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Société – Le défi de la santé mentale des réfugiés


Le nombre de demandeurs d’asile présentant des traumatismes de guerre est en hausse.

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Dans son bilan, le gouvernement recense 1 091 demandes d’asile en 2014, contre 1 070 en 2013. (Photo : archives Le Quotidien)

Comme le reconnaissait vendredi Corinne Cahen, ministre de la Famille et de l’Intégration, en marge de la présentation du nouveau passeport biométrique et du bilan en matière de politique d’asile, il y a, parmi les demandeurs d’asile, un nombre croissant d’individus souffrant de maladies, de handicaps et de traumatismes. Parmi eux, les traumatisés posent assurément le plus grand défi pour le pays, le nombre de spécialistes en traumatisme de guerre étant limité.

Plusieurs organismes prennent toutefois en charge ces patients qui, souvent, ne s’expriment que dans leur langue et appartiennent à des cultures très différentes qu’il faut savoir prendre en compte, comme nous le confie une psychologue du Centre de santé mentale de Luxembourg, par ailleurs membre d’une association spécialisée en psychiatrie transculturelle.

Souvent, rien que de fixer un rendez-vous pose déjà problème, les demandeurs d’asile ne disposant pas des moyens nécessaires pour assurer leur traitement, car l’État n’y contribue pas. Spécialiste des troubles psycho-traumatiques, cette psychologue a donc entrepris de se former elle-même par rapport aux défis qu’elle rencontre (cas d’emprisonnement, de tortures, etc.), et dont elle discute avec ses confrères lors d' »intervisions ».

> Le nombre de demandes d’asile est stable

Certains spécialistes s’occupaient aussi de ces demandeurs d’asile traumatisés à titre privé, mais leur nombre a fortement diminué, là encore faute de moyens alloués par l’État. Sans parler de l’absence de rémunération pour les traducteurs présents. Les consultations prennent beaucoup de temps. À quoi s’ajoute le fait que ces patients ne demandent bien souvent de soutien psychologique que « dix, quinze ans après les faits traumatisants » poursuit la psychologue. Dès lors, « les renvoyer dans leurs pays rend un traitement efficace impossible ».

Concernant les chiffres, le gouvernement a présenté, vendredi, le bilan de 2014 des demandes d’asile. Ainsi, nous apprenait-on que l’année dernière, 1 091 demandes ont été formulées contre 1 070 en 2013. Leur nombre reste donc stable.

Parmi ces requêtes, la plupart proviennent des pays des Balkans : 163 de la Bosnie-et-Herzégovine (14,94 %), 140 du Kosovo (12,83 %) et 137 du Montenégro (12,56 %). À côté de ceux-ci, 93 Syriens ont formulé une demande, avec 38 Érythréens et Tunisiens.

Néanmoins, en 2014, de 1 254 demandes, 145 seulement ont donné lieu au statut international de réfugié (DPI). Parmi les bénéficiaires : 38 Syriens, 15 Irakiens et 14 Érythréens. Trente-trois personnes ont obtenu une carte de séjour et 161 autres ont été reconduits dans le pays responsable de leur demande d’asile (NDLR : le premier pays d’accueil officiel des migrants où la requête a été présentée), conformément au règlement Dublin II.

Comme l’a annoncé la ministre de l’Intégration, 48 réfugiés syriens seront accueillis au Luxembourg vers mars et avril. Il s’agit de neuf familles composées de 17 adultes et de 29 enfants. Constatant un « manque urgent de maisons pour familles nombreuses », Corinne Cahen a d’ailleurs lancé un appel aux communes pour en mettre davantage à leur disposition.

Il a aussi été question de deux projets de loi récemment adoptés par le Conseil d’État. Grâce à ceux-ci, le temps que prennent les procédures de demande d’asile sera réduit à six mois, mettant fin aux « retards massifs » observés. À cet effet, les deux ministères verront leur personnel augmenté.

Dans le cadre de la polémique autour de l’expulsion de deux sœurs albanaises, rapatriées depuis, le gouvernement a annoncé une mesure qui devrait permettre, à l’avenir, sous certaines conditions, aux enfants présents dans le pays depuis quatre ans d’y rester avec leur famille, même si leur demande d’asile a été déboutée. Les deux Albanaises, auraient d’ailleurs été autorisées à poursuivre et à terminer leur scolarité au Grand-Duché.

De notre journaliste Frédéric Braun

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