Le phénomène de désyndicalisation est général. Au Luxembourg, il touche principalement les résidents. Les générations changent, les métiers aussi, les syndicats peu.
En 2019, seul un travailleur résident sur quatre était affilié auprès d’une organisation syndicale, selon une enquête fondée sur les déclarations des salariés résidents âgés de 15 ans et plus. En dix ans, le taux de syndicalisation a diminué d’un tiers et risque de continuer de chuter dans les années à venir au Luxembourg.
Le phénomène est quasi identique dans tous les pays de l’OCDE, mais le monde syndical luxembourgeois n’a pas à se plaindre, le niveau de syndicalisation dans le pays reste supérieur à la moyenne de l’OCDE. En 2010, 152 000 personnes étaient membres d’une organisation syndicale luxembourgeoise (y compris les frontaliers) dont 20 % étaient à la retraite. Ce chiffre est monté à 162 000 personnes en 2017 et a chuté à 154 000 personnes en 2019.
Par rapport à 2010, le Statec constate une hausse de 1,3 % en chiffres absolus et une baisse de 5,4 % par rapport à 2017. Ce phénomène de désyndicalisation est encore plus significatif chez les résidents où le taux de syndicalisation est passé de 40 % en 2010 à 25 % en 2019. Sont particulièrement concernés les salariés de nationalité française, les moins de 35 ans, ceux qui ont un CDD et ceux qui ont un travail posté. Dans ces groupes, la densité syndicale s’est réduite de moitié. Le secteur public n’a pas ce souci : en 2019, un salarié sur deux était membre d’un syndicat dans l’administration publique.
La forte syndicalisation parmi les travailleurs luxembourgeois (39 %) s’explique, selon le Statec, par le fait que «ces travailleurs ont été au centre de l’approche plus protectionniste des syndicats luxembourgeois dans le passé».
Les secteurs économiques avec les plus grands pourcentages de membres syndiqués, après l’administration publique, sont l’enseignement (public et privé) et le secteur du transport et stockage. Partout ailleurs, ça diminue.
En revanche, il y a toujours 60 % des salariés couverts par une convention collective négociée entre syndicats et patronat, ce chiffre reste stable sur dix ans. Dans la fonction publique, ils sont 90 % à être couverts.
L ’OGBL reste le principal syndicat avec presque la moitié des syndiqués au Luxembourg (45 % en 2019), suivi par le LCGB avec 26 %, la CGFP avec 19 %, suivent ensuite l’ALEBA et les autres syndicats du secteur de la banque et de l’assurance (7 %) ainsi que le FEP/FITC (3 %).
Les centrales syndicales ne doivent pas culpabiliser, la raison de ce manque d’engouement ne vient pas d’un rejet du rôle des syndicats, comme le précise le Statec dans son dernier numéro de Regards. En premier lieu, les jeunes générations, contrairement à leurs aînés, sont moins enclines à se syndiqués. Ensuite, la désindustrialisation et la digitalisation ont changé les attitudes et créé une main-d’œuvre plus hétérogène.
Le phénomène de «free-riding» ne doit pas être négligé, qui signifie que le salarié n’est pas syndiqué, mais qu’il profite des acquis que négocie le syndicat au niveau sectoriel ou national.
Plus de femmes syndiquées
Dans les branches comme l’Horeca, le commerce et aussi les TIC et la finance, il y a typiquement une syndicalisation plus faible que dans l’enseignement ou l’administration publique, par exemple. Par contre, les syndicats enregistrent une augmentation de membres en possession d’un diplôme universitaire. Les syndicats comptent aussi un peu plus de femmes qu’auparavant.
La structure des syndicats au Luxembourg est en évolution lente, relève le Statec, en comparaison de la rapide transformation économique et démographique que connaît le pays.
Les immigrés et les jeunes générations deviennent plus nombreux sur le marché du travail mais adhèrent moins à un syndicat par rapport aux générations de l’ère industrielle. La désyndicalisation au Luxembourg semble donc résulter surtout d’un effet de composition de la main-d’œuvre.