La réaction des plus jeunes au coronavirus reste un mystère. Jeudi, Research Luxembourg a publié de premiers enseignements. «Il est très important d’approfondir les études», souligne le Dr Rudi Balling.
Les chercheurs réunis sous le toit du collectif Research Luxembourg, composé de cinq instituts de recherche, se sont posé la question résumée en ces mots par le Dr Rudi Balling : «En relation avec le risque d’infection et de transmission du coronavirus, les enfants sont-ils plutôt des petits anges ou des petits diables?»
Depuis le début de la pandémie, les réponses à cette question diffèrent fortement. En amont de la reprise des cours dans l’enseignement fondamental, le ministère de la Santé a chargé le Luxembourg Centre for Systems Biomedicine (LCSB) de rassembler les enseignements qui ont déjà fait l’objet de publications scientifiques. Le Pr Balling, directeur du LCSB, a été soutenu par la pédiatre Isabel De La Fuente Garcia (CHL) pour collecter et analyser les données disponibles.
Aucun décès d’enfant au Luxembourg
Premier enseignement majeur, qui vient confirmer les études réalisées à Wuhan (Chine), premier foyer majeur du coronavirus : les enfants et adolescents contractent très peu le Covid-19, ils sont a priori moins contagieux que les adultes et la mortalité est très rare. «Mais nous ne savons pas pourquoi», admet le Pr Balling. Il estime toutefois que sur la base des chiffres qui sont connus, «il n’y a pas raison de paniquer en ce qui concerne la santé des enfants».
Au moment de boucler son étude, le LCSB avait répertorié au Luxembourg 10 hospitalisations d’enfants testés positifs au coronavirus.
Deux ont été placés en soins intensifs. «Aucun décès n’est à déplorer», souligne le professeur allemand. Dans la tranche d’âge de 0 à 24 ans, 316 infections ont été comptabilisées. «Il faut toutefois relativiser ces chiffres en raison du fait qu’en début de pandémie, seules les personnes ayant présenté des symptômes ont été testées», insiste le Pr Balling. Cette précision est d’autant plus importante qu’il se confirme que la plupart des enfants infectés sont asymptomatiques. Ils portent donc le virus en eux sans développer de symptômes et ne sont donc pas identifiables comme potentiellement contagieux. «Bon nombre de raisons biologiques peuvent expliquer pourquoi le virus se comporte différemment en relation avec les enfants. Le genre de contacts sociaux qu’ils développent ou leur système immunitaire peuvent être des facteurs explicatifs», avance le directeur du LCSB.
Les données récoltées jusqu’à présent permettent cependant d’affirmer qu’«en principe, les enfants peuvent être contagieux. Mais les enfants sont plutôt moins contagieux que les adultes». La connaissance scientifique s’arrête là. Pour accompagner au mieux le déconfinement, il est donc primordial d’intensifier le testing et le traçage, y compris chez les plus jeunes. En parallèle, le travail de recherche doit se poursuivre, comme le souligne le Pr Balling : «Il nous faut comprendre le mécanisme qui fait qu’on est confronté à deux extrêmes. Pourquoi les personnes les plus âgées sont plus exposées au virus que les plus jeunes? Nous pouvons beaucoup apprendre en travaillant sur cette thématique.»
«La non-reprise des écoles a aussi un impact»
En attendant, le Grand-Duché se prépare à une très contestée rentrée des classes et à la réouverture des crèches. «On a transmis nos enseignements au ministère de la Santé. L’objectif est que les décideurs politiques puissent se baser sur des faits pour décider. Or je ne sais pas dans quelle mesure nos résultats sont pris en compte», indique le Pr Balling.
Dans ses conclusions, le LCSB n’oublie pas de renvoyer vers les enseignants et éducateurs qui seront appelés à prendre en charge les enfants à partir du 25 mai. «Il s’agit d’une responsabilité particulière. L’objectif doit être de trouver la bonne balance. Car la non-reprise de l’école peut aussi avoir un très fort impact sur les enfants», note le chercheur.
Les enfants sont-ils donc des petits anges ou des petits diables? La science ne peut pas encore apporter de réponse avec certitude. Mais la tendance se confirme que les plus jeunes vivent bien mieux avec le virus que les plus âgés. Ce constat devra cependant encore être confirmé dans les mois à venir.
David Marques
Les tests massifs débuteraient finalement lundi
L’imbroglio autour des tests à grande échelle se poursuit. Mardi, la ministre Lenert avait informé que le début de la campagne serait retardé. Mercredi soir, Research Luxembourg est venu contredire la ministre en annonçant que les tests allaient tout de même pouvoir débuter dès lundi, mais «à plus petite échelle». Début juin, la capacité de 20 000 tests par jour sera atteinte. Il est prévu de mettre en place 17 stations de drive-in et une station fixe à la gare de Luxembourg. Les citoyens, répartis en contingents, seront invités à se soumettre successivement au test.