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Roland Schreiner : «Être bourgmestre, ce n’est pas un cadeau»


(Photo : Editpress/Claude Lenert)

Roland Schreiner, bourgmestre LSAP de Schifflange, prend sa retraite politique après 30 ans de mandats communaux. Il fut aussi député. Il nous parle du difficile mandat de maire, à l’approche des élections.

Il vient d’avoir 60 ans et estime avoir consacré assez de temps aux autres. Roland Schreiner parle avec respect de ceux qui briguent un mandat communal, car c’est une vocation plus qu’un métier. Il faut cependant être bien formé pour remplir sa mission. Le bourgmestre de Schifflange parle de son expérience.

Comment êtes-vous entré en politique?

Roland Schreiner : Je suis né à Schifflange en 1957 et j’ai toujours eu un intérêt pour le développement de la localité et pour la politique depuis mes jeunes années au lycée. Pour autant, je n’étais pas actif dans la politique communale. Je suis cheminot à l’origine et je me suis syndiqué auprès de la FNCTTFEL pour finir au comité exécutif. À cette époque, le bourgmestre Nic Frisch, élu en 1985, m’avait demandé, vu mon parcours syndical, si je voulais devenir membre du LSAP. J’étais flatté, bien sûr, mais j’avais toujours eu de la sympathie pour le parti. Une fois membre, la section locale m’a proposé de figurer sur la liste pour les élections de 1987, qui furent pour nous un succès avec 7 sièges acquis. C’est ainsi que le suis entré au conseil communal en 1988, mais beaucoup de Schifflangeois me connaissaient déjà.

Vous avez une longue carrière de politique communale. Le métier de maire a-t-il beaucoup évolué en 30 ans?

Oui, il a énormément évolué et surtout ces 15 dernières années. Il faut dire que Schifflange a aussi évolué démographiquement, nous sommes 10 600 habitants aujourd’hui, 2 000 de plus par rapport à mon entrée en fonction en 2002 et, par cette simple évolution, le quotidien du maire a changé, car il faut être à l’écoute de tout le monde. Mais tout est aussi beaucoup plus compliqué aujourd’hui à cause des réglementations et obligations au niveau européen. Les administrés sont aussi devenus beaucoup plus exigeants. On peut faire ce qu’on veut, les gens trouveront toujours matière à critiquer. Ce n’était pas aussi prononcé dans le passé.

Voulez-vous dire que la parole s’est libérée ces dernières années?

Oui. J’en ai la nette impression. De plus en plus de monde vient se plaindre auprès du bourgmestre pour le moindre problème de voisinage. Bien souvent, ce dernier ne peut résoudre les problèmes faute d’avoir une compétence dans le domaine.

Et la simplification administrative n’a-t-elle pas eu d’effets?

Non, je ne constate rien de cette simplification. Notre ministre Dan Kersch essaye d’alléger les procédures pour gagner du temps, mais les obligations au niveau de l’aménagement communal, avec toutes les autorisations à solliciter, c’est toujours lourd et compliqué. On avance lentement.

Le syndicat des fonctionnaires communaux FGFC a récemment critiqué l’amateurisme des maires. Cela vous a-t-il choqué?

Oui, j’ai été un peu choqué par leurs propos. Je les connais, ce sont des collègues syndicalistes, mais je crois qu’ils ont un peu exagéré. En tout premier lieu, je dirais qu’être bourgmestre d’une commune ce n’est pas une profession, mais une vocation, ce métier ne s’apprend pas. Aujourd’hui, beaucoup deviennent bourgmestres parce qu’ils mènent des campagnes parfois populistes et qu’ils disent aux gens ce qu’ils veulent entendre. Mais au lendemain des élections, la vraie vie commence. Et là, il faut oublier le populisme et résoudre le problème tel qu’il se pose.

Faut-il se soucier davantage de la formation des bourgmestres?

Oui, il est absolument nécessaire d’améliorer la formation des responsables. Le Syvicol (NDLR : syndicat des villes et communes) et le ministère de l’Intérieur proposent des cours, mais je crois qu’il faut encore améliorer l’offre. Effectivement, aujourd’hui, être maire d’une commune, un patron en somme, c’est connaître ses dossiers, les lois et les règlements. Si tel n’est pas le cas, il est alors difficile de gérer les affaires. Bien sûr, il y a des maires à différents niveaux. Une commune comme Schifflange, avec 10 600 habitants, dispose d’un staff très compétent mais c’est différent pour les petites communes ou, souvent, c’est le maire qui doit s’occuper seul des dossiers et si ce dernier n’a pas la formation requise, tout se complique.

Donc les critiques étaient fondées, selon vous…

Elles étaient démesurées, car je voudrais dire ici tout mon respect pour ceux qui se présentent afin de briguer un mandat communal. Je peux vous dire que ce n’est pas un cadeau, c’est une énorme responsabilité qui ne s’apprend pas. C’est une vocation qui doit être accompagnée d’une formation adéquate. Je suis convaincu que tous les maires font de leur mieux pour accomplir la mission que leur ont confiée les électeurs. Je trouve donc exagéré de parler de non-professionnalisme. Je pourrais aussi critiquer certains fonctionnaires communaux dont la compétence laisse à désirer.

Entretien avec Geneviève Montaigu

A lire en intégralité dans Le Quotidien papier du lundi 25 septembre

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