Le président du Réseau pour le travail et la promotion humaine (RTPH), Ali Biver, prend acte du fait que le ministère du Travail s’engage à réembaucher cinq de ses collaborateurs licenciés, mais il reste insatisfait.
La suite ? Elle s’est avérée quelque peu «radicale», vu que l’ensemble du personnel du RTPH a été licencié (six personnes dont une a entretemps retrouvé un emploi, par ses propres moyens), tandis que le ministre du Travail, Dan Kersch, a signifié la non-reconduction de convention sans délai. Cela dit, le ministère garantit que les cinq personnes licenciées restantes «seront réengagées dans les meilleurs délais (lire encadré jaune ci-contre).»
«Sceptique quant à l’avenir de l’ASBL»
Contacté jeudi, le président et membre fondateur du RTPH, Ali Biver, a commenté de manière plutôt positive cet engagement du ministère du Travail : «Nous avons été informés de la proposition du ministre Kersch. Oui, c’est un pas dans la bonne direction si effectivement on les sort du chômage. Je suis heureux pour les cinq personnes licenciées que cela se passe comme ça.»
Avant toutefois, pour lui, de nuancer ses propos : «Cela est loin de tout résoudre! La question du licenciement reste sur la table, car il a été signifié aux personnes concernées un préavis de cinq mois, ainsi qu’une prime de départ; de plus, elles n’ont pas touché de salaire depuis deux mois. Je souligne également que nous n’avons plus touché d’argent du ministère depuis le début du mois de juin, ce qui fait que nous avons dû avancer cet argent pendant deux mois. Au début, nous ne nous sommes pas fait de soucis, car normalement cela prend trois mois pour que l’État verse l’argent sur les comptes. Pour cette raison, nous avons une ligne de crédit à la banque, et nous avons quand même continué à payer notre personnel, jusqu’à ce qu’il soit licencié. En clair, selon moi, tous les problèmes ne seront pas résolus en promettant d’engager les personnes licenciées à l’Adem!»
Car s’il se montre satisfait d’apprendre que son (ancien) personnel retrouve rapidement un emploi, Ali Biver se dit par contre «sceptique quant à l’avenir de l’association».
«Une bêtise non intentionnelle»
Dans ce cadre, il rappelle être toujours prêt et ouvert à la discussion, après s’être excusé par écrit, auprès du ministre de ce qu’il qualifie de «bêtise», à savoir le fait d’avoir modifié en partie les termes du projet de convention, avant de le retourner au ministère, signé. «Ce n’était pas intentionnel, mais plutôt naïf de notre part… cela peut arriver. Il ne faut pas oublier que nous sommes une ASBL, qui fonctionne bénévolement. De plus, nous avons envoyé une lettre d’accompagnement avec le projet de convention, dans laquelle nous avons expliqué notre désaccord avec cette proposition. Cela dit, de manière générale, la réaction du ministère était tout de même exagérée et nous avons été étonnés et même effrayés», estime encore Ali Biver.
«Notre travail fait depuis 20 ans est foutu»
Cela étant, concernant la viabilité future de l’association Réseau pour le travail et la promotion humaine, son président se veut optimiste : «Je suis positif de nature, sinon je n’aurais pas fait du bénévolat pendant des années et des années. J’espère qu’on parviendra à résoudre tous les problèmes restants, entre hommes honnêtes et sérieux. En ce sens, je garde espoir. Je me suis excusé auprès de Monsieur Dan Kersch, mais je ne peux pas faire davantage, au nom de l’association. Si lui-même fait un pas dans notre direction, nous serons toujours prêts à discuter avec lui, mais pour le moment tout est cassé; tout notre travail fait depuis 20 ans est foutu!».
Puis le président et membre fondateur du RTPH, Ali Biver, de conclure en ces termes : «Notre personnel était très bien formé dans le domaine et je peux comprendre que le ministre soit content de l’engager à l’Adem ou ailleurs. C’est lui le gagnant dans toute cette histoire et moi le perdant…»
Claude Damiani
Ministère du Travail : «L’intégralité du personnel licencié retrouvera un emploi»
Également joint jeudi, le porte-parole du ministre du Travail, indiquait, pour sa part, que : «Le ministère est activement en train de chercher des solutions, en vue de faire réembaucher le personnel licencié (NDLR : pour rappel cinq personnes sont concernées, la sixième ayant déjà retrouvé un emploi par ses propres moyens), notamment auprès de l’Adem. Cela ne signifie pas que ces personnes y seront inscrites en tant que demandeurs d’emploi, mais nous allons voir quelles sont les possibilités pour les faire embaucher au sein de l’administration voire ailleurs. L’objectif du ministère est de trouver un nouvel emploi à ces personnes, dans les meilleurs délais. Tel est le message du ministre Dan Kersch qui a affirmé, dès le début, que ces personnes-là ne souffriront pas d’un différend qui existe entre le C. A. de l’ASBL RTPH et le ministère.»
Évoquer les solutions possibles
Dans ce contexte, le ministre a envoyé une invitation, par courrier, aux cinq personnes licenciées pour les rencontrer, discuter directement avec elles, et évoquer les solutions qui seront possibles, indique encore le porte-parole du ministre Kersch. Avant, pour lui, d’affirmer concrètement que «des solutions seront trouvées, c’est sûr et certain. L’intégralité du personnel licencié retrouvera un emploi».
En ce qui concerne le contentieux proprement dit qui est à la base des licenciements, le ministère campe sur sa position : «Nous avons envoyé un projet de convention au C. A. du RTPH. L’association a retourné le document au ministère, et c’est seulement à l’occasion d’un contrôle assez poussé que les gens du ministère ont constaté que des modifications, tout de même substantielles, ont été apportées au document; ce qui signifie que le document en question avait été modifié quant au fond. De plus, ce document nous a été retourné signé. Sans contrôle de celui-ci, le ministère l’aurait également signé et nous nous serions retrouvés dans une situation où l’on aurait eu une convention, qui serait entrée en vigueur, mais qui n’aurait pas eu les mêmes intentions. Face à cette situation, le ministre a donc dit qu’il ne voulait surtout pas signer cette convention, et qu’il ne voulait surtout plus renégocier une nouvelle convention.»