Le Syndicat des fabriques d’église (Syfel) s’insurge contre ce qu’elle qualifie de volonté gouvernementale de se débarrasser des organismes qu’il représente. Elle dénote, selon lui, des tendances despotiques. Le Syfel ne milite pas forcément pour «garder l’église au milieu du village» et donc pour un statu quo à propos de la législation en vigueur, mais il prend position en faveur d’une modernisation des textes au lieu de leur abrogation pure et simple.
Le Syndicat des fabriques d’église du Luxembourg repasse à l’offensive contre le projet de loi visant à substituer aux fabriques d’église un fonds de gestion des édifices religieux. En effet, selon le texte qui a été déposé au mois de mai dernier par le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, les fabriques d’église sont vouées à disparaître.
De plus, lorsque le gouvernement motive sa volonté de voir évoluer les relations entre État et cultes en brandissant l’argument de la «garantie de transparence au niveau du patrimoine et des ressources des églises», le Syfel n’y croit pas. Le jeune syndicat, créé il y a un peu plus d’un an, dénonce «une discrimination de la communauté catholique» et déclare, dans une prise de position, que «l’histoire (nous) enseigne que seuls des régimes despotiques et autoritaires se sont attaqués aux fabriques d’église par le passé».
Des termes forts qui fustigent le bien-fondé du projet de loi qui a été transmis à la commission parlementaire des Affaires intérieures et qui n’a donc pas encore été voté en plénière.
Un projet de loi «aberrant»
Le Syfel joue donc l’une de ses dernières cartes en cherchant à sensibiliser les députés à un texte qui viendrait modifier, s’il était adopté, un décret napoléonien de 1809.
Concrètement, le Syfel s’offusque du fait que l’entrée en vigueur de la nouvelle loi reviendrait à interdire aux communes de soutenir les fabriques d’église. «Aberrant», selon le syndicat, qui souligne que «les communes sont libres et autonomes» et qu’«un tel interdit n’existe pas dans d’autres domaines». Et une interdiction par ailleurs «discriminatoire» vis-à-vis de la seule communauté catholique, puisque les autres communautés religieuses ne sont pas visées par la loi planifiée.
Pour couronner le tout, le Syfel décrie le fait que l’obligation communale relative sera abrogée, selon le texte. Par ailleurs, le Syfel dénonce également «les chiffres tronqués du gouvernement sur les finances des fabriques» : le syndicat se dit «indigné» et qualifie l’action du gouvernement de «campagne de désinformation».
En guise de conclusion, le Syfel, qui regroupe et représente 260 des 285 fabriques d’église du Luxembourg, tout en s’opposant à toute abrogation, tant totale que partielle, de la législation en vigueur, plaide pour une modernisation de celle-ci.
Claude Damiani
«Le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, refuse de nous recevoir»
Le président du Syndicat des fabriques d’église du Luxembourg (Syfel), Serge Eberhard, dénonce l’absence de dialogue et la façon de procéder unilatérale du gouvernement. Le syndicat déplore de n’avoir été consulté à aucun moment et espère que les députés rejetteront le projet de loi en question, au moment de son vote en plénière.
S’il pourra probablement compter sur les parlementaires du Parti chrétien-social (CSV), leurs seules voix ne pourront empêcher l’adoption du texte, ceux-ci étant au nombre de 23 à la Chambre des députés : la majorité (sur 60 députés) ne serait donc pas atteinte.
Cela étant, le Syfel a d’ores et déjà annoncé que son conseil d’administration et ses membres n’hésiteront pas à utiliser les voix de recours qui leur sont ouvertes «pour discrimination et limitation de la liberté de la religion auprès des instances nationales et internationales».