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« Un choc, une désillusion » pour le camp du oui


Dimanche, les militants sont venus (Gilbert Pregno et Mady Delvaux-Stehres, notamment), mais ils étaient bien tristes... (photo Alain Rischard)

Le camp du oui était réuni dimanche au siège de l’ASTI, à Luxembourg. À l’heure d’analyser les résultats et d’encaisser une grosse désillusion, l’humeur, évidemment, était morose. Même si ses partisans ont pris garde de ne pas envenimer la situation en opposant Luxembourgeois et étrangers, le conservatisme affiché par les électeurs a eu du mal à passer.

La plate-forme Migrations et intégration a milité tant qu’elle a pu pour le oui. Dimanche, elle a donc reçu une grande gifle. « C’est un choc, une désillusion. Ce n’est pas le résultat auquel on s’attendait, reconnait Sergio Ferreira. Nous savions que le non risquait de l’emporter, mais pas dans de telles proportions. Il va être difficile d’en retirer quoi que ce soit de positif. » Selon lui, ce non « émotionnel et anxiogène » a été porté par « un rejet de la politique en général, un rejet du gouvernement et est le reflet du ton des discussions qui ont été menées ».

Les électeurs n’auront donc pas répondu aux questions qui leur ont été posées? Le rejet du vote des étrangers ne serait qu’un dommage collatéral du désamour entre les électeurs et le gouvernement? « Ce non n’implique pas un rejet des étrangers , veut-il croire. Et si fracture il y a, elle est aussi parmi les électeurs eux-mêmes, car il y en a quand même pas mal qui ont eu le courage de voter oui. »

Finalement, le multiculturalisme

Ardent défenseur du vivre ensemble, on sent bien que Sergio Ferreira ne souhaite pas jeter de l’huile sur le feu. La crainte de voir la situation s’embraser est sous-jacente. Mil Lorang, l’ancien porte-parole de l’OGBL, prend moins de gants  : « Aujourd’hui, si j’étais un résident étranger, je me poserais des questions .» Pour l’ex-syndicaliste, le multiculturalisme épanoui du Grand-Duché, telle qu’on nous l’a vendu, a pris du plomb dans l’aile. « Ceux qui ont le droit de vote ont montré qu’ils étaient moins ouverts qu’on aurait pu le croire », lance-t-il, amer.

Et c’est justement cette représentativité tronquée qui lui pose problème  :  « L’électorat se compose de 45  % de personnes qui travaillent dans la fonction publique, 32  % ont plus de 60  ans et sa moyenne d’âge est de 52 ans… ce n’est pas ça, la société luxembourgeoise .»

Il s’indigne que la grande majorité des électeurs ait nié le déficit de représentativité né d’une démographie sans pareille en Europe. « Le camp du non disait que donner le droit de vote aux étrangers serait une première. Mais ce qui en est une, c’est que dans une démocratie, les électeurs représentent une frange minoritaire de la population. Nous ne vivons plus dans une démocratie, il faut inventer un nouveau mot! »

Au siège de l’ASTI, tout le monde n’est d’ailleurs pas convaincu de l’opportunité de faire appel à la voie référendaire pour traiter de la question du vote des étrangers. Ou alors, il faudrait s’y prendre autrement. « Il faut en tirer les leçons, prévient Sergio Ferreira. Pour les prochains référendums, il faudra plus de pédagogie pour que les questions parallèles ne prennent pas le dessus .» Car à l’ASTI, on n’a pas cessé de croire, hier, que le droit de vote des étrangers était inéluctable.

Erwan Nonet

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