Le paquet de mesures visant à atténuer la flambée des prix prévoit une compensation financière de 830 millions d’euros pour les salariés et les entreprises. Seul l’OGBL n’a pas signé l’accord.
La signature est intervenue peu après 16 h. Ce jeudi après-midi, les syndicats LCGB et CGFP, l’association patronale UEL et le gouvernement ont officialisé un accord tripartite négocié dans la douleur. Il ne s’agit que d’un accord «partiel». L’OGBL a en effet quitté très tard mercredi soir la table des négociations. Une véritable bataille des chiffres est engagée, mais en fin de compte la Chambre sera amenée à voter un paquet global de 830 millions d’euros visant à venir en aide aux salariés et aux entreprises, lourdement impactés par la flambée généralisée des prix.
«Nous entrons dans une période qui risque de devenir la plus difficile et la plus dangereuse depuis très longtemps. Les patrons et les salariés ont peur pour leur avenir. Ils souffrent lourdement, pas uniquement à cause de la hausse des prix», est venu souligner le Premier ministre, Xavier Bettel, devant les députés. Il reprend : «Personne ne sait comment va évoluer cette crise. Mais nous avons conscience des préoccupations qui existent. Le gouvernement ne va laisser personne pour compte.»
Selon la ministre des Finances, Yuriko Backes, l’objectif du paquet ficelé dans la douleur poursuit un triple objectif : la sauvegarde des emplois, le maintien, voire le renforcement du pouvoir d’achat et le besoin d’offrir une prévisibilité aux entreprises. Le «paquet de solidarité», qualifié d’«historique», est chiffré à 830 millions d’euros, dont 432 millions d’euros qui vont compenser la perte de pouvoir d’achat des salariés et 225 millions d’euros destinés aux entreprises.
«Aucun ménage ne va perdre en pouvoir d’achat», insiste à plusieurs reprises le chef du gouvernement. Le report de la tranche indiciaire, la deuxième après celle versée dès ce mois d’avril, serait même «surcompensé» pour les bas et moyens salaires (lire ci-contre). L’avis de l’OGBL est diamétralement opposé. À la Chambre, les petits partis d’opposition (ADR, déi Lénk, Parti pirate) ont également émis des doutes. Le CSV, par contre, a donné son «accord de principe» aux mesures finalement validées par quatre des cinq partenaires assis à la table des négociations.
Large soutien de la Chambre
Plus tard, la ministre des Finances avance même un chiffre global de 1 337 millions d’euros, comprenant les 500 millions d’euros de garanties que la main publique est prête à offrir aux entreprises en manque de liquidités. Yuriko Backes précise que le déficit du budget de l’État 2022 risque de passer de 1,2 à 2 milliards d’euros. «En tant que nouvelle ministre des Finances, il s’agit d’une situation particulière. Or je suis convaincue qu’il s’agit d’un bon investissement. Ne rien faire reviendrait bien plus cher», souligne Yuriko Backes, assermentée en janvier.
Une commission spéciale parlementaire «tripartite» sera saisie dans les meilleurs délais des projets de loi visant à introduire le mécanisme de compensation pour le report de la tranche indiciaire, la réduction de 7,5 centimes d’euros par litre de carburant, le gel des loyers et les aides financières réservées aux entreprises les plus énergivores.
L’accent serait mis sur ceux qui sont le plus dans le besoin. Le Premier ministre, soutenu par une large majorité à la Chambre (52 députés sur 60), défend un paquet ciblé, ne remettant en rien en cause le mécanisme de l’indexation. Le débat n’est cependant pas encore clos.