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Traçage numérique : le CSV isolé


«Vu la hausse du nombre d'infections, le traçage analogique va rapidement atteindre ses limites», met en garde Viviane Reding.(Photo : archives LQ/Hervé Montaigu)

Le Parti chrétien-social est le seul à revendiquer l’introduction d’une application de traçage au Luxembourg. Tous les autres partis soutiennent le traçage analogique.

Le CSV est encore une fois revenu à la charge, mercredi, pour revendiquer que le Luxembourg se dote d’une application mobile afin d’assurer le traçage numérique des personnes testées positives au coronavirus. «Vu la hausse du nombre d’infections, le traçage analogique va rapidement atteindre ses limites», met en garde Viviane Reding. L’ancienne commissaire européenne était cependant bien seule à prêcher dans ce sens. «Je constate que seuls 6 des 21 élus du CSV sont présents», ne s’est pas privé de mentionner Marc Baum (déi Lénk).

Il faut dire que le gouvernement a freiné d’emblée l’initiative du CSV. Sans attendre le début de l’heure d’actualité sur la question, le Premier ministre avait déjà souligné dans sa déclaration qu’une telle application «n’est ni fiable ni efficace». Xavier Bettel a ensuite présenté les chiffres démontrant les échecs des applications lancées dans d’autres pays européens. En France, 2,7 % de la population a téléchargé l’application, la moitié l’a ensuite effacée. En Suisse, 12 % de la population s’est procuré l’application, en Autriche 7,6 %, en Italie 6 %, en Norvège 10 %, avant que l’outil soit retiré.

Même en Allemagne, où 15 millions de téléchargements ont été comptabilisés, le succès est à relativiser. «Il s’agit tout au plus de 20 % de la population. Or ce sont toujours 60 % qui sont requis pour qu’une telle application fonctionne vraiment», note le Premier ministre.

Viviane Reding suivra plus tard l’argumentation du Premier ministre en évoquant la «faillite» de l’application française et le fait que le Royaume-Uni s’est «ridiculisé» avec son projet. Elle admet également qu’«une application ne résout pas tous les problèmes. Le traçage analogique doit rester de mise».

Le gouvernement en contact avec l’Allemagne

«À travers l’UE, de telles applications sont restées sans succès. Pourquoi donc investir du temps pour discuter à nouveau de cet outil ? L’application allemande est également défaillante», s’échauffe Sven Clement (Parti pirate). «Il n’existe aucun nouveau moment dans ce débat», fait remarquer à son tour Marc Baum (déi Lénk). «Je suis effrayé par la ferveur déployée par le CSV dans ce dossier alors qu’il compte avec Gilles Roth et Laurent Mosar deux grands défenseurs de la protection des données», souligne Roy Reding (ADR). Les partis de la majorité (DP, LSAP, déi gréng) restent aussi tous opposés au traçage numérique. La Chambre des députés avait adopté le 7 mai une motion donnant la priorité au traçage analogique.

Malgré tout, le gouvernement continue à préparer le terrain en coulisses. «Nous avons noué des contacts pour pouvoir adapter l’application allemande aux besoins luxembourgeois», a annoncé mercredi le Premier ministre. Le cadre légal est aussi en cours d’élaboration. Mais pour l’instant, rien n’indique que le Grand-Duché va sauter le pas. «Sans interopérabilité, une application ne fait aucun sens», insiste encore Xavier Bettel.

D. M.