partie d’un troupeau de race Galloway était atteinte d’une infection due à un parasite dans le foie qui «en l’absence de vermifugation, peut entraîner la mort de l’animal», s’empressait de préciser le ministère de l’Agriculture à l’époque de la découverte.
Cette macabre découverte avait de quoi jeter le discrédit sur un label qui ne dépend pas du ministère de l’Agriculture mais de celui du Développement durable et de son département de l’environnement. Il s’agissait en l’occurrence de bovins de race Galloway qui comme les Highland ou Angus font partie du programme «Naturschutz Fleesch».
Les faits de Mensdorf relevaient d’une maltraitance animale et devaient avoir des conséquences, selon le ministre qui avait transmis le dossier au parquet en vue d’une instruction judiciaire.
Les deux députés voulaient savoir si l’élevage extensif – durant toute l’année pour la production de la viande «Naturschutz Fleesch» – était adapté pour le Luxembourg. Car ils pensaient savoir «qu’un grand nombre de bêtes amenées dans les abattoirs ne répondent pas aux exigences sanitaires relatives à la production de viande, car atteintes de maladies diverses (infestation vermine ou parasitaire)». Si ces animaux issus de l’élevage extensif sont impropres à la consommation, «leur élevage ne constitue-t-il pas un gaspillage de ressources naturelles?», s’interrogeaient encore les députés.
Réponse du ministère : «Les services du ministère de l’Agriculture, de la Viticulture et de la Protection des consommateurs ne disposent pas d’informations concernant les résultats d’inspection des bovins dont la viande est commercialisée sous le label « Naturschutz Fleesch » puisque tous ces animaux sont abattus dans un abattoir en Belgique».
Contrôlés au Luxembourg
Le ministre à la Protection des consommateurs ne s’intéresse-t-il pas davantage à la qualité de la viande vendue sous le label «Naturschutz Fleesch»? « C’est un projet lancé par le ministère du Développement durable », indique Fernand Etgen au Quotidien . Certes. « On ne peut pas dire que des bêtes sont rejetées car on ne dispose pas de données à ce sujet. C’est aux Belges de traiter cela », nous dit encore le ministre. Bien.
Il faut savoir que c’est la viande Angus qui est principalement commercialisée sous ce label et qu’elle est effectivement traitée par un abattoir à Bastogne du groupe Veviba. En revanche, les bovins des races Galloway et Highland qu’évoquent les députés dans leur question sont bel et bien abattus dans un abattoir luxembourgeois, en l’occurrence celui d’Ettelbruck, comme nous le confirme un interlocuteur de l’administration de la Nature et des Forêts, responsable du label depuis 2013, date de son lancement dans les boucheries et restaurants participants, et qui garantit des produits de viande bovine issus de projets de protection de la nature au Luxembourg.
À Ettelbruck, nous apprenons que peu de bovins de ces races arrivent à l’abattoir par rapport au bœuf Angus. Ils remplissent leur rôle premier qui est d’occuper des prairies tout au long de l’année. Pas de labourage, pas de fauchage, pas de biocide, pas de tracteurs, c’est le pâturage 100 % naturel pour les bienfaits de la biodiversité. Et pour cela, les éleveurs reçoivent des primes contre le respect du cahier des charges. Cette viande est vendue par l’abattoir d’Ettelbruck au centre commercial Massen à Wemperhardt.
Donc seul le bœuf Angus est abattu en Belgique. Mais là encore, il faut souligner, ce que ne fait pas le ministre Fernand Etgen, que les bêtes sont inspectées « par les systèmes sanitaires luxembourgeois et partent à Bastogne ensuite », comme nous le confirme Hubert de Schorlemer, éleveur de l’Angus du Mullerthal.
Avec une douzaine d’autres éleveurs, il a constitué une coopérative et il est le premier à blâmer le comportement des deux éleveurs négligents de Mensdorf à l’origine d’une polémique sur le label «Naturschutz Fleesch».
Les normes sanitaires sont contrôlées par les services luxembourgeois et l’abattoir de Bastogne fait le reste pour le compte des supermarchés Delhaize au Luxembourg qui ont monté ce partenariat avec les éleveurs. « Nous n’avons aucun problème avec le label « Naturschutz Fleesch », au contraire nous connaissons un succès grandissant et cette viande est d’une qualité remarquable à tel point que toute la bête peut être découpée et consommée », affirme Florence Maniquet, de la direction de Delhaize à Bruxelles.
Il n’y a donc pas lieu de jeter un label en pâture. Comme pour les autres races de bovins, il n’y a pas plus de bêtes jugées impropres à la consommation pour cause de maladies, soit 0,1 % des bêtes destinées à l’abattoir.
Geneviève Montaigu