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Sylvie Mischel (ADR) : le populisme chevillé au corps


Sylvie Mischel est de retour dans le jeu politique (Photo d'archives : Fabrizio Pizzolante).

Sylvie Mischel est de retour dans les instances décisionnelles du parti ADR. La compagne de Fernand Kartheiser, ancienne membre du CSV, a beaucoup d’ambitions pour son parti et pour elle-même.

Sylvie Mischel veut se faire un nom et sortir de l’ombre de son compagnon et maître à penser, le très réactionnaire député Fernand Kartheiser. Lundi soir, elle a été réélue à la tête de la section des femmes de l’ADR, après l’avoir abandonnée il y a un mois dans la tempête qu’avait déclenché un post sur son profil Facebook. Sylvie Mischel avait utilisé une photo de Jean Asselborn entouré de nouveaux réfugiés pour la présenter comme la prochaine affiche électorale du Parti socialiste. Le ministre des Affaires étrangères et une bonne partie de la classe politique derrière lui avaient durement critiqué cette misérable sortie typique des partis populistes d’extrême droite.

Sylvie Mischel récoltait les fruits de sa provocation, c’était le but, en voyant son nom s’étaler dans les titres tandis qu’elle criait à la liberté d’expression bafouée sur les réseaux sociaux. Toujours dans le sillage du député Fernand Kartheiser, son compagnon depuis une demi-douzaine d’années, Sylvie Mischel était enfin au cœur d’une polémique et pouvait mesurer sa popularité dans les commentaires des internautes.
Conseillère de direction à la Banque centrale du Luxembourg, Sylvie Mischel avait une autre vie avant sa rencontre avec Fernand Kartheiser en qui elle a trouvé son âme sœur. Dans son cercle d’amis de l’époque, la nouvelle de sa relation intime avec l’ancien diplomate ultraconservateur avait fait l’effet d’une bombe. Elle qui éprouvait beaucoup de sympathie pour Xavier Bettel comptait parmi ses amis des proches de l’actuel Premier ministre, tous bords politiques confondus, qui ne la reconnaissent plus ou si peu. De nombreux contacts ont d’ailleurs été rompus.

Hyperactive sur les réseaux sociaux, Sylvie Mischel y véhicule des messages formatés pour aiguiser les appétits populistes. Elle semble avoir trouvé sa place au sein de la famille ADR et tente de sortir de l’ombre de son compagnon à qui elle sert généreusement la soupe. Dans une autre vie, elle avait déjà essayé de percer au sein du Parti chrétien-social. Au début des années 2 000, alors que Jean-Louis Schiltz occupait le poste de secrétaire général du CSV, certains membres influents avaient tenté de lui imposer Sylvie Mischel comme adjointe. Il avait refusé net, arguant qu’il était capable de choisir lui-même ses adjoints. Alors que les statuts lui permettaient d’en avoir deux, Jean-Louis Schiltz avait préféré s’entourer du seul Maurice Bauer pour le seconder. Sylvie Mischel voulait décrocher un rôle, mais elle n’avait pas été retenue au casting. Même déconvenue quand elle a frappé à la porte du Conseil national des femmes (CNFL) avec sa section de l’ADR. L’organisation féministe faîtière voyait d’un très mauvais œil l’arrivée dans ses rangs d’un groupe adepte des discours nationalistes et xénophobes. Qui plus est, Sylvie Mischel représentait le cheval de Troie qui dissimulait mal la silhouette de Fernand Kartheiser, grand adversaire des défenseurs des droits de la femme qui, selon lui, ne se rendent pas suffisamment au chevet des hommes victimes de violences.

Celle qui force les barrages

Et pourtant, Sylvie Mischel réussit à s’infiltrer au CNFL par le biais de la Fédération nationale des femmes luxembourgeoises (FNFL) dont Astrid Lulling maintient tout juste la tête hors de l’eau. L’expérience tourne mal et la fédération se fait éjecter avant les vacances de Noël. Les craintes du CNFL étaient justifiées et Sylvie Mischel a effectivement rapporté à son compagnon et maître à penser des discussions confidentielles du conseil d’administration. Une question parlementaire posée par Fernand Kartheiser le lendemain même d’une réunion du CNFL en est la preuve.

Si les projecteurs sont surtout braqués sur Astrid Lulling pour une sombre histoire de désaccord avec la Grande-Duchesse, c’est bien le comportement de Sylvie Mischel qui est le plus à blâmer et qui a entraîné la radiation de la Fédération nationale des femmes luxembourgeoises de l’organisation faîtière.
Aujourd’hui, Sylvie Mischel est sous la lumière. Lundi soir, elle a été réélue à la tête de la section des femmes de l’ADR lors d’un congrès statutaire dont les invitations ont été envoyées en pleine trêve de Noël. Sylvie Mischel va continuer à s’imposer comme le pendant féminin de Fernand Kartheiser. Elle a déjà réussi à se faire un nom, peu importe la manière, et elle a de grandes ambitions pour le parti et, surtout, pour elle-même. Arrivée 7e sur la liste du Sud aux dernières élections législatives de 2018, Sylvie Mischel vise clairement un mandat de députée à la prochaine échéance.

Geneviève Montaigu

Penning relativise ce succès

Le secrétaire général du parti, Alex Penning, relativise le succès de Sylvie Mischel lors du congrès de lundi soir dernier : «La section des femmes compte 800 membres et, hier, elles étaient à peine 17 à leur congrès statutaire, dont 6 qui ont voté contre elle», nous explique-t-il. Sylvie Mischel était la seule candidate pour le poste de présidente et, par cette élection, elle retrouve sa place au sein du comité national et du comité exécutif du parti. «Oui, mais elle n’est plus vice-présidente», s’empresse d’ajouter Alex Penning. Une consolation pour celui qui avait également critiqué le post malheureux de Sylvie Mischel sur Jean Asselborn. «J’avais dit que si ce post devait ne pas avoir de conséquences, je démissionnerais», rappelle-t-il. Pour lui, Sylvie Mischel n’est plus vice-présidente et le congrès du parti du 26 mars prochain ne prévoit pas d’élection pour la remplacer. «Pour nous, le problème est réglé. Il n’y aura plus de post de ce genre qui émanera d’un membre de l’exécutif», nous dit-il.
Le secrétaire général est en poste jusqu’en 2022 et ne compte pas démissionner d’ici là.