L’Action Luxembourg ouvert et solidaire–Ligue des droits de l’homme souhaiterait que la réforme pénitentiaire prévoie une période de transition pour les détenus.
Au moment des récents événements au centre pénitentiaire de Schrassig, la fièvre a gagné aussi les réseaux sociaux et certains quartiers généraux politiques comme le CSV, qui défendait l’idée d’armer les gardiens de prison. Une option que les députés n’ont pas retenue en commission, se limitant au gel poivre et aux pistolets type flash-ball à munitions non pénétrantes pour élargir la panoplie des moyens mis à la disposition des agents pénitentiaires pour se défendre en cas de nécessité.
L’Action Luxembourg ouvert et solidaire–Ligue des droits de l’homme (ALOS-LDH) regrette les appels à la violence de la part de détenus jugés «inadmissibles», mais la proposition de certains politiciens d’armer les gardiens de prison «apparaît pour le moins contre-productive, sinon dangereuse», estiment les défenseurs des droits humains. Ils proposent de mettre «de l’huile dans le moteur» plutôt que d’en jeter sur le feu et appellent toutes les parties à se ressaisir.
L’ALOS-LDH suit de près la réforme pénitentiaire et salue sa modernité tout en rappelant ses revendications, parmi lesquelles la création d’un organisme d’observation et d’évaluation externe des centres de détention. L’idée d’un double emploi avec le contrôle externe des lieux privatifs de liberté effleure l’esprit, mais le président de l’ALOS-LDH, Claude Weber, précise sa pensée.
Réductions de peine
«On construit des prisons mais nous n’avons aucune donnée statistique, ou si peu, sur la population carcérale, la situation des détenus, pas de bilans annuels sur les différents centres», nous explique-t-il. L’idée est donc de créer un organisme indépendant «à vocation scientifique», poursuit-il. «On pourrait imaginer une entité rattachée à l’université, car nous sommes un petit pays par rapport à la France qui dispose d’un observatoire indépendant prévu par la loi pénitentiaire, mais il s’occupe de 200 centres de détention», compare Claude Weber.
Autre revendication de la part des défenseurs des droits humains : des mesures de transition permettant aux personnes condamnées selon l’ «ancien régime» de bénéficier des dispositions du «nouveau régime», sans devoir engager de procédure. «Il y a 600 détenus qui attendent que la loi s’applique à eux. On propose des réductions de peine en proportion de ce que ces personnes seraient en droit d’attendre dans un jugement», nous explique Claude Weber. Il ne demande pas de relâcher tout le monde, mais que la loi envisage des réductions pour éviter qu’à Schrassig deux catégories de détenus cohabitent, ce qui risquerait de créer des tensions. «Ce serait aussi une façon de marquer un nouveau départ», estime Claude Weber.
Geneviève Montaigu
Du côté des gardiens
Pour les gardiens, les défenseurs des droits humains ont des revendications également. D’abord, ils préconisent un système de médiation qui éviterait que des conflits éclatent et surtout un accompagnement et un soutien pour les gardiens qui ont besoin de trouver conseil et réconfort auprès d’une oreille externe, «une sorte de défouloir si besoin», explique Claude Weber, parce que l’on n’a pas toujours envie «d’aller se confier à un supérieur hiérarchique».
Dans leur liste, d’autres attentes sont énumérées : une garantie de protection étendue des agents de l’administration pénitentiaire et de leurs familles; l’inscription dans un règlement grand-ducal d’une «échelle» des fautes disciplinaires, à laquelle correspondrait l’échelle des sanctions prévue dans le projet de loi; le caractère suspensif des recours contre les mesures disciplinaires graves et encore l’application du code du travail dans les centres de détention ou, à défaut, l’affiliation des détenus aux caisses de maladie et de pension.